Après le creux habituel du temps des Fêtes, le marché immobilier s'active à nouveau. Ce regain en plein coeur de l'hiver force les acheteurs à être doublement vigilants lors du magasinage de leur future propriété. Le froid et la glace peuvent cacher plusieurs mauvaises surprises.

Bien entendu, il ne faut pas s'empêcher de déposer une offre d'achat uniquement parce que la neige ne permet pas de constater les dimensions réelles du jardin. Romain Lecomte, courtier immobilier chez Via Capitale du Mont-Royal, insiste pour rappeler que la saison froide est un excellent moment pour choisir sa maison. «Le processus de transaction immobilière s'échelonne en moyenne sur trois mois. Si l'on prévoit déménager à la fin de juin, il est recommandé de trouver une maison avant la fin de mars. C'est en hiver qu'un acheteur doit amorcer ses démarches en vue de déménager pour l'été.»

La réalité du climat

Malgré un coup de coeur pour un intérieur complètement rénové, l'acheteur doit garder la tête froide et poser les bonnes questions à propos de l'extérieur de la maison. L'aménagement paysager, les balcons et terrasses, l'état des aires gazonnées doivent être à tout le moins présentés aux acheteurs potentiels en photos. Outre l'esthétisme de l'extérieur, certains aspects plus techniques demandent une inspection. Il est recommandé de mandater un professionnel en inspection préachat et de s'assurer que celui-ci possède une expérience satisfaisante en conditions hivernales.

Benoit Robert, de B.R. Inspect, ne s'en cache pas, la saison hivernale complique le processus d'évaluation d'une propriété. «En hiver, tout est plus difficile, observe-t-il. Les cadres de fenêtres sont gelés, donc c'est impossible de savoir s'ils sont pourris. Les pentes de terrains, les rallonges des gouttières, la toiture, les balcons, les fondations: l'inspection de tout ça est limitée par la neige et la glace.» Par conséquent, les rapports sont parfois incomplets et il peut arriver qu'un inspecteur recommande une deuxième évaluation lorsqu'il a des doutes raisonnables sur l'état d'une portion du bâtiment.

En plus d'un rapport d'inspection, l'acheteur peut se baser sur la déclaration du vendeur qui l'oblige à faire mention des particularités et anomalies connues sur sa propriété. Les diverses factures qui confirment la réalisation récente de travaux sont aussi très utiles. Le vendeur doit fournir le plus d'information possible sur l'enveloppe du bâtiment et les aménagements extérieurs.

Finalement, il y a le cas particulier des piscines qu'on ne peut inspecter pendant l'hiver. Le filtre, la pompe, la structure, la toile, etc. «On peut mettre en place une retenue chez le notaire et prévoir une inspection au moment de la réouverture du plan d'eau aux beaux jours de printemps», suggère Romain Lecomte.

Tirer profit de l'hiver

Les températures sous zéro donnent aussi la chance aux acheteurs de relever des anomalies difficilement observables en juillet. «La présence d'humidité sur un mur extérieur peut être expliquée par une mauvaise isolation, souligne M. Robert. L'hiver nous permet de mieux voir la buée dans les vitres causée par de la condensation entre les verres thermiques. Dans les greniers, la formation de pompons blancs sur les clous peut être un autre signe d'humidité.»

À l'intérieur, on cherche la formation de moisissure dans les garde-robes donnant sur des murs extérieurs, la présence de glace au pourtour des fenêtres, les portes de chambres qui ne ferment plus ou les fissures visibles au gypse, recommande Benoit Robert. «Une maison est habituellement construite de bois. La matière est vivante et réagit aux changements de température. Si on est attentif, plusieurs problèmes peuvent être identifiés en observant la réaction du bois en l'hiver.»