Nathalie Poirier et Patrick Richard désiraient tous deux avoir quatre enfants. À l'approche de la naissance de leur première fille, en 2004, ils ont cherché une maison suffisamment spacieuse pour leur future famille, où ils pourraient s'enraciner. Le couple, qui habitait dans Rosemont, s'est finalement établi à Vaudreuil-Dorion, à distance de marche du Vieux-Vaudreuil et de la baie de Vaudreuil.

«Il ne faut pas se leurrer, les enfants sont la raison majeure pour laquelle nous sommes en banlieue, reconnaît Patrick. Après est venue la découverte, l'appartenance à la ville.»

«Nous n'aurions jamais pu avoir un terrain de 8800 pieds carrés avec une piscine, à Montréal, renchérit Nathalie. Nous avons choisi notre quartier pour pouvoir faire tout ce que nous pouvons à pied. Il faut garder le réflexe de ne pas prendre la voiture pour tout!»

Sont nées depuis, Ophélie et Agathe, qui ont respectivement sept ans et presque cinq ans, et les jumelles de deux ans et demi, Philomène et Clémence. Leurs parents, mordus de culture, ont embrassé à fond leur vie de banlieusard, prenant plaisir à participer en famille aux multiples activités organisées, que ce soient Les Seigneuriales, la grande parade citoyenne du 23 juin ou les spectacles en plein air. Ils ont aussi décidé de s'impliquer pour aider à façonner leur municipalité, qui change à grande vitesse au rythme des nouveaux arrivants. Depuis 2001, en effet, la population de Vaudreuil-Dorion est passée de 19 920 à plus de 33 000 habitants.

«Les plus vieux ne reconnaissent pas leur ville, précise Patrick. On ne peut pas aller contre le développement, alors il faut trouver des pistes de solution pour que la transition se fasse bien.»

Une de leurs contributions? Le dernier vendredi de chaque mois, depuis plus d'un an, ils apportent deux sacs de hockey pleins de jeux de société à la bibliothèque municipale, où ils partagent leur passion. Ils ont eu le feu vert de la Ville, qui y voit une autre façon de tisser des liens entre les différentes communautés ethniques. Cette préoccupation, qui a mené la municipalité à lancer le programme de médiation culturelle «Je suis...», il y a un an et demi, a donné lieu à 200 activités de tous genres, l'an dernier. Et elle a valu plusieurs prix à la ville.

«La diversité culturelle, on la vit à 100%, souligne Guy Pilon, maire de Vaudreuil-Dorion. Beaucoup de nos citoyens appartiennent à des communautés ethniques, qu'elles soient hispanique, asiatique, hindoue, sikh, etc. Notre défi est de les intégrer et de créer un esprit de communauté.»

La municipalité connaît, par ailleurs, un incroyable baby-boom.

«Chaque année, nous inaugurons de nouveaux parcs, indique M. Pilon. Depuis 2005, nous avons installé des jeux d'eau dans presque tous les secteurs de la ville. Un autre s'ajoutera cet été. Il faut aussi prévoir que tous ces jeunes passeront à l'adolescence. L'an dernier, nous avons annexé une deuxième patinoire à l'aréna et cette année, un parc de planches à roulettes sera inauguré. Un centre sportif d'envergure, de plus, est en train d'être construit près de la gare Vaudreuil.»

De nombreux avantages

Vaudreuil-Dorion a beaucoup à offrir, estime Julien Turcotte, directeur général du Centre local de développement (CLD) Vaudreuil-Soulanges. «La ville est entourée d'eau et le transport en commun est assez structuré, fait-il valoir. Pour attirer des travailleurs sur notre territoire et répondre aux besoins des étudiants et des résidants qui travaillent à des heures irrégulières, il faudrait toutefois que la fréquence des trains soit augmentée. Or cela ne pourra se réaliser qu'avec la venue du train de l'Ouest et la création d'une nouvelle voie dédiée aux trains de passagers entre Montréal et Sainte-Anne-de-Bellevue.»

À l'heure actuelle, environ 55% de la population se déplace vers Montréal matin et soir. Demeurer à Vaudreuil-Dorion a d'ailleurs forcé Nathalie Poirier et Patrick Richard à réévaluer leur carrière et leurs priorités. Tous deux journalistes, ils viennent de former leur propre entreprise, Kinescope. «J'ai choisi d'être pigiste pour être maître de mon horaire, précise Nathalie, qui va à Montréal une ou deux fois par semaine. Travailler de 9 à 5, avec quatre enfants, c'était impossible. La maman en moi pleurait.»

Ils sont loin d'être seuls, réalisent-ils. Yannick Gosselin, par exemple, a fondé le Festival de cirque Vaudreuil-Dorion après s'y être établi, lui aussi pour y élever ses enfants. Depuis 2005, il cherche à innover et à surprendre le public, réussissant à attirer 45 000 personnes. «La ville ne cesse de grandir et, grâce à son ouverture, la culture croît aussi, apprécie-t-il. Il y a beaucoup de jeunes et d'idées, c'est très dynamique.»

L'expansion de Vaudreuil-Dorion, traversée par les autoroutes 20 et 40 et, bientôt, par l'autoroute 30, est loin d'être terminée. «D'un point de vue industriel et commercial, nous sommes avantagés, soutient Guy Pilon. Tout passe par chez nous.»

L'objectif visé? Attirer des entreprises et créer des emplois à la mesure des gens qui habitent dans la région, indique Julien Turcotte. Pour que se forme un milieu où les gens pourront à la fois vivre et travailler.

Quelques données sur Vaudreuil-Dorion

Née de la fusion des anciennes villes de Vaudreuil et de Dorion, en 1994, la municipalité se trouve à environ 30 km à l'ouest de Montréal. Située sur les rives du lac des Deux Montagnes et de la baie de Vaudreuil, elle est accessible par le pont de l'Île-aux-Tourtes. Pour les colons français, au tournant du XVIIIe siècle, la seigneurie de Vaudreuil-Soulanges était au bout du monde. La situation a bien changé. La population de la ville a littéralement explosé au cours des 20 dernières années, passant presque du simple au double. Plusieurs bâtiments témoignent de la riche histoire de Vaudreuil-Dorion, comme l'église Saint-Michel, construite en 1787, la Maison historique Trestler, datant de 1798, le Musée régional de Vaudreuil-Soulanges, érigé en 1859 (anciennement une école pour garçons) et la Maison Valois, bâtie en 1796. D'une superficie de 72,24 km2, la ville est traversée à la fois par l'autoroute 20 et l'autoroute 40, et compte deux gares, de la ligne Vaudreuil-Hudson. Le parachèment de l'autoroute 30, qui la reliera à Châteauguay, devrait lui permettre de tirer pleinement profit de son emplacement stratégique. - D.B.

Population (en 2011)

33 305 personnes. Une hausse de 29,1% par rapport à 2006.

Habitations

Maisons unifamiliales: 8837

Habitations en copropriété: 1736

Plex (deux à cinq logements): 523

Source: rôle d'évaluation foncière

de Vaudreuil-Dorion en date du 8 février 2012

Écoles

Il y a sept écoles primaires. Cinq d'entre elles sont francophones, une est anglophone et la septième, privée, est trilingue (français, anglais et espagnol). L'école secondaire de la Cité-des-Jeunes a été la première polyvalente à voir le jour au Québec, dans les années 60, profitant du fait que le ministre de l'éducation de l'époque, Paul Gérin-Lajoie, était député de Vaudreuil-Soulanges. Aujourd'hui, le campus de l'école secondaire compte aussi, notamment, un centre culturel, une bibliothèque, une piscine et un aréna. Les garderies?

On en compte une douzaine et trois autres sont à venir.

Parcs et espaces verts

45, dont le parc Valois, le parc de la Paix et le parc Esther-Blondin, situés sur le bord de l'eau.

Dans les plans

- selon Guy Pilon, maire de Vaudreuil-Dorion

> Compléter le plan d'aménagement des voies cyclables pour relier les tronçons existants.

> Inaugurer le Centre multisports, l'automne prochain. Celui-ci, en construction près de la gare Vaudreuil, comptera entre autres une piste d'athlétisme de 200 mètres, quatre terrains de tennis, une surface multisports pouvant servir au soccer, au football et à de grands tournois sportifs, trois gymnases et une palestre permanente de gymnastique.

> Construire un deuxième viaduc, à côté de celui qui existe, afin de désengorger le boulevard Saint-Charles et aménager une voie cyclable. Ce projet devrait se faire en trois phases.

> Construire un hôpital dans Vaudreuil-Soulanges, à un endroit non encore déterminé, qui serait inauguré en 2018. «On a besoin d'un hôpital, insiste le maire. C'est le seul endroit au Canada où une population comme la nôtre n'en a pas. À l'heure actuelle, les résidants doivent aller à l'hôpital de Valleyfield ou à l'Hôpital général du Lakeshore, à Pointe-Claire.»

> Revitaliser le boulevard Harwood, qui devient l'autoroute 20, lorsque cette dernière sera (enfin) déplacée le long de la voie ferrée. Elle ne traversera plus alors une zone urbanisée.

Les avantages

- Le bord de l'eau est facilement accessible aux citoyens, qui fréquentent les parcs et empruntent les pistes cyclables qui le longent.

- Un milieu de vie axé sur la famille s'est créé au cours des dernières années, grâce à la participation d'une nouvelle génération de citoyens.

- De nombreux commerces de grande surface ont vu le jour près de l'autoroute 40, au cours des dernières années. Les résidants n'ont plus autant besoin de se rendre au centre commercial Fairview Pointe-Claire pour faire leurs courses.

Les désavantages

- Les trains ne passent pas fréquemment en dehors des heures de pointe. Le transport collectif s'est toutefois beaucoup amélioré depuis 2005, avec l'ajout de plusieurs circuits d'autobus.

- La rue Saint-Charles manque de cachet. De nouveaux commerces commencent à s'implanter, mais l'artère commerciale a besoin d'être revitalisée.

- Le bord de l'eau devrait être davantage mis en valeur, sans le laisser entièrement entre les mains du privé. Mis à part le Château Vaudreuil, aucun hôtel ou restaurant n'est établi sur les rives de la baie de Vaudreuil.