Qu'est-ce qui a fait 2011, en réno et dans l'immobilier? Nous avons demandé à nos quatre journalistes de fouiller dans leurs calepins de notes. En cette dernière journée de l'année, elles nous disent ce qui les a marquées, au cours des 12 derniers mois. Que ça soit un petit détail de déco, de design ou une grande tendance sociale. Elles nous dévoilent leurs coups de coeur et leurs observations, des sujets dont on n'a pas fini de parler dans les salons...

L'heure du design-vérité

Architecture

Bye-bye le camouflage et les faux finis! Par ici les matériaux authentiques, les textures et les traces d'usure! Une nouvelle génération de concepteurs n'a rien à cacher et ne jure que par le design-vérité!

Touche artisanale

Tissage, tricot, broderie... Plusieurs revisitent le patrimoine artisanal pour créer des objets contemporains. Dans la foulée, la tendance «mamie» ramène les pantoufles en Phentex et le patchwork crocheté dans les intérieurs modernes. Sans oublier les luminaires, tendance néo-rétro, qui comportent des pièces industrielles recyclées et des rééditions d'ampoules antiques de type Edison. Hyper branchés! Enfin, même certains produits manufacturés sont finis à la main.

Beauté brute

Matières à l'état brut, peinture écaillée, acier laminé à chaud, marques de clous... Plutôt que de cacher les imperfections d'un matériau, neuf ou ancien, des designers préfèrent les révéler sans tenter de les maquiller.

Charpente apparente

Lors de la mise à nu d'un bâtiment ou d'une démolition, on récupère tout ce qui est en bon état ou qui a du caractère. Que ce soit une colonne ou du bois de charpente, ces «témoins» du passé permettent de magnifier un espace dépouillé, voire de lui insuffler un supplément d'âme. Les concepteurs du studio La Shed architecture l'ont d'ailleurs prouvé. Ils ont réussi à ennoblir un mur porteur en le dégarnissant et en peignant sa structure en blanc. Résultat: une cloison ajourée des plus élégantes. Même démarche pour les solives au plafond. «Le blanc harmonise les matériaux bruts tout en révélant leur texture», précisent-ils.

Contemporain et écologique

Fini le style grano! De plus en plus de maisons écolos affichent un style résolument contemporain. Et, surtout, l'intégration de technologies vertes est minutieusement conçue avant les travaux.

Chérie, j'ai réduit la maison

L'habitat de l'avenir sera plus petit et mieux pensé. Le phénomène du downsizing (réduction de la surface habitable) est inévitable attestent plusieurs experts. La raison? Notamment, l'augmentation des coûts de la construction et de l'énergie. Sans compter que les petites maisons exigent (beaucoup) moins d'entretien!

La magie du noir

Le noir est un bon choix pour le revêtement extérieur, les murs intérieurs... et même dans la cuisine!

Son avantage: il est indémodable.

-Lucie Lavigne

 

Des quartiers bien pensés

D'anciens quartiers industriels de Montréal et de Laval changent de vocation. La bonne nouvelle: on procède à une réelle réflexion pour les transformer en quartiers résidentiels où il fera bon vivre. La proximité de stations de métro joue un rôle capital pour attirer de nouveaux résidants et créer un environnement dynamique, où la verdure occupe une place de choix. Par ricochet, ces quartiers sont axés sur la marche, le vélo et les transports collectifs, plutôt que sur l'automobile. À Montréal, des arrondissements font preuve d'un réel leadership. Par des consultations publiques, les citoyens sont mis à contribution pour créer les quartiers dont ils ont envie. Résultat? Les projets immobiliers s'intègrent dans un tout. Chacun, à sa façon, contribuera à concrétiser la vision établie.

Construire vert malgré tout

Construiredans le respect de l'environnement est exigeant. Construire une tour d'habitation en visant une certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) nécessite encore plus de rigueur. Une poignée d'entrepreneurs dans le secteur résidentiel relève ce défi, même si les acheteurs ne se précipitent pas pour acquérir les appartements, qui coûtent un peu plus cher. Pourtant, grâce aux matériaux utilisés, ils seront les premiers à jouir d'une excellente qualité de l'air et à bénéficier d'une réduction de leur facture d'énergie. Mais encore aujourd'hui, ces critères figurent rarement en haut de la liste des priorités lorsque vient le temps d'acquérir une propriété. Les promoteurs et les constructeurs qui vont de l'avant, en toute connaissance de cause, ont d'autant plus de mérite.

Oser acheter dans des quartiers en transformation

Les bouchons de circulation encouragent plusieurs Montréalais et banlieusards à demeurer en ville ou à s'y installer. Le hic? À moins d'avoir un budget élastique, ils doivent faire des compromis, car les propriétés encore abordables se trouvent souvent dans des quartiers en voie de transformation. Or, les acheteurs sont nombreux à oser emménager dans des endroits moins en vue et à croire au potentiel des quartiers qu'ils ont adoptés. Ils participent, par le fait même, à l'amélioration de leur environnement. Ceux qui deviennent propriétaires grâce au programme Accès Condos, de la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM), contribuent eux aussi à la revitalisation de leur nouveau quartier. Un choix souvent audacieux qui peut s'avérer fort judicieux.

-Danielle Bonneau

Photo fournie par la SHDM

Ceux qui achètent un condo dans le MN, un complexe Accès Condos de 150 unités en construction à l'intersection des boulevards Maurice-Duplessis et Langelier, contribueront à revitaliser cette section de Montréal-Nord.

Vivre à l'extérieur

On vivra de plus en plus à l'extérieur, grâce à l'ajout d'une nouvelle annexe d'été à la maison pour les brunchs dominicaux, les fêtes d'enfants et les soirées entre amis. Divans, poufs, tables, armoires basses y sont à leur place. Ces pavillons peuvent aussi servir de chambre d'amis, de bureau ou de studio d'exercice. On peut y faire installer l'électricité: télé et réfrigérateur seront les bienvenus. Il faudra préférer un pavillon dont les fenêtres s'ouvrent de chaque côté pour bien aérer. L'ajout d'un petit foyer de table au bio-éthanol est possible, tout en gardant en tête les règles de sécurité élémentaire.

Fini le bain, vive la douche extralarge

Les familles se tournent vers les grandes douches. Pour les enfants, on remarque que c'est plus rapide et moins dangereux que le bain. Tout à coup, on trouve tous les désavantages possibles au bain: difficile à nettoyer, surtout avec un podium, difficile à enjamber... Alors que devient le bain massif autoportant? Il sert de moins en moins. Il est vrai que le bain plaît toujours, surtout aux femmes qui ont du mal à s'en passer. Le compromis quand on rénove, désormais, sera de conserver le bain seulement dans une des deux salles d'eau. Quand l'espace manque, la douche devient le premier choix.

Meubles escamotables et multifonctions

L'intérêt pour l'ameublement de petits espaces signale un changement de cap face à un marché résidentiel en évolution. Ces meubles servent aussi bien à accueillir les amis qu'à meubler les petits appartements et les petits condos. On peut aussi les placer dans l'ancienne chambre des enfants qui ont quitté la maison. Et si notre enfant ou notre adolescent occupe une petite chambre, pourquoi ne pas investir dans un lit-bureau extrêmement pratique? Ce type de mobilier, esthétiquement agréable, pourra s'installer également au salon afin d'offrir une place de plus à coucher.

On rénove et on conserve

Plutôt que démolir, on met à profit sa propre créativité avec l'existant. De plus en plus de couples, de jeunes familles ou de célibataires branchés osent sortir des façons de faire imposées par les constructeurs et promoteurs grâce au fait main et à l'écoconscience. Récupération des matériaux et restauration des vieux meubles sont désormais à l'ordre du jour. Un nouveau courant: acheter du neuf qui a l'air vieux! Aussi un mur écaillé fera-t-il désormais fureur à côté d'une salle à manger futuriste. Authenticité et artisanat sont à l'honneur.

-Marie-France Léger

Photo fournie par G Module Concept

Lit-bureau escamotable.

Réno verte: la fin de la grande noirceur

Un vent de conscience écolo a soufflé sur les petits chantiers en 2011, une année riche en nouvelles ressources pour le bricoleur éco-motivé. Ce n'est pas encore la tornade verte, mais il semble qu'on soit sorti de la grande noirceur: la rénovation écologique entre doucement dans les mentalités comme, il n'y a pas si longtemps, l'alimentation bio.

Les consommateurs - et nos lecteurs - montrent de nouveaux réflexes: ils demandent du bois de production locale et s'informent de l'empreinte carbone d'un foyer à l'éthanol. Plus de quatre propriétaires sur cinq ayant l'intention de rénover comptaient choisir des solutions écologiques, selon un sondage CROP-La Presse paru en février, et la moitié étaient prêts à payer plus cher pour le faire.

En écho à cette sensibilisation nouvelle, les nouveaux services éclosent comme fleurs au printemps. La Ruche, en janvier, a donné ses premières consultations en ligne. Héritage Montréal a offert un volet «développement durable» à ses cours sur la rénovation patrimoniale.

La Maison du développement durable a ouvert ses portes, centre de référence et modèle pour les constructeurs. Au cours de l'année, Gabyly Constructions a publié sur YouTube des vidéos de chantier écologiques, l'ébéniste «Steph Bricole» a ajouté un volet «efficacité énergétique» à ses ateliers et Legault-Dubois a tenu un annuaire des entrepreneurs formés dans ce domaine.

Enfin, l'ex-étoile du Canadien Patrice Brisebois s'est lancé dans l'immobilier «carboneutre», et de petits entrepreneurs, dont Construction Cogito, se sont attaqués aux cas lourds: la rénovation écologique de vieux duplex et triplex. Signes avant-coureurs d'un proche réno-écolo-boom?

Ultra-économe, sans se priver!

L'économie d'énergie s'est enfin réconciliée avec la beauté, et même l'abondance et l'abordabilité. Spacieuse, inondée de lumière, idéalement orientée et d'un confort thermique difficile à battre, la maison PassivHaus de Rachel Thibeault, à Montebello, coûtera environ 140$ par an à chauffer. Bientôt certifiée PassivHaus - ce qui signifie qu'elle consommera de 80 à 90% moins d'énergie que la norme -, on lui attribue un surcoût de 10% relié à cet exigeant label. Pourtant, on ne peut pas dire que la propriétaire se soit privée, avec ce petit bijou. «Je voulais beaucoup de lumière», relate-t-elle, d'où les abondantes fenêtres, à triple vitrage, côté sud. Beaucoup d'espace également: trois chambres - incluant le bureau - et un lieu de réunion et de ressourcement pour les collègues et amis: la mezzanine. Une oasis durable, enchâssée dans une riche nature, devant le lac Charette.

-Carole Thibaudeau

Photo: Alain Roberge, La Presse

Patrice Brisebois et Michèle Gaul, devant une résidence de la première phase de leur projet immobilier.