C'est bientôt le début de la vie de propriétaires. Vos enfants sont tout petits ou pas encore arrivés? Vous vivez seul et êtes à la recherche d'une maison, à prix abordable? Vous cherchez la bonne affaire? Cette série mensuelle est pour vous. Chaque mois, nous présenterons un quartier de Montréal ou de la banlieue où la valeur des propriétés n'a pas atteint des sommets vertigineux. Et où il y a de bonnes adresses, qui en font un milieu de vie intéressant. Aujourd'hui, le quartier Sainte-Marie, une petite partie de l'arrondissement Ville-Marie.

Quand Virginie et Mathieu Fanton sont arrivés à Montréal, en juillet 2007, ils ont emménagé dans le Plateau. Un an et demi plus tard, lorsqu'ils ont décidé de s'enraciner ici, c'est aux alentours de la station de métro Frontenac qu'ils ont acheté une copropriété. Originaires de France, ils n'avaient aucun préjugé envers ce quartier longtemps négligé. Préférant une construction neuve, ils ont acquis un condo qui représentait un excellent rapport qualité-prix.

«Au sud de la rue Sherbrooke, les promoteurs immobiliers doivent offrir davantage pour séduire les acheteurs», constate Virginie Fanton.

Depuis leur arrivée à Montréal, ils avaient déjà constaté une évolution dans le quartier. Et ils anticipaient que les investissements publics effectués dans le secteur, comme la piscine du Centre Jean-Claude-Malépart, auraient des répercussions positives. Ils ne se sont pas trompés. À l'étroit dans leur nouveau condo avec leurs deux fils, Baptiste et Arthur, ils l'ont vendu à profit pour se procurer une maison en rangée dans le complexe W-8 de l'architecte Jocelyn Duff, un peu plus au nord. Achetée sur plan en juillet 2010, la maison de 1400 pieds carrés, répartie sur trois niveaux, a coûté 377 000$, taxes et stationnement extérieur inclus.

«C'est ici qu'il faut être si on veut investir, estime Mathieu Fanton. On sent que le quartier est en reconstruction, dans tous les sens du terme.»

«Il est tellement bien situé, on peut tout faire à pied, apprécie sa conjointe. Mais le quartier souffre d'un problème d'image. Les gens sont surpris quand on leur dit qu'on habite ici. Or quand ils viennent, ils se rendent compte qu'on est super bien.»

Les graffitis et les mauvaises herbes dans la ruelle, où jouent ses enfants, ne la dérangent nullement. «Ils font partie de la vie, dit-elle. Tout n'est pas rose. Il faut sortir de sa zone de confort.»

L'apport de l'industrie culturelle

Le secteur situé au sud de la rue Sherbrooke Est et à l'ouest du chemin de fer du Canadien Pacifique (CP), à la frontière du quartier Hochelaga-Maisonneuve et du Plateau, est durement touché par le déclin des activités industrielles. En font foi les nombreux terrains vagues et les commerces qui fonctionnent au ralenti.

Mais le vent tourne. L'émergence de l'industrie culturelle donne un nouveau souffle au quartier Sainte-Marie. Pour guider sa revitalisation, l'arrondissement de Ville-Marie a élaboré un plan d'action avec l'appui de plusieurs organismes du milieu. Son Programme particulier d'urbanisme (PPU) a été soumis à la consultation publique en mai dernier.

Dès 2012, l'arrondissement compte s'attaquer au réaménagement de la Promenade Ontario. La mise en valeur du quartier, estime-t-on, est intimement liée à la revitalisation de la rue Ontario et des alentours de la station de métro Frontenac, où se trouvent déjà le Centre Jean-Claude-Malépart, la Bibliothèque Frontenac et la Maison de la culture Frontenac. Elle dépend aussi de l'arrivée de nouveaux résidants. Les multiples terrains sous-utilisés deviennent alors un immense avantage.

«On ne détruira pas des logements, explique Sylvain Villeneuve, chef de division de l'urbanisme de l'arrondissement. On va plutôt combler les terrains vacants. Il y a énormément de potentiel. Nous voulons continuer de densifier le centre-ville, mais pas au détriment des gens qui y habitent déjà.»

Photo: Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

Virginie et Mathieu Fanton ont emménagé cet été, avec leurs fils Baptiste et Arthur, dans leur toute nouvelle maison en rangée, située dans Sainte-Marie. N'ayant aucun préjugé, ils aiment leur quartier.

Question d'équilibre

Pour servir de bougie d'allumage, la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM) s'active dans le secteur. Déjà, rue Ontario, en bordure de la voie ferrée, se prépare la construction de logements abordables dans un immeuble de six étages en béton. D'un côté, celui-ci comptera 86 appartements Accès Condos et, de l'autre, 92 logements locatifs destinés à des personnes âgées en légère perte d'autonomie, gérés par l'organisme Inter-Loge.

La SHDM, par ailleurs, travaille avec la Société de transport de Montréal (STM) pour atteindre deux objectifs, avec divers partenaires faire construire une tour à bureaux de huit à dix étages au-dessus de la station de métro Frontenac et mettre en valeur le terrain de stationnement situé à l'arrière. «Les pourparlers avec la STM sont encore préliminaires, précise Guy Hébert, directeur général de la SHDM. Sur le stationnement, un projet Accès Condos ou mixte pourrait être construit.»

Le quartier se trouvant à trois stations de métro du futur CHUM, l'occasion est belle d'offrir des logements abordables à des employés désirant demeurer à proximité, croit-il.

Le secteur est en ébullition et il y a beaucoup d'espoir, constate Margaret Bain, directrice générale d'Inter-Loge et membre de la table de concertation Habiter Ville-Marie. «Mais il faut un équilibre entre la construction de copropriétés et la construction de logements communautaires, qui n'existe pas actuellement, déplore-t-elle. Le quartier a aussi besoin d'investissements importants, rue Ontario. En ce moment, les alentours de la station de métro Frontenac ne sont pas attrayants. Il faut trouver une façon de connecter les services civiques existants, comme le Centre Jean-Claude-Malépart, la Maison de la culture et la station de métro Frontenac, en aménageant une place publique ouverte sur la rue Ontario. Celle-ci deviendrait une place de rassemblement.»

Et elle deviendrait le véritable coeur du quartier.

Restaurants

Le petit Extra est une véritable institution dans le secteur. Un bistro chaleureux qui attire aussi bien les hommes d'affaires pressés que les artistes nous tombons sur Pierre Lapointe un banal mardi midi d'août et les gourmands aiment s'y attarder autour d'une bonne bouteille. De nouveaux venus ont enrichi la donne dernièrement, comme l'éclatant Chez ma grosse truie chérie ou encore Parreira où, voyant le quartier se développer, on songe maintenant à étendre les heures d'ouverture en soirée.

Les Bémols

L'offre alimentaire est LE talon d'Achille du quartier. Outre le supermarché Métro Plus jouxtant la station Papineau, nous voici dans le paradis du petit dépanneur. Les fruiteries sont rares, les épiceries fines aussi. Mais on sent un vent de changement, entre autres avec l'instauration du marché solidaire Frontenac les vendredis (près du métro Frontenac) et les samedis, à l'angle des rues Ontario et d'Iberville.

La rareté des pistes cyclables. Mais le secteur offre tout de même aux sportifs deux piscines intérieures (la piscine Quintal et le Centre Jean-Claude-Malépart) de même que plusieurs parcs agréables.

L'absence de boutiques, librairies et autres commerces de quartier où il fait bon flâner. On se replie sur la Maison de la culture et la bibliothèque Frontenac.