Les enfants vont à l'école par un sentier tracé exprès pour leur éviter de marcher sur la route. Les parents travaillent dans l'édifice d'à côté. À l'heure du dîner, élèves, travailleurs et résidants partagent un repas bio gratuit dans la grande salle à manger.

Une centaine de membres vivent dans la Cité écologique, établie sur près de 700 acres de terre agricole, dans la municipalité de Ham-Nord, à 70 kilomètres au nord-est de Sherbrooke.

L'histoire de la Cité commence en 1983, année du mémorable camp d'été du professeur Michel Deunov Cornellier, basé sur l'apprentissage dans la nature.



M. Cornellier rêvait d'une école où les enfants apprendraient les mathématiques et le français à en menant des activités en forêt. «Les parents voyaient bien la petite flamme qui brillait dans les yeux des jeunes, relate Marie-Josée Vaillant, directrice générale de la Cité, qui avait 14 ans à l'époque. Ma mère a contacté Michel : ça nous intéresserait vraiment de bâtir cette école.»

La meilleure éducation possible

«L'année suivante, six familles achètent plusieurs lots et démarrent une entreprise agricole, relate Marie-Josée Duval, avocate et résidante de la Cité écologique depuis 1986. Aujourd'hui, les choses se feraient différemment. La Caisse d'économie solidaire Desjardins n'existait pas encore.»

À l'époque, on parlait davantage de «communauté d'intention» que d'écovillage. Et l'intention des fondateurs de la Cité écologique, c'était de donner aux enfants la meilleure éducation possible. La pédagogie par projets - Rudolf Steiner, Omraam Mikhaël Aïvanhov, etc.- inspire les fondateurs. Au début, les classes ont le statut d'enseignement à domicile. En 1989, le Pavillon Cité écologique est reconnu comme une école publique alternative par la Commission scolaire des Bois-Francs.

L'école d'abord, le travail ensuite

Tout le village s'est construit à partir de l'éducation des enfants, souligne Marie-Josée Duval. «L'alimentation bio, c'est pour eux, de même que la protection de l'environnement et l'interdiction de fumer, décrétée chez nous bien avant que ce soit à la mode.» Et surtout, pour les parents, du travail sur place, ce qui permet de côtoyer étroitement enfants et professeurs, et d'être de retour plus tôt à la maison. «Ici, on trouve l'école d'abord, le travail ensuite», résume Mme Vaillant.

La création d'entreprises est un trait marquant de la Cité écologique. «On apprend ça à l'école, dit Marie-Josée Vaillant, elle-même fondatrice en 1990, de Kheops international, qui fabrique des objets d'art et des articles cadeaux. Alors ça donne le goût...»

Kheops international affiche 2 millions$ de chiffre d'affaires et emploie 25 personnes. «Si notre siège social était dans la grande ville, nous vendrions sans doute plus, dit Marie-Josée. Mais c'est ici que je veux vivre. On a créé cet endroit pour être proche de l'école et de la maison.»

Un autre fleuron de la Cité, RespecTerre, oeuvre dans la confection de vêtements éthiques, réalise un chiffre d'affaires de 350 000$ et emploie six personnes, cinq de la Cité et une de Ham-Nord. «Les employés apprécient le goûter et le dîner fournis, ainsi que la souplesse d'horaire pour les mamans et... l'heure gratuite de traitement d'ostéopathie par semaine!», relate Karen Veilleux-Dutil, coprésidente.

Deuxième génération

La Cité écologique est maintenant menée par la deuxième génération de résidants. «Il a fallu des réajustements, confie Marie-Josée Duval. Les aînés ont tendance à être plus puristes que les jeunes.»

Quelques jeunes adultes de La Cité écologique démarrent un second écovillage, avec la même philosophie, au New Hampshire. Motivée par cette nouvelle aventure, Marie-Josée Duval, membre du barreau du Québec, est également devenue membre de celui du New Hampshire.

www.cite-ecologique.com