Des mesures simples diminuent la nécessité de climatiser, parfois même l'éliminent. Un plus pour le confort, le portefeuille et l'environnement.

Normand Pipon, associé chez Éco-design, a installé un petit auvent triangulaire - une trinquette - au-dessus de sa porte-fenêtre de huit pieds, dans son rez-de-chaussée de Rosemont. «Ça change tout en été, rapporte-t-il. Sans cet écran solaire, la maison serait un four, avec son plancher d'ardoise.» Notons que la demeure a été bien isolée et rendue étanche, deux atouts de base pour conserver la fraîcheur. Et un grand érable déploie son ombre jusque sur le toit.

«En été, on note souvent 6ºC de différence entre l'intérieur et l'extérieur, rapporte M. Pipon. Après trois ou quatre jours de canicule, bien sûr, la chaleur humide a pénétré à l'intérieur. Mais au moins, ça ne surchauffe pas. On se passe de climatiseur.»

Patrick Ranger, de Belvedair, une entreprise de construction écologique, signale «qu'un simple rideau blanc, côté sud, fermé durant les heures d'ensoleillement, fera une bonne différence». Des volets, des stores opaques ou un jardin vertical devant la fenêtre auront un effet similaire.

«Mieux vaut tenir les fenêtres fermées le jour, et ne les ouvrir qu'après le coucher du soleil, rappelle Francis Pronovost, expert-conseil chez Écobâtiment. On peut aussi forcer la circulation d'air en plaçant un ventilateur près de la fenêtre.» Pour bien dormir: le ventilateur de plafond. «Son vent nous rafraîchit de la façon la plus efficace, par évaporation de la sueur. Mieux encore: il est silencieux. Ça ne m'intéresse pas de dormir dans une ambiance de camion réfrigéré!»

Pour ne pas ajouter de chaleur dans la maison, on cuisine au micro-ondes ou au barbecue, on utilise les appareils électroménagers le soir et on fait sécher le linge sur la corde.

Rénos

«Les rénovations sont l'occasion d'améliorer l'enveloppe de la maison, rappelle Patrick Ranger. Une fois les fuites d'air calfeutrées, l'isolation améliorée et les fenêtres munies d'écrans solaires, on peut se contenter, dans certains cas, de bons extracteurs d'air dans la salle de bains et la cuisine. Ils font sortir l'humidité.»

Si on envisage de refaire la toiture, le revêtement extérieur ou l'entrée du garage, choisissons des couleurs pâles, qui réfléchiront la chaleur. On peut aussi construire un toit à long débord et planter des feuillus du côté ensoleillé de la maison. Un toit végétalisé, bien que très efficace contre la surchauffe, est une option peu réaliste pour les maisons déjà existantes: il coûte 70 000$, car il faut renforcer la structure du toit, indique Sébastien Jacquet, auteur d'une étude récente sur les toits verts à Montréal (École de technologie supérieure et Centre d'écologie urbaine de Montréal).

La vigne qui tempère

Une plante grimpante peut faire une différence spectaculaire, par l'ombrage et par la fraîcheur de sa propre évapo-transpiration. L'organisme Vivre en ville a mesuré 14 degrés de différence entre la température de l'air devant et derrière une vigne de trois ans, sur un mur de brique, à Québec, en 2007. Ça vous branche? Procurez-vous le guide Les plantes grimpantes, une solution rafraîchissante, d'Anne-Marie Bernier, lancé cette semaine par le Centre d'écologie urbaine de Montréal. En ligne sur www.ecologieurbaine.net/plantes-grimpantes

Les limites

Malgré l'efficacité des mesures simples pour rafraîchir l'air ambiant, M. Ranger met en garde sa clientèle contre de trop grandes attentes. «Deux semaines par année, au Québec, les méthodes passives ne fonctionnent pas, précise-t-il. Quand il fait 23ºC la nuit, avec 90% d'humidité... Ces 2 semaines deviendront peut-être 6, d'ici 20 ans, s'il faut en croire les spécialistes du climat. Si on tolère mal la chaleur, si on craint la déshydratation, on se trouve devant une décision à prendre: j'endure ou je m'équipe?»