Serge Martel a vécu 40 ans à L'Assomption et il en parle avec émotion dans sa cuisine inondée de soleil. Il se souvient que son père allait sur la rivière et coupait des morceaux de glace qu'il entreposait «chez monsieur Venne». Aujourd'hui, il perpétue la tradition familiale en participant à l'entretien du circuit canotable du Portage, 11 kilomètres en eau calme qu'on peut faire en canot ou en kayak.

Avec Mado, sa femme, M. Martel habite le méandre, le secteur de L'Assomption enserré comme un S par le cours de la rivière dont il redoute chaque année les débordements.

L'arrivée dans ce quartier patrimonial est pittoresque, par le vieux pont de fer. Une église se dresse devant. On tourne à droite rue Saint-Étienne. Là, c'est une enfilade de vieux bâtiments collés sur le chemin. On passe devant l'Oasis du vieux palais, un bâtiment deux fois centenaire. L'endroit abrite un centre culturel qui se transforme en boîte à chansons une vingtaine de vendredis soirs par année.

Une imposante construction de pierre attire l'attention au centre-ville: c'est le collège L'Assomption, une institution privée. Son complexe sportif est accessible à tous les résidants. Il y a un terrain de soccer tout neuf.

Beaucoup de jeunes familles viennent s'installer à L'Assomption et «souvent, c'est leur première maison», indique la conseillère Laurette Jobin-Morin.

Un établissement d'enseignement collégial a vu le jour au cours des dernières années (le collège constitutif du cégep de Lanaudière) et la présence d'élèves a insufflé du dynamisme à l'ancienne bourgade. De petits commerces sympathiques ont ouvert leurs portes, comme la boulangerie fromagerie Saint-Viateur et la brûlerie du Roy, boulevard L'Ange-Gardien.

Avec environ 7000 élèves pour 19 366 habitants, L'Assomption prend des airs de campus. C'est deux fois Saint-Sauveur. «On ne voudrait pas dépasser 25 000 habitants pour garder notre cachet», affirme Mme Morin.

Car il y a un gros bémol à l'émergence de cette banlieue: la circulation automobile. Ce qui n'arrange rien, l'éventuelle ligne de train de banlieue passera par Repentigny et non par L'Assomption, même si «on a déjà les rails et l'espace pour une gare», dit Mme Jobin-Morin: «En 2005 on s'est rendus en train à Montréal, le maire Tremblay est monté avec toute sa délégation à Pointe-aux-Trembles. Je l'ai fait. Cela a pris 52 minutes.» Mais les résidants de L'Assomption devront vraisemblablement se contenter d'un stationnement incitatif et d'une liaison motorisée avec la gare de la ville voisine...

Détail non négligeable, de 80 à 90% du territoire de L'Assomption est zoné agricole. En saison, cela signifie un accès à des produits frais sans sortir de la ville comme les fraises de M. Cormier, fils d'agriculteurs installés sur la route provinciale traversant le vieux quartier. Asperges, maïs, tomates, framboises poussent localement.

Quant aux citoyens moins mobiles ou moins nantis que M. et Mme Martel, ils peuvent heureusement compter sur des bénévoles comme eux pour les nourrir. Deux jours par semaine, M. Martel, retraité des télécommunications, monte dans sa camionnette pour livrer des dîners à des aînés dans le besoin. Avec l'équipe de la Popote du portage, il sert 45 personnes chaque midi.

Selon lui, il manque une épicerie dans le quartier patrimonial. «On s'occupe de nos voisins, dit-il. Mado, elle va avec eux à l'épicerie [en auto]. Ce sont nos voisins, on les connaît et on s'en occupe!» La maison des Martel n'est pas la seule place remplie de soleil à L'Assomption.

À 10 minutes

>La boîte à chansons de l'Oasis du vieux palais

>Quelques terrasses dont celle du bistro L'Ange Cornu

>Le théâtre Hector-Charland