Le garage, vu par... Pour une fois, nous avons décidé de faire le tour du garage. Vraiment. De demander à des spécialistes, de domaines fort différents, de faire le point sur la question. Voici notre enquête sur la petite histoire du garage et ses répercussions dans notre maison et notre vie aujourd'hui, menée par Lucie Lavigne.

«Les premiers garages voient le jour au Québec lors de l'arrivée des premières autos et c'est probablement en 1926, dans la cité d'Arvida qu'ils apparaissent d'une façon systématique. Cette ville industrielle située à Saguenay a vu naître 270 maisons en 135 jours. Des garages y sont conçus tant pour les maisons des ouvriers que pour celles des employés spécialisés. Il s'agit, à ma connaissance, de la première cité planifiée au Québec qui tenait compte à ce point de l'automobile. Pendant les phases suivantes de construction d'Arvida, dans les années 30 et 40, les architectes ont harmonisé le garage à la maison en le dotant de certaines de ses caractéristiques.»

Lucie K. Morisset, professeure au Département d'études urbaines et touristiques de l'École des sciences de la gestion de l'UQAM et associée à la Chaire de recherche du Canada-ESG en patrimoine urbain (UQAM).

«L'intégration bien affirmée des garages résidentiels aux plans d'architecture des maisons est probablement liée à l'apparition des idées modernes dans les années 30, qui valorisent le progrès et le machinisme. Les Maisons Jarry et Laroque, à Montréal, toutes deux conçues par l'architecte Marcel Parizeau, ainsi que l'ensemble de maisons réalisé par l'agence Barott&Blackader, boulevard Beaconsfield, sont des exemples d'habitation qui comportent des espaces destinés à recevoir des voitures.»

Jacques Lachapelle, professeur titulaire à l'École d'architecture de l'Université de Montréal.

«Dans les années 30, l'architecte américain Frank Lloyd Wright a élaboré un concept de maisons modestes pour l'Américain moyen. C'était la maison usonienne. Au lieu de concevoir un garage fermé et coûteux, il a eu l'idée de prolonger la toiture en privilégiant l'horizontalité, une caractéristique qui s'inscrivait dans sa démarche. C'était l'invention de l'abri d'auto (carport) qui s'est répandu au Québec, après la Seconde Guerre mondiale.»

Claude Bergeron, professeur retraité d'histoire de l'architecture, à l'Université Laval.