Rentables, les panneaux photovoltaïques? Pas encore, au Québec. Mais abordables, certainement! En témoigne un jeune couple de Saint-Basile-le-Grand, qui a troqué trois murs de brique contre une conception et des équipements solaires, en planifiant sa maison neuve. Un choix dont il tire, en plus des gains économiques, un sentiment de fierté et d'avant-gardisme. Parfois, il faut savoir se faire plaisir!

Il y a quatre ans, Nathalie Demers et Yves Poissant attendaient leur premier enfant et voulaient devenir propriétaires. Yves avait la passion des énergies solaires, comme on peut s'y attendre d'un spécialiste des technologies photovoltaïques (chez CanmetÉNERGIE, un centre de recherche de Ressources naturelles Canada, à Varennes). Et Nathalie, orthophoniste, se ralliait avec plaisir à ces goûts, en accord avec ses valeurs écologiques. «Bien sûr, nous n'avions pas beaucoup de modèles de panneaux solaires autour de nous, ce qui pouvait soulever des inquiétudes quant à la fiabilité, dit-elle. Mais comme Yves avait les connaissances et les contacts, nous avons plongé. Il faut bien que quelqu'un commence! C'est important de faire sa part pour limiter les changements climatiques.»

«On ne met pas des équipements solaires sur n'importe quelle maison, pose d'emblée M. Poissant. Ça n'a pas de sens si l'habitation n'est pas d'abord le plus efficace possible sur le plan énergétique. Avec les années, mon intérêt s'est élargi, des panneaux solaires au concept Novoclimat, puis à l'observation de la consommation familiale. Une amicale compétition s'est maintenant installée entre collègues, à savoir qui consomme le moins.»

30 000$ pour le volet énergie

Le couple Demers-Poissant était prêt à consacrer jusqu'à 10% du budget maison, ou 30 000$, au volet énergétique. Assez rapidement, ils ont constaté qu'ils pouvaient sacrifier le revêtement de brique sur trois murs, à 10 000$ chacun, pour compenser. Le défi devenait alors: jusqu'au peut-on aller en efficacité énergétique et énergie renouvelable avec un tel budget? «Notre besoin d'espace était urgent, reprend M. Poissant. Et notre ferveur environnementale, dans la moyenne. (Nous apportons nos sacs à l'épicerie mais nous n'isolons pas au chanvre.) Alors nous avons choisi des options parmi ce qui était déjà sur le marché.»

La maison, pré-usinée (Maisons Alouette) et certifiée Novoclimat, présente les atouts énergétiques décrits dans le tableau ci-contre.Les dépenses d'efficacité énergétique assumées, il restait encore 7500$ pour deux capteurs solaires thermiques (Enerworks) et 10 000$ pour un panneau photovoltaïque (Kyocera) et ses accessoires. «Un autre aurait choisi le chauffage au bois ou la géothermie. J'ai choisi en fonction de mes besoins, intérêts et valeurs», dit M. Poissant.

Mauvaise orientation, excellent rendement

La maison des Demers-Poissant présente la pire orientation pour les équipements solaires, soit à 45 degrés de l'orientation plein sud. Par ailleurs, les modules solaires suivent la pente du toit, soit 30 degrés, alors que l'inclinaison optimale est de 45 degrés, à notre latitude. «Je jouis tout de même de 98% du potentiel solaire des modules PV», fait remarquer M. Poissant, qui envoie ce message aux architectes et ingénieurs: «Pas besoin d'avoir les conditions parfaites pour bénéficier de l'énergie solaire.»

En été, le chauffe-eau des Demers-Poissant ne travaille pour ainsi dire pas, grâce aux capteurs solaires thermiques qui préchauffent l'eau entrant dans la maison.

Les Demers-Poissant prennent souvent une marche avec leurs deux enfants, pour admirer les équipements solaires couchés sur le toit, côté cour. «C'est comme une signature, fait valoir Yves. Une marque de standing.»

Dans le cas numéro 3 (ni brique, ni efficacité énergétique, ni équipement solaire), qui correspond à l'achat d'une maison neuve sans la moindre option sophistiquée, l'hypothèque moindre compense en partie seulement la facture élevée d'Hydro-Québec. On se rend compte qu'investir dans les mesures solaires au détriment de la brique est une décision très sensée, mais que le choix d'une habitation le plus économique possible se justifie également, bien que ce soit moins avantageux à long terme.

«Si on veut maintenir une charge hypothécaire minimale, une décision intelligente consiste à préparer la maison neuve pour d'éventuels équipements solaires, explique Yves Poissant, de CanmetÉnergie. Il suffit d'installer, pour 200$ peut-être, un tuyau de PVC allant du toit à la salle mécanique. On pourra alors profiter, au moment opportun, d'une subvention ou d'une baisse de coût qui rendront l'investissement rentable.»