Jean-François Bourdeau, 35 ans, et Tuan Vu, 40 ans, sont des passionnés de design et d'architecture. «Des malades. Pour nous, c'est une vraie drogue», rectifie Tuan Vu, ingénieur en télécommunications.

Après avoir décoré et vendu leur condo en 2005, ils partent à la recherche d'un duplex à rénover. Lors d'une promenade à vélo dans le quartier Pointe-Saint-Charles, à Montréal, ils en trouvent un et le réaménagent avec l'aide d'un entrepreneur général. Autre découverte: non loin de là, un terrain vague de 6,8 m (22 pi 3 po) de largeur est à vendre. Mieux: sa cour arrière est exposée plein sud.

Le couple - qui a toujours rêvé de se construire une maison - l'achète! Nous sommes à l'automne 2008.

«Pointe-Saint-Charles n'est pas un quartier malfamé. Au contraire, il est charmant, car peuplé de jeunes familles. L'été, on entend des enfants partout, précise Jean-François Bourdeau, gestionnaire marketing. Il manque toutefois de vélos Bixi et de petits cafés à proximité», ajoute-t-il. Le couple vend sont duplex en 2010. Auparavant, il avait mis un an pour dénicher le bon architecte: Stéphane Rasselet, de l'agence _naturehumaine.

En avril de la même année, les travaux de construction du «futur» cottage de 198 m2 (2134 pi2) commencent. Le style de la construction sans sous-sol - car trop cher et inutile à leurs yeux - sera résolument contemporain avec de très grandes fenêtres et un escalier sculptural.

Mais l'architecture contemporaine n'est-elle pas réservée à une élite fortunée?

«Faux, répond Tuan Vu. Nous avons mis toute notre énergie, notre passion et nos économies dans notre projet de construction. Sans compter que l'architecte nous a été d'une aide précieuse dans l'élaboration détaillée des plans et dans l'obtention du permis de construction.»

Il poursuit: «Apprécier l'architecture contemporaine exige beaucoup d'ouverture, car elle n'est pas aussi facile d'accès que la décoration. Elle demande un exercice intellectuel».Et le jeu en valait-il la chandelle? «Après de dures journées de travail, nous arrivons à la maison et... c'est le bonheur! Nous profitons d'espaces fonctionnels et inspirants qui correspondent totalement à nos besoins», avouent les propriétaires.

Alors que les travaux de finition viennent à peine d'être terminés, surprise! la maison a «raflé» dernièrement le Prix d'excellence en architecture 2011 de l'Ordre des architectes du Québec, dans la catégorie de l'aménagement intérieur résidentiel.

Cinq règles d'or pour réussir un projet

Tuan Vu et Jean-François Bourdeau nous détaillent en cinq points leurs recommandations pour réussir un projet de construction ou de transformation.

1. Prendre le temps de bien choisir son architecte et son entrepreneur général. «Il faut que ça clique. Une grande complicité est vitale», disent-ils.

2. Se préparer. «Il importe de se préparer avant même que l'architecte ne commence les plans et l'entrepreneur les travaux. Nous avons mis nos idées sur papier, étudié l'orientation du terrain, esquissé des dessins et ratissé les centres de rénovation et de plomberie.»

3. Habiter près du chantier. «Tous les matins et tous les soirs, nous étions sur le chantier et discutions avec notre entrepreneur général (Sienna Construction). Nous pouvions ainsi nous assurer du bon déroulement des travaux.»

4. S'investir. «Il faut mettre toute son énergie dans la réussite d'un projet. Nous avons, entre autres, monté un dossier étoffé à l'aide de Google Maps pour prouver aux représentants de l'arrondissement qu'il y avait des portes de garage en façade, dans les environs. Ce qui nous a sûrement aidés à obtenir un permis pour l'installation de la nôtre à l'avant.»

5. Faire preuve d'ouverture. «Parfois, certaines idées d'un architecte peuvent paraître étonnantes. Mais il faut éviter de les rejeter d'emblée. Ainsi, nous n'avions jamais pensé qu'il était possible de marcher sur une passerelle vitrée à l'étage. Aujourd'hui, on adore cet aménagement qui, au départ, nous avait surpris.»