«Construire des bâtiments verts ne suffit pas pour diminuer notre empreinte écologique. Il faut vivre autrement dans un contexte plus dense, avec moins d'espaces privés.»

Daniel Pearl est professeur d'architecture à l'Université de Montréal et cofondateur de la firme L'OEUF, réputée pour son expertise en matière de développement durable. Et il est catégorique: le chacun-pour-soi en matière d'habitation ne tient plus la route. En échange, dit-il, il faut offrir des espaces publics de qualité avec des petits cafés et des parcs dans un espace plus densément peuplé.

«Lorsque tout est accessible à moins de cinq minutes de marche et que la plupart des déplacements se font à pied ou à vélo, la notion de densité devient un atout au lieu d'un problème, dit-il. De plus, un projet assez dense devient abordable, ce qui amène une cohésion sociale.»

Petite Rivière, projet immobilier vert à Lachine piloté par Daniel Pearl pour le Groupe Pacific, illustre en tous points cette idée. «Il n'est pas question de compromettre la qualité de vie pour avoir une meilleure empreinte écologique, souligne le professeur. Mais il faut modifier notre façon de penser pour faire nôtres les concepts de densité, d'espaces partagés et d'une plus grande interdépendance.»

La densité ne signifie pas nécessairement vivre dans des tours d'habitation, fait aussi remarquer l'architecte Owen Rose, président du Centre d'écologie urbaine. «Le Plateau est le quartier le plus densément peuplé du Canada et on y trouve peu d'immeubles de grande hauteur, dit-il. Beaucoup de familles désirent y habiter parce qu'on y trouve des commerces, des restaurants, des parcs, des transports collectifs, des pistes cyclables, des écoles, etc.»

Dans des espaces assez denses, il est possible de créer de petits potagers, des terrasses agréables et des espaces pour les familles, souligne Guy Favreau, vice-président, architecture et développement durable, de la firme AEdifica. «S'il n'y a pas d'espace au sol, cela peut se faire sur le toit», indique-t-il.

Le chercheur Ray Tomalty, qui enseigne à l'École de planification urbaine de l'Université McGill et est directeur de Smart Cities Research Services, ne croit pas que la vie en banlieue est appelée à disparaître complètement. «Si on continue à construire des banlieues, il faut toutefois s'assurer que les promoteurs et les résidants paient le juste prix pour leur grande utilisation des ressources de notre planète, souligne-t-il. Il faut revoir l'impôt foncier, instituer des péages sur les routes, hausser le coût de l'essence et réduire les terrains disponibles pour en augmenter le coût. Ceux qui voudront un certain style de vie devront en assumer les coûts sociaux et environnementaux, ce qui n'est pas le cas actuellement.»