Les 45 à 65 ans à l'aise financièrement qui déménagent veulent d'ordinaire rester dans un rayon d'au plus quelques kilomètres de l'endroit où ils ont longtemps habité. S'ils optent pour un logement en copropriété, sans qu'il ne coûte démesurément cher, il devra dépasser les standards de base, d'après l'architecte et copropriétaire de l'Atelier Avant-Garde, Jean-Marc Harvey, qui se dit lui-même partie de ce courant.

D'un autre côté, il faudra que ce logement prenne place dans un immeuble d'habitations de hauteur raisonnable - de plus ou moins 10 étages, avec services -, dans un environnement dynamique, fut-il densément peuplé, avec commerces et accès immédiat au transport en commun. Sans compter des espaces publics clairs augmentés de bancs, d'arbres adultes et de plates-bandes.

«Vous habitez Sillery, ne croyez pas bien faire en vous hasardant trop loin en périphérie, ou inversement. La probabilité paraît grande que vous vous sentiez déconnectés et que désiriez retourner dans votre secteur. Vous êtes domiciliés chemin Sainte-Foy, entre Québec et la Cité universitaire, par exemple, peut-être chercherez-vous à vous installer sur le plateau de Sainte-Foy. Donc près de chez vous», conjecture l'architecte. Il ne s'agit pas, selon lui, d'un phénomène local. Cela lui semble, au contraire, typique en Occident.

Une enquête faite, l'année dernière, par l'Association provinciale des constructeurs d'habitations (APCHQ) de concert avec la Société d'habitation du Québec (SHQ) renforce l'opinion de l'architecte. En effet, sur les 24 % des baby-boomers qui consentiraient à habiter un condo, près des trois quarts ont les immeubles de plus de 10 étages en aversion. Ils aiment voyager, mais quant à leur lieu d'habitation, ils n'ont pas le genre itinérant.

Ces gens-là sont déjà bien installés. Au cours des années, depuis leur première maison ou leur premier appartement, ils n'ont jamais cessé d'améliorer leur situation. Ils cherchent donc un produit de choix, d'un cran plus élevé. À la manière d'une automobile de luxe qu'un fabricant n'oserait jamais offrir sans un appareil de climatisation, comme équipement de base.

Des entreprises telles la Société immobilière RDC, dit avec prudence Jean-Marc Harvey de peur qu'on ne le croie de mèche, ont compris. RDC offre dans l'immeuble d'habitations Les Terrasses du plateau, rue de l'Église, à quelques pas du centre commercial Laurier, des logements en copropriété avec des minima comme des plafonds de neuf pieds de hauteur, un système de climatisation central et six appareils électroménagers raffinés.

Sans compter, par ailleurs, des standards de construction et des attributs architecturaux élevés, par les soins, ici, des architectes Martin Pothier et Mario Lafond. La clientèle visée habite les environs. Le tiers des appartements auraient été vendus.

De l'endroit, par ailleurs, les autobus 800 et 801 sont perçus comme le moyen de transport idéal pour se rendre, par exemple, dans le Vieux-Québec. On monte à bord, on s'y rend très rapidement par les voies réservées. Plus vite qu'en auto alors que, sur les lieux, on doit se casser la tête pour trouver où la garer.

Des immeubles de même taille, toujours rue de l'Église, joindront, au cours des prochaines années, Les Terrasses du plateau aussi bien que l'immeuble à logements locatifs Le Boréal, plus bas. Tous les rez-de-chaussée seront à vocation commerciale, les étages occupés surtout par des appartements.

Débordement

Ainsi, la rue de l'Église, sur le plateau, par effet de débordement, s'arrime progressivement au boulevard Laurier que la Ville de Québec consolide afin qu'il devienne le pôle principal des affaires de la capitale. Des tours d'habitations, dans la mouvance esthétique de l'édifice Jules- Dallaire (Cominas), angle Laurier, borderont la rue dont on prétend qu'elle aura l'apparence d'une promenade.

«Cela correspond aussi aux rêves des particuliers d'habiter paisiblement les étages, de descendre au rez-de-chaussée jusqu'à la rue et de retrouver l'agréable agitation de la vie urbaine. Tout comme s'ils logeaient dans un grand établissement hôtelier de la Cité, à Québec, ou de la rue Sherbrooke, à Montréal», conclut Jean-Marc Harvey tout en se défendant de vendre le projet.

Dans pareil ensemble, selon des observateurs, les gens de 60 ans qui joignent les rangs espèrent y vivre au moins 20 ans. Bien que certains auront fait mettre en place des mécanismes et des accessoires pour affermir en temps voulu leur autonomie, voire des espaces afin qu'on puisse directement les assister, et prolonger, ce faisant, leur durée d'occupation.

Les rez-de-chaussée honnis

En Europe, dit-on, on se dispute les rez-de-chaussée. Chez nous, on les abhorre. Ce qui est contradictoire, puisque la majorité des 45 à 60 ans auront vécu près du sol, dans des cottages ou des maisons de plain-pied.

On préfère les étages aux rez-de-chaussée, pourvu que leur nombre soit de plus ou moins 10. C'est pourquoi, sur la base de l'offre et de la demande, les prix augmentent comme montent les étages.

Aux Terrasses, par exemple, un appartement de 1038 pi² coûtera 246 800 $, plus taxes, au deuxième, mais 330 800 $ au neuvième. Un autre de 1647 pi², 405 200 $ et 537 600 $, respectivement.

Pour tout renseignement : terrassesduplateau.com