Depuis le 12 juillet, Lucie Couture et Carol Desbiens s'adaptent à la vie de condo au centre-ville de Montréal. Ils ne sont pas les seuls. Un nombre grandissant de copropriétaires choisissent de s'établir au milieu des gratte-ciel pour adopter un mode de vie urbain. Les attraits sont multiples et les promoteurs l'ont compris. Ils n'ont jamais été aussi actifs au coeur de la métropole, où au moins 20 projets immobiliers résidentiels sont en construction ou en préparation.

Lucie Couture et Carol Desbiens viennent de quitter Brossard pour s'installer au coeur du centre-ville de Montréal. Ce qui les a séduits? La proximité du Quartier des spectacles et du Quartier des affaires. Et la possibilité de redécouvrir la vie à deux, dans un environnement totalement différent, une fois les enfants partis.

Leur appartement est situé au 17e étage du Louis Bohème, un édifice flambant neuf campé juste en face de la Place des Arts et de la Place des Festivals. L'adaptation à la vie en copropriété n'est pas toujours facile. Mais leur qualité de vie s'est beaucoup améliorée. «Je n'ai plus de pont à traverser», apprécie Carol Desbiens, qui se rend à pied, en sept minutes, au travail.

N'ayant plus, de surcroît, une vaste propriété et une piscine à entretenir, ils ont beaucoup plus de temps à consacrer aux loisirs. Ce qu'ils font souvent en famille.

La grande surprise? La quantité d'espaces verts. «Il y en a beaucoup», constate avec joie Lucie Couture, qui se rend en 15 minutes sur le mont Royal avec son chien, Sirius.

Les grues se multiplient au centre-ville de Montréal, un des rares à être habité en Amérique du Nord. Nombreux sont ceux qui désirent s'établir au sein du coeur économique, culturel et institutionnel de la métropole.

«Cela fait longtemps qu'on n'a pas vu une telle effervescence dans la planification, mais aussi l'amorce de tours à condos au centre-ville, constate Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Beaucoup de jeunes et de moins jeunes, qui en sont à une autre étape de leur vie, veulent être plus proches de l'action. Plusieurs veulent aussi habiter près de leur lieu de travail. De nombreux projets répondent à cette volonté d'avoir une vie plus intégrée, où moins de temps est passé en voiture.»

Les 20 projets immobiliers regroupés aujourd'hui dans La Presse annoncent, à eux seuls, la construction de plus de 2000 nouveaux logements au centre-ville de Montréal et l'investissement de plus d'un milliard de dollars, se réjouit le maire, Gérald Tremblay.

«C'est la reconnaissance que les gestes que l'on a posés, comme la création du Quartier international et du Quartier des spectacles, créent un environnement favorable qui incite les promoteurs à investir, dit-il. Mais il y a encore des défis importants à relever.»

Un exemple: au centre-ville, près de 200 terrains, d'une superficie moyenne de 100 000 pieds carrés, sont vacants. Environ 80% d'entre eux sont occupés par des terrains de stationnement.

«Le développement se fait terrain par terrain, indique Nancy Shoiry, directrice de l'aménagement urbain et des services aux entreprises à l'arrondissement de Ville-Marie. On voit de nouvelles façons de faire, des promoteurs qui s'associent ensemble, ainsi qu'une mixité de fonctions. Plusieurs projets ont ainsi un volet hôtelier et/ou résidentiel et commercial, ainsi que des espaces à bureaux. Il faut miser sur cette mixité pour consolider les différents secteurs.»

À l'est de l'ancien Forum, la construction du Seville est impatiemment attendue, car elle contribuera au renouvellement du quartier, en déclin depuis 20 ans.

«À cette hauteur, la rue Sainte-Catherine est un désastre total», se désole la célèbre architecte Phyllis Lambert, qui s'est beaucoup impliquée au cours des dernières années pour faire avancer les choses. En 2005, elle a pris l'initiative de former une table de concertation avec des organisations, des entreprises, des institutions et des résidants du centre-ville Ouest. Une de ses préoccupations: le square Cabot, de biais avec le Seville, où la présence d'itinérants, la drogue et la prostitution posent problème.

«On veut réaménager et animer plusieurs parcs, dont le square Cabot, pour les rendre plus accueillants», confirme Gérald Tremblay, qui est devenu automatiquement maire de l'arrondissement de Ville-Marie lors de son élection à la mairie de Montréal, l'automne dernier. Le fait de cumuler les deux fonctions «fait une grande différence pour l'arrondissement, croit-il. On travaille en équipe pour accélérer la réalisation

des projets.»

L'automne s'annonce chargé. Au début d'octobre, son administration compte dévoiler un plan d'action sur l'itinérance. Pour se préparer à la révision prochaine du plan d'urbanisme de Montréal, les citoyens et les groupes intéressés seront appelés, par ailleurs, à se prononcer sur les grands enjeux d'aménagement du centre-ville. La démarche entamée avec la Table de concertation du centre-ville Ouest se poursuit, de plus, pour réaliser le programme particulier d'urbanisme (PPU) du Quartier des grands jardins, délimité par les rues Sherbrooke, Atwater, Saint-Antoine et Bishop. Le but: renforcer l'identité de ce quartier aux immeubles patrimoniaux remarquables, entourés d'immenses jardins.

Malgré les besoins criants, très peu de logements communautaires et sociaux sont construits dans l'ouest de l'arrondissement, déplore Éric Michaud, coordonnateur de la Table de concertation Habiter Ville-Marie. Le Cercle carré, une coopérative d'habitation pour artistes vient tout juste d'être construite dans le Vieux-Montréal. Mais le projet de la coopérative de la Montagne verte tarde à se réaliser. «L'arrondissement travaille pour identifier un terrain, en concertation avec le milieu, indique une source sûre. La Ville, par ailleurs, envisage de plus en plus la création d'un fonds pour favoriser la construction de logements communautaires.»