Le Plateau est inspirant: on se demande périodiquement quel quartier montréalais déstructuré réussira le même tour de force. Hochelaga-Maisonneuve et le Sud-Ouest viennent tout de suite en tête. Mais rien n'est assuré. Et le processus s'annonce long.

La métamorphose du Plateau s'est échelonnée sur une vingtaine d'années. L'arrondissement a bâti son atmosphère, sa notoriété et sa personnalité entre 1980 et 2000, et cela se poursuit, indique Gabriel Deschambault, membre du conseil d'administration de la Société d'histoire et de généalogie du Plateau-Mont-Royal.

 

«La venue de nouveaux résidants a permis de valoriser des choses qui ne l'étaient pas avant, précise-t-il. C'est devenu sympathique de faire ses courses à pied, près de chez soi, et de se rendre au travail en 15 minutes, en prenant le métro et l'autobus.»

Le Plateau, il y a 25 ans, n'était pas particulièrement beau, rappelle Claude Rainville, président de l'Association des sociétés de développement commercial de Montréal. «Les logements, qui n'étaient pas chers, ont attiré beaucoup d'étudiants et d'artistes, précise-t-il. C'est cette clientèle, que l'on retrouve aujourd'hui dans Saint-Henri et Hochelaga-Maisonneuve, qui transforme les quartiers.»

La présence d'artistes et de créateurs génère un environnement ouvert à la diversité culturelle, à de nouvelles idées, de même qu'à la mixité sociale et économique, croit Louise Hodder, directrice générale de la Corporation de développement économique communautaire (CDEC) Centre-Sud/Plateau Mont-Royal.

«La revitalisation des quartiers plus appauvris passe beaucoup par la présence de membres de la communauté artistique, précise-t-elle. Aujourd'hui, ils sont notamment concentrés aux abords des voies ferrées, dans d'anciennes zones industrielles, dans le Plateau-Mont-Royal, Rosemont-La Petite-Patrie, Hochelaga-Maisonneuve et le Sud-Ouest.»

Les artistes et les créateurs, qui s'installent souvent dans d'anciens immeubles industriels délaissés, sont condamnés à être nomades et à se promener d'un quartier à l'abandon à l'autre, déplore Pierre Morrissette, directeur général du Regroupement économique et social du Sud-Ouest (RESO).

Reconnaissant leur contribution, le RESO et les autres CDEC des quartiers centraux de Montréal, mettent sur pied divers projets afin qu'ils puissent demeurer dans leurs quartiers respectifs et continuer de contribuer à leur revitalisation.

Un exemple? L'ambitieux projet des Bassins du Nouveau Havre de la Société Immobilière du Canada, en bordure du canal de Lachine, devrait notamment comprendre une centaine d'ateliers-résidences pour artistes, à l'intérieur de la Cité des artistes.