À l'écran de la télévision, les cheveux de Stephen Harper sont poivre et sel. Pas gris: on distingue individuellement chacun de ses cheveux blancs entourés de cheveux noirs. La qualité époustouflante de l'image a de quoi distraire des propos du premier ministre.
M. Harper donne une entrevue à Peter Mansbridge dans les studios de la CBC à Toronto, qui diffuse en haute définition. On comprend pourquoi les lecteurs de nouvelles ont dû réapprendre à se maquiller, avec l'avènement de la télé numérique.
La haute définition, qui nous montre si bien les cheveux du premier ministre, les rides de M. Mansbridge - et une foule d'autres détails bien plus intéressants dans des émissions sportives, des documentaires ou des séries -, c'est un flux de deux mégaoctets, 30 fois par seconde, avec du son Dolby Surround. La qualité de l'image est trois fois meilleure que celle d'un DVD et six fois celle de la télévision standard.
On pourrait croire qu'il faut une quincaillerie impressionnante pour y avoir accès. Au contraire, une petite antenne à 25$ achetée jadis chez Radio Shack a suffi. Bien sûr, il faut une télévision à haute définition. Mais nul besoin du câble ou du satellite. C'est la revanche des oreilles de lapin.
Aux États-Unis et au Canada, tout le système télévisuel est en pleine transformation vers le numérique et ses capacités phénoménales de transmission.
Les États-Unis sont en avance de deux ans et demi. Depuis le mois de février 2009, tous les postes de télévision américains diffusent exclusivement en numérique. Au Canada, la date butoir est le 31 août 2011.
Mais certaines chaînes montréalaises (CBC, Radio-Canada, TQS et Télé-Québec) diffusent déjà en numérique. D'autres (CTV, Global et TVA) prévoient attendre jusqu'à la date limite. De plus, avec une antenne extérieure, on peut même capter des chaînes américaines, comme NBC, CBS et PBS.
Ces derniers mois, il a été possible de capter en haute définition et tout à fait gratuitement le Super Bowl à NBC - avec les fameuses publicités américaines -, le hockey du Canadien presque tous les samedis à CBC, les séries de la Coupe Stanley à CBC et NBC, et une foule de téléséries et de documentaires, que ce soit à Radio-Canada, à Télé-Québec ou à PBS.
Il y a de quoi convaincre certains de se désabonner du câble ou du satellite. Ou du moins, de ne pas s'abonner aux canaux numériques qu'ils proposent.
Le signal numérique n'est jamais touché par la «neige» et les ombres de la télé conventionnelle. Si le signal entre, l'image est parfaite. Sinon, elle disparaît. C'est tout ou rien.
Par ailleurs, la qualité de l'image par le truchement du câble ou du satellite ne sera jamais meilleure que celle reçue par les oreilles de lapin. Le coupable: la compression du signal. La capacité du câble et des satellites est limitée tandis que les chaînes numériques ne cessent de se multiplier. Alors que les antennes diffusent à pleine capacité.
L'engorgement chez les retransmetteurs commence à avoir un impact, selon les informations recueillies par La Presse. «Les gens de Bell nous ont avisés récemment qu'ils ne pouvaient plus nous transmettre à 19 mégabits par seconde», dit Denise Normandin, directrice de la postproduction et de la mise à l'antenne à Radio-Canada.
Télé-Québec diffuse en haute définition depuis le mois de février à partir d'une nouvelle antenne située sur le mât du Stade olympique. Mais ce service n'est pas encore offert par Bell Télé.
«Effectivement, Bell ne nous a pas cédé de canal pour notre chaîne en haute définition, dit Céline Meilleur, porte-parole de Télé-Québec. Il paraît qu'il y aura un nouveau satellite en janvier 2010, mais on ne nous a pas fait de promesse.»
Vidéotron assure que la qualité du signal retransmis est «optimale» et qu'il n'y a pas de perte de qualité.
Bell Télé «travaille sur la situation» de Télé-Québec, dit le porte-parole Jacques Bouchard, qui ajoute, par ailleurs, que le signal numérique de Radio-Canada «est exactement comme celui des autres postes».
Comment enregistrer maintenant?
Le signal entre à la perfection, mais impossible de l'enregistrer sur le vieux magnétoscope. Comment faire? La solution se trouve dans l'ordinateur. Il faut pour cela l'équiper d'une carte spéciale qui inclut un syntonisateur numérique. Cette pièce d'équipement coûte environ 150$ pour un PC. La compagnie ATI en fabrique aussi pour les Mac. Mais vérifiez si votre ordinateur est assez puissant pour la suite. Trois éléments doivent être à la hauteur: la puce (3 gHz ou plus), la carte vidéo et le disque dur (500 Go ou plus). Il faut aussi une bonne capacité de mémoire vive (256 Mb ou mieux 512 Mb).
Le syntonisateur numérique est fourni avec un programme qui transforme votre ordinateur en magnétoscope et une télécommande. L'horaire télé est offert gratuitement via le web. Il ne reste plus qu'à brancher le câble de l'antenne dans l'ordi... et enregistrer vos séries ou films préférés. Attention toutefois: assurez-vous que votre antenne a une bonne mise à la terre, si vous ne voulez pas qu'un coup de foudre détruise votre PC!