Les femmes dominent le marché de l'immobilier. Elles représentent plus de la moitié des nouveaux acheteurs et les femmes célibataires, peu importe leur âge, sont de plus en plus nombreuses à acheter une maison sans attendre l'arrivée du prince charmant. Qui plus est, bon nombre d'entre elles recherchent une propriété en mauvais état avec l'intention d'y faire des rénovations elles-mêmes.

Les femmes dominent le marché de l'immobilier. Elles représentent plus de la moitié des nouveaux acheteurs et les femmes célibataires, peu importe leur âge, sont de plus en plus nombreuses à acheter une maison sans attendre l'arrivée du prince charmant. Qui plus est, bon nombre d'entre elles recherchent une propriété en mauvais état avec l'intention d'y faire des rénovations elles-mêmes.

 Il y a quelques mois, Anne-Marie a décidé de faire le saut et de s'acheter une maison, seule. Cette jeune trentenaire en avait assez de vivre dans un petit appartement et d'attendre d'avoir un conjoint avec qui acheter. «Je me suis dit que je pourrais attendre longtemps. On ne sait pas ce que la vie nous réserve», dit la nouvelle et heureuse propriétaire.

Anne-Marie fait partie du nombre croissant de femmes qui concluent l'achat d'une propriété de façon indépendante. Selon une enquête pancanadienne menée pour Royal LePage en 2007, 30 % des femmes célibataires qui ne se sont jamais mariées sont actellement propriétaire de leur maison et 31 % des femmes célibataires qui sont locataires ont l'intention d'acheter une propriété d'ici trois ans. «La mentalité a changé. En effet, les femmes ne croient plus qu'elles doivent d'abord trouver l'homme idéal pour qu'ensemble ils achètent une maison», affirme Lisa da Rocha, vice-présidente marketing chez Royal LePage.

 L'étude montre également que 66 % des femmes qui ont l'intention d'acheter une maison ne sont pas intimidées à l'idée de le faire seule. Et le fait qu'elles gagnent des revenus de plus en plus plus élevés n'y est pas étranger. «Il n'y a plus de barrières qui empêchent les femmes d'acheter seule et les conditions d'emprunt leur sont favorables, explique en entrevue Dianne Usher, vice-présidente chez Royal LePage. On observe ce phénomène dans la plupart des centres urbains du pays, de Montréal à Edmonton.»

 L'enquête publiée cette semaine montre également que 25 % des femmes en quête d'une maison en recherchent une en mauvais état avec l'intention de faire les travaux eux-mêmes. Les femmes des régions de Toronto, Halifax et Regina sont plus enclines à la rénovation domiciliaire que celles de Montréal qui privilégient plutôt les condos.

Un livre sur mesure

 La journaliste canadienne Brenda Bouw a elle-même acheté seule sa première maison à Toronto à 30 ans. Elle a été inondée de questions par des femmes de son entourage, dont une qui revenait souvent : «Comment tu fais pour y arriver toute seule ?» Cette spécialiste de l'immobilier a alors eu l'idée d'écrire un livre pratique à l'intention des femmes qui veulent acheter une propriété en solo. «Je voulais partager mes bons et mes mauvais coups, et présenter le tout de façon agréable avec des témoignages, pas seulement des chiffres», raconte la rédactrice jointe à Toronto, alors qu'elle attendait dans sa nouvelle demeure l'arrivée des déménageurs... perdus en chemin !

 Elle a acheté trois propriétés dans les environs de Toronto entre l'âge de 30 et 34 ans, avant d'aller vivre à Edmonton, Vancouver et Fredericton. Brenda Bouw affirme que chaque fois qu'elle a acquis une propriété, elle pensait que c'était pour un bon bout de temps. «Mais les choses changent !» lance-t-elle. Heureusement, le très fort marché immobilier des dernières années lui a permis de faire de bonnes afffaires.

 Dans son livre Home Girl : The Single Woman's Guide to Buying Real Estate in Canada paru en janvier, elle offre de précieux conseils à celles qui veulent passer du statut de locataire à celui de propriétaire. En plus de se baser sur ses propres expériences, la journaliste a interrogé plusieurs femmes qui racontent candidement les hauts et les bas de leurs aventures. Mais au-delà des témoignages, le livre présente aussi des conseils d'experts et des listes aide-mémoire. «C'est important que les femmes fassent leurs devoirs avant d'acheter», indique l'auteure, qui insiste sur le fait que les femmes qui accèdent à la propriété seules ne renoncent pas par le fait même au mariage ou à l'engagement.

 Elle suggère de solliciter l'avis de nombreuses personnes et d'utiliser les références d'amis ou de membres de la famille pour se dénicher un agent immobilier, un notaire ou un inspecteur. C'est d'ailleurs ce qu'a fait Anne-Marie avant de commencer ses démarches. «Je suis aussi allée visiter la maison la deuxième fois avec mon père, qui en a une depuis 40 ans, et une de mes amies qui en a visité beaucoup avant d'acheter la sienne», explique la jeune femme, ajoutant qu'un regard extérieur est toujours le bienvenu.

 Attention aux émotions

 Brenda Bouw recommande aux femmes de ne pas se laisser envahir par leurs émotions trop rapidement ou par un coup de coeur pour une maison. Leurs meilleurs alliés sont les experts, notamment l'inspecteur. «C'est crucial l'inspection, souligne Anne-Marie. Surtout quand tu ne t'y connais pas en immobilier et que tu achètes une maison qui a quelques années.»

 La nouvelle propriétaire conseille à celles (ou ceux) qui achètent pour la première fois d'investir dans une maison qui satisfait leurs besoins en ce moment et pour les prochaines années. «Les critères sont très importants, dit-elle. Je n'avais pas besoin de quatre chambres, mais c'était certain que je voulais un balcon ou une cour.»

 Respecter ses limites financières est un autre élément de taille pour les femmes qui veulent acheter seules. La journaliste insiste d'ailleurs dans son livre sur l'importance de bien calculer tous les coûts inhérents à l'achat d'une propriété, comme les frais d'avocat, les taxes et les assurances. Selon la SCHL, les paiements mensuels pour le logement (incluant l'hypothèque et tous les autres frais) ne devraient pas dépasser 32 % du revenu mensuel brut. «Si tu respectes les limites que tu t'es fixées, c'est réalisable d'acheter seule, note Anne-Marie. Je n'ai pas eu à faire de gros changements dans mon style de vie depuis l'achat de la maison.»

 Dianne Usher de Royal LePage croit que les femmes continueront d'être de plus en plus nombreuses à acheter dans les années à venir. «Les femmes restent célibataires plus longtemps et voient l'investissement qu'elles peuvent faire en achetant une propriété», dit-elle.

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Pour en savoir plus :

 Ceux ou celles qui lisent l'anglais peuvent se procurer le livre de Brenda Bouw Home Girl: The Single Woman's Guide to Buying Real Estate in Canada aux Éditions John Wiley and Sons.

 Sur le Web: www.brendabouw.com