Néanmoins, le moral reste bon. La Presse, qui suit le chantier depuis le début, est retournée à Bolton-Ouest pour vous tenir au courant de l'évolution de cette maison qui pourrait être une des premières certifiées LEED au Canada.

Néanmoins, le moral reste bon. La Presse, qui suit le chantier depuis le début, est retournée à Bolton-Ouest pour vous tenir au courant de l'évolution de cette maison qui pourrait être une des premières certifiées LEED au Canada.

Dans les arbres qui surplombent la structure de la maison d'Alexandre Thibodeau, de grands câbles pendent ici et là. Ce système de poulies a permis au stagiaire en architecture de soulever d'immenses morceaux de bois et d'ériger le squelette de sa maison parfois seul.

Malgré les retards accumulés qui bousculent l'échance de leur projet, la famille Cloutier-Thibodeau garde le moral.

Parmi les aléas de l'autoconstruction, le manque de main-d'oeuvre est un de ceux qui frappent le plus durement le jeune couple. «Pendant plusieurs semaines, je travaillais seul parce que les ouvriers me faisaient faux bond les uns après les autres, explique Alexandre. Mais ça m'aura au moins permis d'apprendre que la plus belle qualité d'un employé c'est d'être là!»

Heureusement, des amis se sont pointés et le chantier a progressé. Depuis deux mois, Alexandre et ses aides ont notamment érigé les deux étages de la structure et assisté à l'installation d'un système écologique de gestion des eaux usées l'Ecoflo, un système d'épuration écologique à base de tourbe de mousse. Reste maintenant à couler le béton qui recouvrira les planchers. Ces dalles auraient dû être complétées il y a deux semaines, mais l'ouvrier qui devait peaufiner le travail a décidé au dernier moment de ne pas honorer ses engagements.« Va falloir qu'on s'y fasse, se résigne Marie-Ève. La demande de main-d'oeuvre est encore importante en construction et c'est le genre de pépin qui attend les petits projets comme le nôtre. Jusqu'à maintenant, aucun échéancier n'a été respecté.»

L'aspect vert de la maison des Cantons-de-l'Est ajoute aussi au coefficient de difficulté. La main-d'oeuvre est rare, mais certains matériaux écologiques aussi.

Au départ, le couple comptait recouvrir ses planchers d'un contreplaqué de finition sans formaldéhyde (un agent de conservation contenu dans certaines colles et qui peut s'avérer toxique). Malgré des recherches approfondies, le stagiaire en architecture n'a pas réussi à dénicher ce type de bois. Il s'est alors tourné vers le béton, qui a l'avantage d'absorber la chaleur pendant le jour et de la redistribuer pendant la nuit.

«Nous voulons un plancher durable et sans entretien, explique Marie-Ève. Le béton est une excellente solution.»

«Finalement, je suis plutôt heureux de la tournure des événements, ajoute Alexandre. C'est encore un élément qui est venu bouleverser le calendrier, mais je pense que d'utiliser le béton pour les planchers nous permettra d'être encore plus efficaces énergiquement. Le béton demande certes beaucoup d'énergie à produire, mais il permet d'en économiser aussi par la suite.»

Des retards et des sous

Avec autant de retard dans la construction de leur maison, comment le couple arrive-t-il à rester calme? «On n'a pas à payer une autre maison, explique Alexandre. Je pense qu'en autoconstruction, il faut d'abord régler la question du logement. Payer un loyer tout en finançant la construction d'une maison demande beaucoup d'argent que n'ont habituellement pas les autoconstructeurs. Nous sommes très privilégiés d'avoir des amis qui nous prêtent gracieusement un endroit où vivre en attendant la fin du chantier.»

La banque accueille aussi les retards avec une certaine clémence. Elle demande toutefois à ce que chaque étape soit complétée avant de prêter l'argent au couple pour la suite des travaux. Une situation parfois frustrante pour les futurs propriétaires, agacés de devoir arrêter la construction en attendant la visite de l'inspecteur de l'institution financière.

«Nous comprenons cette manière de fonctionner, mais en construction verte, ça nous lie souvent les mains, poursuit Alexandre. Les matériaux verts ne sont habituellement pas disponibles dans les grands magasins qui offrent du crédit. Nous devons nous tourner vers des particuliers qui veulent être payés immédiatement. Voilà une autre source de retard.»

Rien pour accélérer la construction, le congé parental dont profitait Alexandre pour construire sa maison écologique est maintenant terminé. Il ne travaille qu'à mi-temps sur le chantier. Il a donc recouvert la structure d'immenses toiles de plastique et comptera sur le concours d'ouvriers qui, espère-t-il, se présenteront.

UNE MAISON LEED EN HUIT TEMPS

Voici les étapes que doivent franchir Alexandre Thibodeau, Marie-Ève Cloutier et leurs proches avant de pouvoir habiter leur maison et la faire certifier.

> Excaver le sol. (fait)

> Construire les coffrages et couler le béton des fondations.(fait)

> Construire la charpente avec du bois écologique. (fait)

> Monter les murs de la maison avec des ballots de paille.

> Installer les fenêtres et les réseaux de plomberie et d'électricité.

> Effectuer la finition intérieure et extérieure.

> Compléter la toiture-terrasse.

> Poursuivre les démarches en vue d'une certification LEED.

_______________________

Suivez le chantier sur Internet au www.maisonleed.ca