Il s'agit d'un formidable barrage contre les gros vents, le murmure de la rue, l'entrée des chaleurs insoutenables d'été, les fuites de chaleur vers l'extérieur l'hiver. «En cela, le procédé est valable», dit Benoît Legaré, conseiller à l'Agence de l'efficacité énergétique du Québec (AEEQ).

Il s'agit d'un formidable barrage contre les gros vents, le murmure de la rue, l'entrée des chaleurs insoutenables d'été, les fuites de chaleur vers l'extérieur l'hiver. «En cela, le procédé est valable», dit Benoît Legaré, conseiller à l'Agence de l'efficacité énergétique du Québec (AEEQ).

Étais internes pour stabiliser le coffrage pendant le coulage du béton et la prise décisive.

Les lames de styromousse, constate-t-on, sont réunies par des entretoises articulées de plastique et qui ne sont pas structurelles. Elles ont pour objet de recevoir, avec précision, les tiges d'acier horizontales qui arment le béton, puis de former l'ouvrage avant que le béton n'y soit introduit.

«Sans acier, il faudrait une masse de béton beaucoup plus importante», déclare Robbi Levesque, dans la trentaine, natif de Saint-Pascal de Kamouraska mais qui habite depuis de nombreuses années à Québec.

En ménage et père de trois enfants, c'est lui qui construit la maison familiale. Ce, avec le concours d'un parent puis de sa compagne Mireille, dont le rôle est de plier et de couper les tiges d'acier. Pour ce faire, elle emploie une plieuse à levier.

Robbi est informaticien, Mireille comptable. Il y a près de trois ans, au salon Expo-Habitat de Québec, ils ont craqué pour les «coffrages isolants».

«Nous avions l'intention de nous construire une maison de choix, mais de facture classique. Lorsque nous avons aperçu les coffrages isolants et après avoir été convaincus de leurs propriétés extraordinaires, nous avons décidé de bâtir notre cottage avec ça», raconte-t-il.

Peu de temps après, il suit un cours de construction par coffrage auprès du fabricant Nudura (*), étudie le Code du bâtiment pour construire en règle, regarde de près la façon de faire Novoclimat, apprend à faire des plans.

Ainsi, le projet germe pendant deux ans. Fin août dernier, le sol est excavé, la semelle des fondations coulée, le drain posé. Les coffrages, soutenus temporairement par des contreforts, sont mis en place.

Une fois les murs des fondations dressés, le béton est introduit avec calcul. Afin qu'il s'insinue partout sans produire de poches d'air, sa préparation est plus fluide.

Ensuite, la coulée est scrupuleusement surveillée. «Et par nous et par le bétonnier», précise M. Levesque. Après les fondations, dont la partie extérieure est couverte d'une pellicule élastomère pour les garder de l'eau qui pourrait les assiéger, c'est le tour du rez-de-chaussée. Finalement, de l'étage.

Mise en garde

L'armature interne pour le béton, à l'intérieur du coffrage.

L'informaticien insiste. Le fournisseur de béton doit être choisi avec doigté. Car le bétonnier peu scrupuleux saura qu'il peut faire d'une mauvaise recette de béton un enterrement de première classe. Puisque personne ne saura jamais, en principe, ce qu'il aura vidé dans les coffrages.

Chez Robbi Levesque, en frappant les parois du sous-sol de la paume de la main, on a l'impression d'une masse «puissante» et compacte. Une petite ouverture, pratiquée au bas d'un mur, laisse voir un béton bien formé reproduisant le profilé intérieur de la styromousse. Elle sera colmatée de polyuréthane.

«Le 15 décembre, l'enveloppe du bâtiment devrait être fermée. Alors, nous travaillerons à l'abri. Nous devrions habiter notre maison à compter de juin prochain», espère-t-il.

Elle sera revêtue de brique. À l'intérieur, de gypse. Les plafonds seront hauts pour chasser l'impression d'écrasement. Y compris au sous-sol.

Les fenêtres seront en bois et à crémone, comme dans le bon vieux temps. Elles seront à double vitrage énergétique. Avec possibilité d'une contre-fenêtre, du fait de la profondeur de l'ouverture. Ce qui donnerait lieu à un triple vitrage. L'entretoit sera isolé de cellulose qui, faite à base de papier, ne contient ni adhésif ni formaldéhyde.

Car, chez les Levesque, on pense écologie. Et développement durable. puisqu'on envisage la mise en place d'une pompe géothermique. Les dépenses en climatisation et en chauffage notamment seront infimes.

Combien vous coûtera votre maison, hormis la pompe géothermique? demande Le Soleil à M. Levesque.

«Elle équivaudra au prix d'une maison classique de luxe construite par un entrepreneur. Mais avec une extraordinaire valeur ajoutée compensée par les économies de main-d'oeuvre», répond-il.

Silencieux

Entre-temps, le chantier est silencieux. «Nous travaillons sans coffre d'outils. Nous n'avons besoin que d'une petite scie à gypse pour tailler les coffrages de 96 po X 18 po, d'une masse douce pour la liaison mécanique des blocs, d'un pistolet à polyuréthane pour boucher des ajours occasionnels, d'un levier de pliage et de coupe des tiges d'acier», détaille-t-il. Nul sifflement de scie, nul fracas de cloueuse pneumatique. Et presque aucun déchet de construction.

UNE RÉALISATION À SOIGNER

La résistance thermique des coffrages isolants bien installés est remarquable. Leur espérance de vie utile également. Mais à quoi bon si le pourtour des fenêtres laisse passer l'air et si l'entretoit, l'hiver, est une pompe à chaleur aussi bien qu'un formidable foyer d'humidité?

«Nous avons vu des maisons en coffrages isolants échouer à des tests d'infiltrométrie pour des raisons semblables et se voir refuser la certification Novoclimat», note le conseiller de l'Agence de l'efficacité énergétique du Québec (AEEQ) et ingénieur Benoît Legaré.

Car une maison, en regard de l'efficacité énergétique, est un tout. Une faiblesse mécanique ici peut éteindre le rendement thermique d'un équipement de qualité première là. Un ajour de quelques pouces dans une lisse de contour réprime, par exemple, l'efficacité d'un système de chauffage hyperperformant.

Géothermie

D'un autre côté, une maison construite en coffrages isolants et, de surcroît, à la façon Novoclimat, pourrait éterniser, suivant encore la grosseur du bâtiment, le temps de retour de l'investissement sur une pompe géothermique. Car le «plateau» de performance de l'enveloppe seule est très élevé.

Mais M. Legaré admet que cette façon de voir est strictement économique. Il concède que, dans la perspective des bouleversements climatiques appréhendés (vents violents, hausse des températures, etc.), un ménage qui se serait pareillement équipé et qui aurait gardé sa maison très longtemps aura mis toutes les chances de son côté. «On ne pourra que lui en faire louange», trouve-t-il.

Le conseiller de l'AEEQ rappelle qu'une maison construite façon Novoclimat donne lieu à un surcoût de 3 % à 4 %, mais avec confort ajouté. Une autre maison faite en coffrages en béton coûtera éventuellement de 10 % à 12 % de plus. «Il faudra cinq à sept ans pour amortir le surcoût de la première, 14 à 15 ans pour l'autre», pense-t-il.

____________________

(*) Il y aurait une centaine de fabricants de coffrages isolants au pays, une trentaine au Québec. Parmi lesquels Nudura, Polycrete, Izobest, Thermoform, Kep, Blue Maxx et Isobloc.