«Une maison isolée avec du chanvre respire, explique Michèle. Nous ne voulions pas d'une habitation étanche dotée d'un échangeur d'air. L'apparence et la durabilité du chanvre nous plaisaient aussi.»

«Une maison isolée avec du chanvre respire, explique Michèle. Nous ne voulions pas d'une habitation étanche dotée d'un échangeur d'air. L'apparence et la durabilité du chanvre nous plaisaient aussi.»

Les deux femmes planifiaient depuis plusieurs années la construction de leur demeure aux abords d'un étang, dans les Cantons-de-l'Est. Elles n'imaginaient pas que les travaux prendraient autant d'ampleur... et de temps.

Elles ont surtout construit la maison avec l'aide de deux de leurs proches, Guy et Patrick. Ils ont fait le coffrage des fondations, en mai 2005. «Une sacrée aventure, dont je me souviens avec plaisir», dit Michèle.

La structure en poutres et poteaux a été assemblée en grande partie à l'aide de 104 poutres récupérées, il y a environ sept ans, qui proviendraient de la dernière écurie démolie dans le Plateau-Mont-Royal. Elles étaient couvertes de clous, qu'il leur a fallu enlever un à un.

Dans le salon et la salle à manger, dotés de grandes fenêtres, le chanvre est visible.

Le chanvre, de 10 pouces d'épaisseur, forme les murs de la salle à manger, du salon et de la chambre. C'est le chanvre textile (cannabis sativa, de son nom scientifique) qui a alors été utilisé. Celui-ci n'a rien en commun avec le chanvre indien, qui sert à des fins récréatives. L'écorce de la tige, appelée chènevotte, est broyée, puis pétrie avec un mélange de plâtre, de chaux et d'eau. La pâte humide qui en résulte est ensuite mise à l'intérieur d'une structure de bois, le temps qu'elle se solidifie. «Le chanvre prend alors sa forme, explique Marie. C'est un peu comme du béton, mais le mélange de chanvre est moins liquide. Quand on le décoffre, le mur tient debout.»

Pour une question de coût, les deux propriétaires ont choisi de construire quelques pièces de façon conventionnelle. Les murs ont alors été isolés avec de la laine de roche. «Je ne suis pas sûre que cela soit plus économique, si on tient compte du prix de tous les matériaux, souligne Michèle. Et il y a beaucoup plus d'étapes à faire.»

L'extérieur est uniforme. Tous les murs sont recouverts de cèdre rouge de l'Ouest, qui provient de poteaux électriques d'Hydro, non créosotés. «Les pieds des poteaux ont pourri, mais la portion aérienne est encore très bonne, explique Marie. Nous avons fait couper ce bois en planches.»

Dans le salon et la salle à manger, dotés de grandes fenêtres, le chanvre est visible. Le trouvant très beau, les deux femmes n'ont pas encore appliqué un enduit dessus. Mais elles le feront ultérieurement. Le chanvre, ont-elles aussi constaté, assourdit la maison. Les pièces qui en sont dépourvues n'ont pas la même insonorisation que les autres. Elles sont écho.

Marie et Michèle ont emménagé en décembre dernier, même si la maison n'est pas encore finie. Pendant l'hiver, elles ont apprécié leur foyer de masse, dont la chaleur se dégage par radiation. «Le niveau de confort est exceptionnel, précise Marie. Mais c'est un mode de vie. Il faut être ici, car on fait un feu par jour et le foyer chauffe constamment.»

Elles sont particulièrement fières des briques qui recouvrent le foyer, récupérées lors de la démolition de la façade d'un bâtiment, à Waterloo. «Les briques n'ont coûté que 125 $, soit le coût du transport du conteneur plein de briques, explique Michèle. Nous avons dû enlever le mortier, mais quelle économie: des briques usagées, déjà nettoyées, auraient coûté plus de 1000 $!»

«La récupération est une mentalité. Cela fait partie de la maison verte, qui ne doit pas nécessairement coûter cher. Il faut être prêt à travailler et éliminer les intermédiaires.»