Mousse isolante, pellicule plastique, coupe-froid... Placés bien en évidence à l'entrée des centres de rénovation, ces produits nous rappellent qu'on n'y échappera pas: l'hiver est à nos portes. Littéralement. Aussi bien lui bloquer l'entrée. Par où commencer? Par un examen minutieux de sa maison.

Mousse isolante, pellicule plastique, coupe-froid... Placés bien en évidence à l'entrée des centres de rénovation, ces produits nous rappellent qu'on n'y échappera pas: l'hiver est à nos portes. Littéralement. Aussi bien lui bloquer l'entrée. Par où commencer? Par un examen minutieux de sa maison.

Équipé d'outils rappelant vaguement l'attirail des personnages de Ghostbusters, Robert Tremblay réalise des tests d'infiltrométrie dans les résidences de la région de Montréal. Bien qu'il ne traque pas les fantômes, il recherche un autre élément tout aussi insaisissable: les fuites d'air.

Pour déceler par où elles entrent, il installe une toile sur la porte d'entrée et y glisse un ventilateur qui pousse l'air de la maison vers l'extérieur. Cette pression négative force l'air de l'extérieur à entrer dans la résidence... par les brèches.

Les voilà démasquées. Les propriétaires connaissent alors les points faibles de leur bâtiment et peuvent y remédier. Le technologue émet toutefois un avertissement à ceux qui seraient tentés de tout boucher au silicone: «La maison doit respirer. Il est normal que l'air entre à l'intérieur et je dirais que jusqu'à un certain niveau, c'est même sain. Quand les courants d'air nuisent au confort des occupants de la maison ou font grimper la facture d'énergie, alors là il faut agir.»

Habituellement, l'air d'une maison se renouvelle complètement quatre fois par jour. Dans une maison certifiée Novoclimat, une norme conçue par l'Agence de l'efficacité énergétique (AEE) pour rendre les maisons moins énergivores, ce changement s'effectue deux fois et demi.

Nous avons rencontré Robert Tremblay dans un bungalow construit dans les années 90. Le couple envisage le changement de la porte coulissante à l'arrière de sa résidence. Du coup, il veut connaître la résistance du bâtiment aux courants d'air, histoire de prévoir (ou pas) d'autres travaux de rénovations.

Par l'intermédiaire du programme ÉnerGuide de l'AEE, ils ont fait appel aux services d'un technologue. Après de multiples tests, M. Tremblay les a toutefois rassurés. Leur maison résiste bien au froid, malgré quelques fenêtres mal scellées. Idéalement, le couple devrait les faire réinstaller, mais d'ici là, un joint de silicone pour bloquer l'entrée d'air fera l'affaire.

En plein test d'infiltrométrie, alors que l'air pénétrait massivement dans la maison, un jet de fumée devant la fenêtre en disait long. Derrière la moulure au bas de la fenêtre, une brèche laissait toute la voie libre au vent frisquet de novembre.

Refaire l'isolation ou pas?

Robert Tremblay voit rarement des maisons aussi efficaces que ce bungalow de la Montérégie. «Les pires habitations sont celles qui ont une centaine d'années, mal rénovées au fil des ans, note-t-il. Parfois, j'arrive à peine à réaliser le test d'infiltrométrie tant l'air entre à l'intérieur comme par une passoire.»

Malgré tout, la solution dans ces cas-là n'est pas nécessairement de rouvrir les murs et de refaire l'isolation. «Si on calcule cet investissement d'un point de vue strictement financier, il ne s'agit pas d'une mesure qui soit rentable à court terme», affirme Martin Cardinal, conseiller en communication marketing pour l'Agence de l'efficacité énergétique.

Interrogé à ce sujet, le technologue va plus loin: «Je doute que l'on puisse avoir un retour sur l'investissement avant 100 ans dans la plupart des cas...»

Isoler à nouveau un bâtiment existant est une mesure coûteuse. L'AEE et la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) suggèrent d'entreprendre ce type de travaux au moment de refaire le parement extérieur d'une maison, ou encore d'entreprendre des travaux majeurs à l'intérieur.

«Si on se fait construire une maison neuve ou si on envisage de refaire complètement sa cuisine, alors là on peut commencer à songer à l'isolation, explique Wendy Pollard, conseillère principale à la recherche et à la diffusion de l'information à SCHL. Sinon, il est préférable de boucher toutes les fuites d'abord.»

POUR EN FINIR AVEC LES FRISSONS

Des gestes à poser

Audet, Isabelle

Il fait trop froid? Si vous envisagez calfeutrer les fenêtres de votre maison, faites vite. Quand la température extérieure descend à moins de 5 degrés Celsius, la différence de température avec l'intérieur diminue l'adhérence de la plupart des produits. Pour de meilleurs résultats, mieux vaut y consacrer une heure ou deux ce week-end ou la semaine prochaine.

La chasse aux fuites d'air est donc ouverte. D'après l'Agence de l'efficacité énergétique, les endroits les plus susceptibles de laisser entrer une brise frisquette sont les portes, les fenêtres, la cheminée, les fissures dans les fondations, les prises de courant, les interrupteurs, la fente pour le courrier et le bas des murs, où l'air se faufile malgré les moulures et les quart-de-rond.

INDICATEURS D'UNE MAUVAISE ISOLATION

- Le centre de la pièce est plus chaud que les espaces le long des murs.

- La fumée d'un bâton d'encens vacille ou disparaît quand on le place près d'une porte ou d'une fenêtre.

- Les planchers sont froids.

- Les murs sont froids au toucher.

- Les frais de chauffage sont élevés.

- Des moisissures prolifèrent sur les murs.

- Le confort est inégal d'un endroit à l'autre dans la maison.

Voici quelques produits réputés pour leur efficacité pendant l'hiver.

La mousse isolante


Dans le bas des murs et derrière les cadres de fenêtres, la mousse isolante permet de remplir un espace vide rapidement. Le produit permet des économies d'énergie significatives Il faut simplement s'assurer d'acheter une mousse à faible expansion afin d'éviter qu'elle ne cambre les cadres de portes et de fenêtres. Prix: environ 10$ la bonbonne de 454 gr.

Le silicone de saison

Complètement transparent, ce silicone s'applique avec un pistolet sur le cadre des fenêtres, leur conférant plus d'étanchéité. Il importe d'appliquer ce produit sur une surface propre, exempte de poussière, afin qu'il adhère parfaitement. Plus on applique le silicone en couche épaisse, plus il sera facile de l'enlever le printemps venu, comme une pelure de banane. Prix: moins de 5$ le tube de 300 ml.

Feuilles de plastique thermorétractables

Ces feuilles s'installent devant une fenêtre que l'on «condamne» pour l'hiver. Le responsable de la mise en marché chez Home Depot pour le Québec, Silvio Pintal, suggère de tendre ces feuilles de plastique par beau temps, lorsque le mercure est nettement au-dessus du point de congélation «Quand le cadrage de la fenêtre est froid, l'adhérence du produit diminue, dit-il. C'est à ce moment-là que le plastique décolle. Quand il est bien installé, le produit est tout à fait esthétique et efficace.» Prix: moins de 20$ pour la plupart des ensembles.

Feutre

L'air froid entre aussi par les prises de courant et les interrupteurs. Il suffit de placer un simple feutre derrière la plaque murale pour diminuer l'inconfort. Les centres de rénovation vendent des pièces pré-découpées. Prix: moins de 10$ chacune.

Coupe-froid

Les coupe-froid servent à boucher les fissures et les interstices des fenêtres et des portes. Ils sont essentiels au confort à la maison. D'après Silvio Pintal, trop de propriétaires achètent de nouvelles portes et fenêtres parce qu'ils les croient, à tort, inefficaces. En réalité, un simple changement de coupe-froid tous les cinq ans permet de bloquer les courants d'air. Prix: Généralement de 4$ pour les fenêtres à 20$ pour les portes.

Source: Société canadienne d'hypothèques et de logement

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Renseignements:

Agence de l'efficacité énergétique: www.aee.gouv.qc.ca ou (418) 627-6379

Société canadienne d'hypothèques et de logement: www.cmhc-schl.gc.ca