Ce nouveau bâtiment, c'est Habitat 07, un clin d'oeil aux 40 ans d'Habitat 67, ce complexe architectural qui a ébloui les visiteurs de l'Expo de Montréal.

Ce nouveau bâtiment, c'est Habitat 07, un clin d'oeil aux 40 ans d'Habitat 67, ce complexe architectural qui a ébloui les visiteurs de l'Expo de Montréal.

Après avoir misé sur le recyclage des déchets pour la construction et la rénovation dans les Artisans du rebut global et sa suite, les Citadins du rebut global, voilà que les Compagnons du rebut global devaient ériger, en neuf semaines - temps normal pour construire une maison standard de A à Z -, un bâtiment reposant sur des techniques de construction écologique, sans qu'on y retrouve la moindre trace de plastique.

On a ajouté deux membres à l'équipe (ils étaient auparavant cinq) et on les a dotés d'un budget de 77 777,77$, une somme substantielle par rapport aux 15 000$ consentis pour les constructions précédentes. «Il aurait été complètement irréaliste de construire une maison avant-gardiste avec un si petit budget», explique Marc Saint-Onge, concepteur et producteur de l'émission.

Les énergies alternatives à l'honneur

Au premier coup d'oeil, cette maison artisanale, située près du quai de Baie-Saint-Paul, impressionne par son design et son volume: 1300 pieds carrés. On est loin des petites maisons expérimentales, sympathiques mais inhabitables, des séries précédentes. Recouverte de planches d'épinette torréfiée, elle pourrait faire la une d'une belle revue d'architecture. «C'est notre maison la plus achevée. Les participants ont eu plus de temps et de liberté pour la création», affirme M. Saint-Onge.

Le principal défi, c'était de rendre la maison autonome sur le plan énergétique en misant sur les énergies alternatives et l'efficacité énergétique.

Tout a été pensé pour réduire au minimum les besoins en énergie. Les fenêtres ont été orientées sud-est, ce qui permet de faire le plein d'énergie solaire. On a aussi monté des murs en ballots de paille.

Cependant, malgré l'installation de 12 panneaux photovoltaïques, d'une petite éolienne, de capteurs solaires thermiques et de toute la quincaillerie nécessaire pour leur fonctionnement, on n'y est pas complètement parvenu. «Pour être 100% indépendant, il nous aurait fallu un budget beaucoup plus substantiel, notamment pour l'acquisition de batteries», explique Francis Pronovost, ingénieur et responsable des systèmes énergétiques alternatifs dans ce projet.

Sauf qu'Habitat 07 n'est pas simplement connectée au réseau d'Hydro-Québec, mais plutôt «interconnectée». Il s'agit de la première maison à participer au programme «option de mesurage net» de la société d'État, qui permet aux autoproducteurs d'énergie d'injecter leur surplus dans le réseau d'Hydro. En plein été, quand le soleil est à son zénith, cette maison produit plus d'énergie qu'elle n'en consomme, surplus qui retournent dans le réseau public en échange d'un crédit d'énergie équivalent. «C'est comme si on faisait tourner la roulette du compteur en sens inverse», affirme M. Pronovost.

Foyer de masse

Tout a été pensé pour réduire au minimum les besoins en énergie. Les fenêtres ont été orientées sud-est, ce qui permet de faire le plein d'énergie solaire. On a aussi monté des murs en ballots de paille.

C'est un imposant foyer de masse trônant en plein coeur du salon qui assure le chauffage de la maison. «En hiver, un seul gros feu en matinée devrait suffire à réchauffer la maison pour toute la journée», soutient Jean Fiset, entrepreneur en construction et chef de projet. Autre avantage: le foyer de masse, par sa très haute température de combustion, rejette beaucoup moins de polluants dans l'air qu'un poêle à combustion lente conventionnel.

En prime, le budget de construction n'a même pas été défoncé, même qu'il reste encore des surplus. Pourtant, le lieu de construction n'a pas facilité la tâche des constructeurs. «Les ressources en région se font plus rares. Ce n'était pas toujours facile», raconte Yann Grenier, 30 ans, technologue en architecture.

La construction de Habitat 07 fera l'objet d'une série documentaire diffusée sur les ondes de Télé-Québec en janvier prochain.

L'équipe de production a également visité la France, le Texas et la Californie pour nous présenter des reportages sur ce qui se fait de mieux dans le monde en matière de construction écologique. On pourra voir entre autres un reportage sur Patrick Blanc, concepteur de murs végétaux de renommée internationale, à qui on doit le musée du quai Branly, à Paris.

Nouveauté 2006, les Compagnons pourront enfin tester leur maison le temps d'une fin de semaine, chose que les constructeurs ont rarement, sinon jamais, la possibilité de faire dans la vraie vie. Ils pourront jouir, à travers les immenses fenêtres et les hublots, de vues imprenables sur le fleuve et l'île aux Coudres. Les chanceux!

La maison sera cédée par la suite à la municipalité de Baie-Saint-Paul, qui jongle avec l'idée d'en faire un centre d'interprétation.