D'ici quelques mois, le promoteur Christensen Developments entreprendra la construction d'un des complexes les plus attendus au pays. Un peu comme un BedZED canadien, Emerald Hills, situé à Sherwood Park, devrait répondre aux plus hauts critères de la construction verte. Géothermie, récupération des eaux de pluie, efficacité énergétique maximale, construction à partir de matériaux recyclés et récupérés:une équipe de chercheurs de l'Université de Colombie-Britannique, à Vancouver, détermine actuellement les innovations dont pourrait profiter le complexe.

D'ici quelques mois, le promoteur Christensen Developments entreprendra la construction d'un des complexes les plus attendus au pays. Un peu comme un BedZED canadien, Emerald Hills, situé à Sherwood Park, devrait répondre aux plus hauts critères de la construction verte. Géothermie, récupération des eaux de pluie, efficacité énergétique maximale, construction à partir de matériaux recyclés et récupérés:une équipe de chercheurs de l'Université de Colombie-Britannique, à Vancouver, détermine actuellement les innovations dont pourrait profiter le complexe.

Le promoteur est aussi appuyé dans son ent repr ise par le gouvernement fédéral et la Fédération canadienne des municipalités. «D'après les prévisions d'Ottawa, il s'agira du quartier le plus écologique au Canada», affirme Bard Golightly, président de Christensen Developments. «Au bout du compte, plus de 2000 personnes y vivront dans environ 1200 maisons et appartements.»

Bâtir vert, d'accord, mais le promoteur et ses partenaires publics entendent pousser plus loin l'initiative. À l'instar de BedZED M. Golightly y a d'ailleurs séjourné une semaine, Emerald Hills pourrait adopter un mode de fonctionnement durable.

«On bâtit, les acheteurs viennent, et qu'est-ce qui arrive après? Nous devons informer les résidants des impacts de leurs habitudes de vie sur la planète si l'on veut que le complexe soit vraiment écologique», croit le promoteur. Christensen Developments fonctionnera donc comme l'a fait Peabody à Londres pour BedZED. Il construira vert, mais il vendra ses propriétés sans trier les acheteurs en fonction de leurs convictions écologiques.

Pour les amener à changer certaines de leurs habitudes, l'entreprise envisage de retenir les services de One Planet Living, organisme issu de BioRegional, le gestionnaire de BedZED. Le groupe a acquis une expertise pour créer et gérer des écovillages en Europe. La branche nord-américaine du groupe travaille actuellement à la conception d'un projet en Californie et négocie la création de communautés vertes à Victoria et Ottawa.

Et Montréal?

Londres, Sherwood Park, Victoria, Ottawa... Montréal regarde-t-il passer la parade?

Pas du tout, soutient Martin Wexler, chef de la division habitation au sein du service de la mise en valeur du territoire à la Ville de Montréal. «Ce type de projet est très intéressant. Si un promoteur en présentait un qui se conforme aux exigences de la Ville, particulièrement au niveau de la densité, je ne vois pas pourquoi Montréal ne pourrait pas bénéficier d'un complexe aussi écologique dans sa construction que dans sa gestion.»

Les règlements municipaux font toutefois la vie dure aux lotissements écologiques en milieu urbain. Si le promoteur veut construire des rues piétonnes à l'intérieur du complexe pour limiter l'utilisation de la voiture, la Ville pourrait refuser de les entretenir. C'est ce qui est arrivé à Bed-ZED, à Londres, et ce à quoi devra faire face aussi Emerald Hills, en Alberta.

La question de traitement des eaux grises (provenant de la douche) à grande échelle cause aussi problème. Les villes sont frileuses à entretenir des rues sous lesquelles passent de nombreux tuyaux qui ne leur appartiennent pas.

«Ce sont des projets avant-gardistes, dit Greg Searle, directeur de One Planet Living pour l'Amérique du Nord. Il est difficile de rester vert et de se plier à tous les règlements municipaux. Des citoyens nous mettent aussi des bâtons dans les roues, surtout parce qu'ils ne veulent pas de projet très dense près de chez eux. Or, la densité en milieu urbain est essentielle au développement de communautés durables. Non, chacun de nos projet n'est pas gagné d'avance.»