Le solarium traduit un refus. Celui que l'été prenne fin. On veut bien, l'automne, rentrer chez soi et se mettre au chaud, mais on n'entend pas renoncer au spectacle de la nature, estime le designer Dennis Plante de Québec. C'est ça ou on part en voyage. Dans le sud, de préférence.

Le solarium traduit un refus. Celui que l'été prenne fin. On veut bien, l'automne, rentrer chez soi et se mettre au chaud, mais on n'entend pas renoncer au spectacle de la nature, estime le designer Dennis Plante de Québec. C'est ça ou on part en voyage. Dans le sud, de préférence.

«Le solarium, qu'il soit tout verre ou à toiture, n'est pas essentiel pour être bien logé», admet le designer et pdg de Version III Design. Pourtant, en raison de son caractère enveloppant et de sa qualité de trait d'union avec la nature, il est attirant et jamais démodé.

Directeur de service chez Solariums Zytco de Québec, Jean Frenette ne connaît personne qui ne rêve pas d'en avoir un. Tandis que, dans son entreprise, on trouve que pareil équipement met le holà au surmenage des gens, si courant de nos jours.

Fabricant artisan de solariums à toiture et président de Domolux (Saint-Romuald), Ken Corcoran est d'avis que le solarium se substitue, chez soi, à la maison de campagne qu'on aurait voulue. Cette «presqu'île» qui s'avance dans le jardin, il la juge, lui aussi, thérapeutique.

De serre à salon

À l'origine, en Angleterre, on cultivait des agrumes dans les solariums. Ce, au coeur d'une baie de fenêtres à guillotine. Puis, à la fin du XIXe siècle, on a commencé à y prendre le thé (*). La société des gens se substituait donc à la solitude du jardinier.

Aujourd'hui, on y met le salon, le séjour, la salle à manger pour le souper sous les étoiles, la cuisine laboratoire parfois, le billard, le bain à remous, la bibliothèque ou la piscine.

Les Québécois, c'est connu, aiment se grouper autour de la table de cuisine pour bavarder. Seul le solarium les en fait sortir, dit-on chez Zytco. «C'est là, en tout cas, que la famille veut tout le temps être», renchérit Dennis Plante.

Le prix du luxe

En 2000, environ 600 solariums «quatre saisons» ont été construits au Québec. «L'an passé, il y en eut à peu près 1000$. On devrait en dénombrer autant cette année», évalue M. Frenette. Ce qui est 66 % de plus qu'en 2000$.

En fait, la demande est particulièrement énergique depuis les trois dernières années. Le «cocooning» et le fait que les gens voyagent moins ne sont pas suffisants pour expliquer la demande.

L'explication, d'après lui, est du côté du prix des maisons. Il a monté (40 % au moins) plus que celui des solariums (18 % à 20 %).

À l'époque, une «verrière» pouvait correspondre à 30 % du prix d'une propriété. À présent, l'écart est en dessous de 25 %. La dépense paraît donc plus viable. Sans compter l'amélioration de la qualité de vie.

Néanmoins, ce sont les baby-boomers qui sont les plus nombreux à en vouloir. Ils ont pris dernièrement leur retraite ou sont sur le point de la prendre. Leur maison est payée. Leur pouvoir d'achat est accru.

«Les institutions financières leur proposent des prêts hypothécaires pour rénovations sur 15 ans, à taux avantageux. Elles leur consentiront 50 000 $, ils feront faire un solarium pour 35 000 $ et emploieront le reste pour d'autres travaux», suppose M. Frenette.

Encore qu'un solarium de 35 000 $ est maintenant basique. À ce prix, tout en verre, ses dimensions seront théoriquement de 10 pi X 14 ; avec toiture et 80 % de fenestration, de 14 X 14 éventuellement.

Zytco, par exemple, élève une haute «verrière» contre une maison de choix de la région de Québec. Le verre seul coûte 110 000 $. Pareil cas n'est pas commun, mais induit tout de même une tendance.

Mais jamais, insiste M. Corcoran, un solarium ne doit donner lieu à une moins-value. S'il est disproportionné par rapport à la taille de la maison, s'il s'oppose à son architecture et à son environnement, s'il suinte à grosses gouttes ou semble un ramassis de panneaux de verre, qui s'y intéressera et qui se disputera la propriété lorsqu'elle sera en vente? se demande-t-il.

Quête énergétique

Quant aux solariums à «verre double énergétique», ou Thermos, c'est fini. Ou presque. L'été, la chaleur s'insinuait assez volontiers, l'hiver, elle était fuyante.

Maintenant, c'est le triple verre métallisé à pellicules réfléchissantes et avec gaz argon, plus captif qu'il ne le fut jamais (à cause d'un silicone de scellement de très haute tenue), qui a la cote. Les entrepreneurs en solariums sérieux n'emploient plus que ça. D'un autre côté, l'indice d'isolation R est d'au moins de 8,5 par opposition à 4 pour le verre double énergétique.

Quant aux rayons UV, si incommodants, qui décolorent les matériaux et défont les fibres des tissus, il s'en introduit cinq fois moins. «De 250 BTU/h, on tombe à 49», précise M. Frenette.

Cependant, on ne peut avoir un solarium tout triple verre sans avoir, au printemps, le plaisir d'ouvrir fenêtres, portes et guichets pour respirer l'air frais et compter parmi les premiers à manger dehors. Sans l'inconvénient, par ailleurs, des assommants rayons UV au-dessus de soi qui ruinent plaisir et confort. «Un peu comme si on convertissait son solarium en auvent», compare M. Frenette.

Autrefois, le triple verre - qu'on appelait caloriverre - était très cher. «C'est en Ontario qu'on le faisait. Le transport était très onéreux», se souvient-il. À présent, Zytzo s'approvisionne à Québec où on le fabrique d'ailleurs.

Son prix est plus élevé de 2000 $ à 3000 $, encore qu'il soit modéré par la presque absence des frais de transport. Mais il est plus frais l'été, plus chaud l'hiver pour une dépense moindre en énergie.

Fiable

Par ailleurs, le triple verre serait si fiable à présent que les fabricants, selon Dennis Plante, le garantissent 10 ans voire 20 ans contre le descellement. Ce qui le garde, en principe, de toute condensation.

Cela, pour peu qu'il ait été installé avec doigté sur des fondations qui ne bougent pas. Les pieux à vrille à gaine glissante et les sonotubes à pilastre ou à large semelle - des façons nouvelles de faire, en quelque sorte - sont des procédés économiques et d'une grande fiabilité.

À savoir:

> À moins qu'on n'opte pour des fondations classiques en béton. Pour pareil chantier, il faut s'attendre à allonger 8000 $ à 10 000 $, outre les travaux de réfection du terrain qui aura été abîmé, comparé à la moitié du prix pour les pieux à vrille.

> Des fondations d'une grande fixité, rappelle-t-on, gardent le verre et sa structure portante contre tout mouvement. En principe, fini les infiltrations d'eau d'une part, le descellement des intercalaires et la condensation d'autre part.

> «En fait, beaucoup de problèmes inhérents aux solariums sont maintenant réprimés. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en a plus du tout», pondère M. Frenette.

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Source: David Wilson, Solariums et jardins d'hiver, Éditions de l'Homme, 2006