«On a une terrasse, un terrain à l'arrière, un cinéma maison dans la mezzanine, un garage... et on habite à une quinzaine de minutes en voiture du centre-ville! s'exclame Pierre Labecque, nouveau propriétaire d'une maison jumelée des Cours Lafontaine, dans l'arrondissement d'Anjou. Jamais de pont à traverser, et une vraie vie de banlieue le soir quand on retourne à la maison.»

«On a une terrasse, un terrain à l'arrière, un cinéma maison dans la mezzanine, un garage... et on habite à une quinzaine de minutes en voiture du centre-ville! s'exclame Pierre Labecque, nouveau propriétaire d'une maison jumelée des Cours Lafontaine, dans l'arrondissement d'Anjou. Jamais de pont à traverser, et une vraie vie de banlieue le soir quand on retourne à la maison.»

Le Montréalais et son conjoint, Luc Durette, tenaient mordicus à des critères difficilement conciliables dans la métropole. Ils voulaient une maison neuve près du centre-ville, pour moins de 350 000$ et à proximité d'une station de métro.

«Je suis beaucoup plus du type centre commercial que rue Saint-Denis quand vient le temps de faire mes achats, mais je ne voulais pas sacrifier la vie urbaine pour mon petit côté banlieusard, raconte M. Labrecque. Nous avons réussi à tout concilier deux fois sans être millionnaires.»

La première fois, c'était en 1998, dans les balbutiements de la deuxième phase du projet Angus, dans Rosemont. Le couple a acheté une maison de ville dans un secteur qui n'était alors qu'un vaste champ boueux.

Il y a été heureux, mais en voyant les plans des Cours Lafontaine l'année dernière, l'attrait du neuf a été plus fort. Les deux hommes allaient déménager un peu plus à l'est dans une maison jumelée et revivre l'émergence d'un quartier.

Dans la première phase du nouveau quartier, 160 maisons voisinent 240 appartements. Très vaste, le terrain aux abords de l'hôpital Louis-H.-LaFontaine permet un certain étalement. De telles occasions de construire des maisons neuves sont rarissimes dans l'île près d'une station de métro.

Une question d'argent

D'après des données de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), une seule nouvelle maison détachée a été construite dans lequartier Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension depuis quatre ans, et aucune dans le Plateau Mont-Royal. Les terrains dans les quartiers centraux coûtent cher et les promoteurs les rentabilisent en densifiant leurs constructions. Six appartements à 250 000$ rapportent plus que deux maisons à 500 000$.

«On remarque que dans certains cas, le coût élevé du terrain fait en sorte qu'en construisant des maisons, le promoteur ne peut pas être compétitif avec le marché existant dans le secteur, explique Astrid Joseph, analyste de marché à la SCHL. Il est alors moins risqué de construire des appartements.»

Patrick Côté, président du Groupe Axxco, pilote toutefois deux chantiers où il vend des maisons neuves dans le centre de Montréal. Les maisons de la première phase des Cours Lafontaine sont vendues à plus de 90% un an après leur mise sur le marché, et le Square Beaumont, à Mont-Royal, fait tout aussi bien. Le complexe de 16 maisons de ville dont le prix oscille entre 400$ et 500 000$ est presque tout vendu.

«Il faut trouver l'équilibre entre nos profits et ce que veulent les acheteurs, croit M. Côté. Dans le cas des maisons, c'est plus difficile à trouver, mais je vois bien que ça répond à une demande. Il faut trouver le bon terrain, et parfois oser un peu.»

Le Square Beaumont se trouve d'ailleurs sur un terrain qui était négligé depuis des années, face au centre commercial Beaumont et à la limite du quartier Parc-Extension. L'achat de ce lot légèrement à l'écart des autres rues résidentielles de Mont-Royal a toutefois permis au promoteur de bâtir des maisons moins chères que les grandes demeures du secteur.

Une occasion qui a attiré plusieurs jeunes familles. «Le zonage nous permettait de construire des appartements sur ce terrain et peut-être de faire plus d'argent, explique M. Côté. Par contre, quand on observe le marché montréalais, on constate rapidement que ce qui manque, ce sont les maisons neuves. Je ne pense pas qu'on va le regretter.»