À Montréal, Verdun est le champion toutes catégories de la conversion de logements en copropriétés divises (condos): 146 logements y ont fait l'objet de demandes de dérogation en quatre ans. L'arrondissement arrive nettement en tête devant Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (62) et Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce (60).

À Montréal, Verdun est le champion toutes catégories de la conversion de logements en copropriétés divises (condos): 146 logements y ont fait l'objet de demandes de dérogation en quatre ans. L'arrondissement arrive nettement en tête devant Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (62) et Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce (60).

Dans certains arrondissements, comme le Plateau Mont-Royal, le nombre de demandes de conversion est tombé à zéro quand on a adopté des règlements les bannissant. À Lachine, ces conversions sont désormais possibles dans le triangle formé par la 34e Avenue, la rue Broadway et le boulevard Saint-Joseph.

Mais le record est détenu par l'arrondissement et ex-ville de Verdun: depuis 1995, 331 logements ont été convertis en condos.

Interviewé par La Presse, le conseiller Alain Tassé, responsable de l'habitation, dit que ce taux est dû à la proportion de locataires à Verdun et à la volonté d'un grand nombre d'acheter leur logement.

«On a déjà eu 78% de locataires, dit-il. C'est peut-être moins maintenant, mais pas beaucoup. Pour les deux dernières années, la conversion est en fait de 84 logements sur 38 000. Ce n'est pas beaucoup.»

Les organismes communautaires estiment que la plupart des ménages locataires ont des revenus insuffisants pour leur permettre l'accès à la propriété. De plus, à Verdun, ils se plaignent que l'arrondissement ne brille pas par sa politique de création de logements sociaux. La proportion de logements sociaux et communautaires dans le parc locatif est de 5,4% (1115 logements sociaux pour 20700 ménages locataires). Cela classe Verdun 15e parmi les 19 arrondissements montréalais, selon des données compilées par la division du développement de l'habitation de Montréal (DDHM).

Les demandes en logements sociaux sont nombreuses dans l'île. À Saint-Léonard, par exemple, près de 66% de la population est locataire et, selon l'organisme communautaire Action dignité, il y faudrait 500 logements sociaux. L'arrondissement, dirigé par le président du comité exécutif, Frank Zampino, se place au 18e rang dans le classement précité.

Suzanne Chantal, conseillère économique à la DDHM, dit qu'un peu plus des deux tiers des 520 000 logements de Montréal sont locatifs. La conversion de quelques centaines de logements en condos ne représente donc qu'une infime proportion du parc de logements montréalais, dont le taux d'inoccupation était de 2,1% en 2005. L'offre de logements est d'ailleurs en hausse constante depuis 2001, et ce mouvement se poursuivra l'an prochain.

Selon la loi, les arrondissements et la Régie du logement doivent tenir compte de ce taux d'inoccupation pour évaluer les demandes de dérogation.

«Pour avoir fait l'analyse, je peux dire que ce critère de taux d'inoccupation est très intéressant. Quand le marché est très serré, ce n'est pas possible de convertir en condos, afin de garder les logements, dit Mme Chantal. Dans 25% des cas, ce sont les locataires qui achètent leur propre logement.»

La conversion en condos: quelques dates

1975: le 26 novembre, un moratoire sur la conversion des appartements en copropriétés est adopté partout au Québec.

1987: des dérogations deviennent possibles au Québec si les villes adoptent un règlement en ce sens. La Régie du logement tranche sur les demandes de dérogation.

1993: Montréal adopte un règlement qui permet les dérogations dans certaines zones, et si le taux d'inoccupation est supérieur à 3%.

1997: le taux d'inoccupation devient l'unique condition à Montréal.

2002: la compétence d'accorder des dérogations revient aux arrondissements.