Kendra Lee ne se voit pas comme une maniaque de la propreté, mais son mari la trouve légèrement toquée à ce sujet. Disons simplement qu'elle ne peut pas partir en vacances sans que les comptoirs soient propres et l'aspirateur passé. «L'idée de rentrer dans une maison en désordre gâcherait mon voyage», dit Mme Lee, organisatrice d'événements. Elle tient sa mère responsable de cette manie. Maman utilisait un gant blanc pour chercher de la poussière dans sa chambre lorsqu'elle était enfant...

Kendra Lee ne se voit pas comme une maniaque de la propreté, mais son mari la trouve légèrement toquée à ce sujet. Disons simplement qu'elle ne peut pas partir en vacances sans que les comptoirs soient propres et l'aspirateur passé. «L'idée de rentrer dans une maison en désordre gâcherait mon voyage», dit Mme Lee, organisatrice d'événements. Elle tient sa mère responsable de cette manie. Maman utilisait un gant blanc pour chercher de la poussière dans sa chambre lorsqu'elle était enfant...

Diane Dobry, quant à elle, n'irait pas jusqu'à se qualifier de souillon, mais elle remarque que son mariage s'est terminé en partie parce qu'elle et son mari avaient des conceptions divergentes de la propreté.

Par courriel, elle souligne son sentiment en majuscules: «Je DÉTESTE les travaux ménagers et fais tout mon possible pour les éviter.» Mme Dobry, qui prépare un doctorat, rejette également la responsabilité sur sa mère, une femme tellement méticuleuse qu'elle s'est déjà levée au milieu d'une convalescence à la suite d'une intervention chirurgicale pour nettoyer la salle de bains de la chambre d'amis.

«Si ma mère avait eu des standards moins élevés, elle aurait pu me faire participer, dit-elle. Je n'ai jamais appris à faire le ménage parce qu'elle le faisait toujours pour moi.»

Quarante ans après que le féminisme eut promis de libérer les femmes des corvées ménagères, nous en parlons toujours comme si elles étaient seules concernées. Certaines, comme Mme Dobry, se rebellent. D'autres, comme Mme Lee, embrassent cette responsabilité.

Des auteures, comme la journaliste du New Yorker Caitlin Flanagan, écrivent des livres sur le sujet (To Hell with All That: Loving and Loathing our Inner Housewife - Ça suffit : aimer et détester notre ménagère intérieure). Les universitaires étudient même la question. Ceux de l'Université du Maryland, par exemple, viennent de découvrir que les femmes ont trouvé du temps pour le travail en rognant sur leur sommeil et sur les tâches ménagères. À l'Université de Virginia, ils ont trouvé que les femmes qui travaillent sont plus heureuses lorsque leur mari gagne plus qu'elles, même si elles font davantage de tâches ménagères...

Problème irrésolu

Bref, la question du ménage demeure irrésolue malgré quatre décennies de progrès dans l'égalité des sexes, malgré l'invention d'appareils qui nous facilitent la vie et l'émergence de la génération de femmes la plus instruite de l'histoire. Et tout cela, au moment où plus d'hommes que jamais admettent leur côté féminin.

Et si cela demeure une question délicate pour les femmes, ce n'est pas seulement parce qu'il faut trouver qui nettoiera les toilettes.

Le titre du livre de Caitlin Flanagan illustre bien cette ambivalence. «Je n'ai pas de goût particulier pour les tâches ménagères», dit-elle en entrevue, tout en admettant être accro aux émissions comme Martha, comme si elle admettait un penchant pour la pornographie. «Et en même temps que je suis attirée par ces émissions, je m'en méfie. On dirait un piège.»

Deux choses sont claires. D'une part, les femmes en font toujours plus que les hommes dans la maison. Les femmes mariées consacrent deux fois plus de temps au ménage que leur mari et les femmes célibataires passent deux fois plus de temps à faire le ménage que les hommes célibataires. Deuxièmement, une bonne partie du temps qui pourrait être consacré au ménage est passé à se disputer sur le sujet.

Neil Chethik a interrogé 300 hommes mariés de tous âges pour son livre VoiceMale: What Husbands Really Think About Their Marriages, Their Wives, Sex, Housework et Commitment (Ce que les maris pensent vraiment de leur couple, de leur femme, du sexe, des tâches ménagères et de l'engagement). «Le ménage est arrivé tout juste derrière l'argent comme principal sujet de dispute, dit-il. C'était plus haut sur la liste que la sexualité et l'éducation des enfants.»

M. Chethik a déjà échangé ses tâches domestiques avec sa femme, mais ils se sont rendu compte qu'ils préféraient leurs tâches habituelles. Mme Flanagan dit qu'elle se sentirait diminuée si, par exemple, son mari préparait à sa place le souper de l'Action de grâce. Tous deux sont d'avis que les femmes portent un bagage émotionnel plus grand sur cette question. Les femmes ne voient pas seulement un salon en désordre. Elles voient un échec dans l'atteinte des standards de leur mère, et une rébellion contre ces standards ou contre le jugement des voisins.

«Les femmes sont très attentives à un public invisible, dit Mme Flanagan en entrevue. Les hommes peuvent regarder la télévision avec des journaux éparpillés et de la nourriture partout. Cela ne les dérange pas. Ils peuvent faire le ménage plus tard. Nous, les femmes, avons l'impression que quelqu'un nous regarde. Il faut que nous ramassions ces journaux car qu'est-ce que les gens penseraient ?»

M. Chethik croit que les hommes ne se sentent simplement pas aussi responsables. «Pour les hommes que j'ai interviewés, ce n'est pas tellement qu'ils ne voulaient pas s'occuper des tâches ménagères, mais qu'ils ne remarquaient pas que la maison était sale.»

Les hommes ont-ils changé?

Mais il faut admettre que les hommes ont changé. Ils en font certainement davantage dans la maison que leurs pères.

L'ambivalence des femmes vient d'elles-mêmes, finalement. Les femmes ne sont pas ce que leurs mères étaient, mais elles ne sont pas prêtes à abandonner ce que leurs mères représentaient. Mme Flanagan, par exemple, écrit: «Je ne suis pas une femme au foyer. Je suis une mère à la maison et la différence entre les deux est énorme.»

«Une femme au foyer, écrit-elle, se définissait d'abord par sa relation à sa maison et à son mari», tandis «qu'une mère à la maison ne se sent pas d'obligation envers la maison elle-même». Elle cherche à «trouver une façon de combiner le rôle traditionnel des femmes dans l'éducation des enfants avec le partage des tâches et la libération domestique des femmes qui travaillent».

Sans vouloir contredire Mme Flanagan, cependant, les mères qui travaillent ne se prélassent pas exactement dans leur liberté. Au moins une étude a montré que celles-ci dormaient 3,6 heures de moins par semaine que celles qui n'occupaient pas d'emploi.