Celle de 2006 est actuellement élevée aux Galeries de la Capitale, en attendant d'être implantée, cet automne, rue Salzbourg dans le Faubourg Le Raphaël à Québec. L'autre, toujours solide, architecturale et bien portante, est située rue de Galais à Sainte-Foy.

Celle de 2006 est actuellement élevée aux Galeries de la Capitale, en attendant d'être implantée, cet automne, rue Salzbourg dans le Faubourg Le Raphaël à Québec. L'autre, toujours solide, architecturale et bien portante, est située rue de Galais à Sainte-Foy.

C'est leur salon respectif qui conjugue le mieux le passé au présent. Et vice versa. Leur caractère est épuré tandis que le plafond de chacun est garni de poutres apparentes. Celles de la maison actuelle sont fausses, mais formées de planches de mélèze juste bien équarries. Quant aux anciennes, elles sont authentiques et, de surcroît, lamellées. Ce qui, à l'époque, était révolutionnaire.

Chacune, par ailleurs, a son foyer. L'un au gaz, l'autre au bois. Le premier est habillé de quartz et d'un carrelage fin de céramique, le second de cuivre martelé et de maçonnerie. Les revêtements de plancher, cependant, ne s'accordent pas. La moquette, en 1957, s'oppose, en 2006, à un parquet de céramique harnaché de lamelles de bois rustique.

En fait, le salon de 1957, faisait maison nette de la tradition. En 2006, en revanche, tout en faisant éclater la modernité et en exaltant la Toscane, il reprend, en nuances, nos façons ancestrales de se loger et s'approprie même l'aimable sévérité des cloîtres du temps jadis.

Orient

La première maison familiale Kinsmen, d'un autre côté, se réclamait à la fois de l'Orient et des pays scandinaves.

Le salon de 1957, de généreuses dimensions, rappelait autant l'Orient que les pays scandinaves - Photo courtoisie Club Kinsgmen

La grosse cheminée se dressant au milieu du bungalow - lui-même d'origine asiatique - , le toit cathédrale et les poutres foncées rappellent l'Orient. Le bois structurel, le noyer «moderne» des meubles de la chambre à coucher principale et les clins d'aluminium bruns bardant le garage, la Scandinavie.

Quant à la cinquantième maison - un cottage d'esprit éclectique victorien - , elle interprète, à l'intérieur, l'Italie. Ce, avec ses voûtes, ses fontaines murales, ses stucs d'aspect rouillé, son marbre, ses carreaux de céramique éclatants, ses niches, ses portes à impostes, ses rosaces à fruits, ses lignes tantôt chargées tantôt épurées, sa dévotion pour la Madone et son Fils, ses vignobles, ses fresques, son fer ornemental, ses plafonds à caissons, ses soleils couchants qui tonifient les matériaux sombres et magnifie les clairs, ses plafonds subtils turquoise ou oranger qui, en renversé, renvoie l'image du décor objectif des lieux.

Cependant que de hauts lambris restituent le charme de nos maisons anciennes. De même les planchers «ancestraux» en bois veiné qui, comme un caméléon, s'accordent à tout décor. Sans compter le revêtement de plancher de la buanderie dont la céramique reproduit à s'y méprendre des lamelles de bois.

Salle de bains

En 1957, la seule salle de bain de la maison - dans celle de 2006, il y en a deux somptueuses de même qu'une salle d'eau - mettait fin au partage du lavabo unique. En fait, elle en compte deux, légèrement en porte-à-faux et carrées à l'orientale. Ils y seraient encore, selon ce qu'a appris Le Soleil.

Version 2006 d'une des pièces d'eau, prête pour les proahcins 50 ans.

Dans la salle de bain principale de la maison actuelle, il y en a deux également. Chacun en forme de vasque, comme s'il avait été déposé sur son meuble «lavabo». Ils reproduisent les cuvettes d'eau, destinés aux soins corporels, posés sur un des meubles de la chambre à coucher de nos aïeux.

En tout cela, les maisons de 1957 et 2006 s'opposent. La première est, en effet, avant-gardiste, la seconde nostalgique.

Cuisines

La cuisine de la première maison Kinsmen était confinée et plutôt étroite. C'était la mode. Son revêtement de plancher consistait en un carrelage de vinyle. Le comptoir était en «arborite imitation de marbre». Quant au lave-vaisselle et au frigo, ils étaient rose. C'était d'ailleurs la couleur dominante, toujours inchangée d'ailleurs, de la salle de bains.

En fait, le rose, le bleu cendré ou le vert sont à la maison de 1957 ce que le marron et l'oranger sont à la maison de 2006.

Quant à la cuisine de cette dernière, elle est «laboratoire» et peut réunir les membres de la «familia». Les uns pour participer aux tâches sans se piler sur les pieds, les autres pour bavarder simplement. Au sol, on aperçoit deux losanges composés des petits carreaux de céramique étrécis pour leur donne un effet d'étirement. Ils ne sont pas sans rappeler les imposants losanges extérieurs en saillie de la maison cinquantenaire.

Pour ce qui est des comptoirs, ils sont en ardoise massif ; l'évier, tout en porcelaine, est double et carré à l'ancienne. Les armoires, elles, sont en cerisier teint «noyer».

L'année 57 correspondait à la période de la télé noir et blanc sur pattes ou en cabinet. Celle de la maison de la rue de Galais était incrustée dans un des murs du vivoir. C'était «in». En 2006, c'est la télé maison à écran au plasma qui gouverne la pièce où elle se trouve.

À la maison sise aux Galeries, elle est à l'étage, nichée avec soin dans un placard pour l'occasion. Près de la fenêtre haute et cintrée, au loin, on aperçoit un divan de style art déco aussi opportun que durant les années 50.

Chambres

On dénombre trois chambres dans la première maison Kinsmen. Celle des parents, à l'angle du bungalow ; la deuxième, avec tables jumelles pour les études, était destinée à deux fillettes. La troisième à un garçonnet. Avec le regard actuel, elles ne paient pas de mine. Mais à l'époque, elles montraient le chemin.

La chambre principale, dans la maison actuelle, est aussi à angle. Les meubles sont imposants. Les rideaux et leurs garnitures, désinvoltes. Ils donnent lieu à des arlequinades, selon le maître d'oeuvre de l'aménagement, Yvan Bédard, lequel est designer d'intérieur et président de Design Onirique.

La chambre des ados est coquette et abondante de textiles tandis que leur salle de bains est pétillante de couleurs et d'humour. Sa porte, de tenue «institutionnelle», est pourvue de vitres givrées pour la course continue de la lumière.

Nulle part, dans la maison 2006, il n'y a de moquette. Que des carpettes aux coloris tendres, ici et là. Tandis qu'il y en a deux sont en sisal adouci.

Ailleurs, on trouve un mur en brique de culture ou en béton léger. Il présente un certain désordre linéaire. Autrement, on ne le prendrait pas au sérieux, trouve le designer. Ce pan de brique, contiguë à la cuisine, ouvre la voie au petit solarium. Il est sobre, clair et s'oppose à la cuisine de par une heureuse dissemblance.

L'aménagement intérieur de la maison Kinsmen 1957, rappelle-t-on, a été l'oeuvre de la décoratrice ensemblière Pauline Drolet de la maison Terreau & Racine (qui n'existe plus), laquelle avait fourni tous les meubles et accessoires de décoration. Depuis, c'est la Galerie du Meuble qui a pris le relais.