À l'instar de nombreux Canadiens, la retraite idéale pour ce couple commençait par l'achat d'un pied à terre à l'étranger. «La région est superbe et la maison avait un potentiel magnifique. On voulait y faire beaucoup de rénovations pour la remettre en état, car il n'y avait même pas de toilette», raconte l'un des propriétaires, qui préfère qu'on ne l'identifie pas.

À l'instar de nombreux Canadiens, la retraite idéale pour ce couple commençait par l'achat d'un pied à terre à l'étranger. «La région est superbe et la maison avait un potentiel magnifique. On voulait y faire beaucoup de rénovations pour la remettre en état, car il n'y avait même pas de toilette», raconte l'un des propriétaires, qui préfère qu'on ne l'identifie pas.

La transaction s'est faite sans problème et la maison a été achetée à bon prix. Ce n'est que lorsque le couple a décidé de se lancer dans les rénovations que les choses se sont corsées. "Nous avons engagé des ouvriers qui n'ont jamais fait les travaux que nous leur demandions, explique-t-il. Année après année, nous revenions à la charge, mais il aurait fallu rester sur place pendant des mois pour s'assurer que les travaux se fassent. Et ce n'était pas possible."

Déçu de la tournure des événements, le couple de Québec a décidé qu'il se départirait sous peu de la maison.

Il peut en effet être difficile de s'occuper de sa propriété à l'étranger si on ne vit pas sur place, souligne le notaire Paul Cusson, qui oeuvre auprès des étrangers qui veulent acheter des propriétés ici. «Il faut absolument avoir un intermédiaire sur place, ainsi qu'un notaire ou un avocat qui connaisse les lois du pays et ses subtilités», dit-il.

Les Québécois et les Canadiens qui se lancent dans cette aventure sont de plus en plus nombreux. Une idée qui peut s'avérer économique puisque dans plusieurs destinations appréciées, une bonne location coûte cher. «Il faut être extrêmement prudent dans ce genre de transaction», souligne toutefois François Des Rosiers, professeur à l'Université Laval spécialisé dans l'analyse des marchés immobiliers.

Avec la popularité croissante d'Internet, plusieurs sont tentés de faire l'achat d'une résidence en ligne et les courtiers sont nombreux à avoir flairé la bonne affaire. «Même si les gens ont vu des photos de la résidence, ils n'ont pas une idée claire de sa situation géographique. Ils pourraient avoir une grosse surprise en arrivant sur place», met en garde M. Des Rosiers. Le marché immobilier diffère d'un pays à l'autre et même d'une région à l'autre, souligne-t-il, et ce n'est pas toujours simple à comprendre.

Le droit de propriété

Dans certains pays, l'achat de biens immobiliers comporte des risques liés au fait qu'il est difficile d'obtenir un titre de propriété. Le courtier Paul Romano, qui exerce en Floride, explique que lorsqu'une offre d'achat est acceptée, c'est un avocat local - qui a le même rôle qu'un notaire ici - qui va servir d'intermédiaire pour la transaction. «La majorité de notre clientèle est québécoise et nous faisons affaire avec des avocats qui parlent français», dit-il.

M. Romano affirme qu'aux États-Unis, les courtiers ont un rôle très important et qu'il n'est pas recommandé d'acheter directement du propriétaire. «Ce n'est pas une pratique courante, contrairement au Québec, et ce n'est pas recommandé. Mieux vaut avoir un avocat qui est capable de vous expliquer le contrat en détail.»

En ce qui concerne le financement, les résidants étrangers peuvent avoir de la difficulté à obtenir une hypothèque s'ils ne travaillent pas sur place. Les institutions financières canadiennes peuvent prêter aux résidants qui achètent des biens immobiliers à l'étranger, mais sous certaines conditions.

Un prêt personnel peut être accordé, mais l'institution va préconiser une prise de garantie sur la résidence principale de l'emprunteur au Québec, par exemple. «Il y a une raison simple à cela: nos juristes ne connaissent pas en détail les lois de tous les pays et nous devons passer par des intermédiaires, explique Noël Roy, responsable des hypothèques au Mouvement Desjardins. C'est vraiment l'aspect légal qui nous bloque.» Pour faciliter la vie de leurs clients, des institutions financières, dont Desjardins et la Banque Nationale, ont ouvert des succursales aux États-Unis, en Floride notamment.

Prévenir plutôt que guérir

Même si on préfère souvent ne pas penser au pire, il est souhaitable de prendre des précautions en cas de décès. Le Canada ne perçoit pas d'impôt sur les biens transmis par décès, mais de nombreux pays le font, dont les États-Unis où le taux maximal peut atteindre 49 %. «Ce ne sont pas tous les pays qui reconnaissent la valeur du testament québécois», souligne Paul Cusson, ajoutant qu'il est important de faire traduire son testament si on achète une propriété dans un pays où la langue parlée est autre que le français.

Le notaire rappelle par ailleurs que les Canadiens doivent faire état dans leur déclaration de revenus de leurs gains en capital et des intérêts qu'ils touchent sur leurs biens à l'étranger. De plus, ceux qui détiennent à l'étranger des biens immobiliers dont la valeur dépasse 100 000 $ doivent impérativement les déclarer. Il existe cependant des conventions entre pays pour alléger le fardeau fiscal, et c'est notamment le cas entre le Canada et les États-Unis. Ainsi, si une personne doit payer des impôts aux États-Unis, elle aura probablement droit à un allégement fiscal au Canada. «Pour éviter une double imposition, il vaut mieux s'informer», indique M. Cusson.

Copropriété

Le courtier Paul Romano suggère à ceux qui ont parfois moins de temps à passer dans leur résidence secondaire de considérer l'achat d'un logement en copropriété. L'entretien des parties extérieures est partagé par les propriétaires et on peut ainsi laisser le condo inoccupé pendant de longues périodes sans avoir à s'en inquiéter.

Mais pour les amoureux de Québec, pas question d'acheter une autre propriété à l'étranger. Il a plutôt l'intention de faire des échanges de maison. «Je ne veux surtout pas décourager les gens d'acheter. Cela nous a permis de découvrir une superbe région et de tisser des liens mais, au bout du compte, ç'a été une grosse déception pour nous. Le rêve que nous avions s'est éteint», indique l'un d'eux.

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Pour plus d'information: www.voyage.gc.ca ou www.cra-arc.gc.ca