Et si certains, par respect pour les invités, les laissent en griller une après le repas, de plus en plus de gens exigeront de «passer au fumoir». En l'occurrence la cour, le balcon ou l'abri Tempo!

Et si certains, par respect pour les invités, les laissent en griller une après le repas, de plus en plus de gens exigeront de «passer au fumoir». En l'occurrence la cour, le balcon ou l'abri Tempo!

Mais la pratique n'est toutefois pas encore systématique. En effet, malgré une baisse significative du pourcentage de fumeurs au Québec - 22 %, près de la moyenne canadienne -, un sondage Léger Marketing réalisé en 2002 montrait que les Québécois sont ceux qui interdisent le moins de fumer dans leur domicile, soit 36 % pour une moyenne canadienne de... 61 % ! La palme du «fumage dehors» revient à la Colombie-Britannique, avec une interdiction de fumer dans 83 % des maisons. Un écart attribuable à de rigoureuses lois antitabac implantées depuis plus longtemps qu'ailleurs au pays.

Mais pour le Dr Fernand Turcotte, professeur au département de médecine sociale et préventive de l'Université Laval, la sensibilisation antitabac utilisée pour les lieux publics fait tranquillement son chemin dans l'espace privé québécois.

«Les fumeurs ne sont pas des cons, ils sont bien souvent les premiers à s'interdire de fumer à la maison, constate ce spécialiste de la lutte contre le tabagisme. Ils savent qu'il est dangereux d'exposer leurs enfants ou leur conjoint à la fumée secondaire et proposent spontanément de fumer à l'extérieur. On fait du chemin.»

Fumer sous la hotte?

Et pour ceux qui permettent de fumer à la maison, le bon docteur en profite pour abattre quelques mythes, notamment celui de fumer sous la hotte du four. «Ça ne sert à rien. C'est comme utiliser une capote en dentelle, illustre Fernand Turcotte. C'est bien joli, mais ça ne remplit pas sa fonction.» Même si le fan arrive à minimiser l'odeur de la cigarette, il faudrait «un courant d'air comparable à une tornade» pour contrer efficacement la contamination laissée par la fumée toxique, poursuit-il.

Une contamination qui est telle, selon lui, que certains pays comme l'Angleterre ont même noté une dévaluation des maisons habitées par des fumeurs. «Les dévaluations peuvent aller jusqu'à 20 %, avance-t-il. C'est le reflet d'une réaction du marché, les acheteurs disent: "On n'en veut plus".»

Cohabitation

Mais entre les résidences où il ne s'est pas allumé une clope depuis des lunes et celles aux murs jaunis à coups de Gitanes sans filtre, il existe aussi une réalité : la cohabitation.

C'est le cas d'Amélie, 25 ans, qui partage un 8 et demi du boulevard René-Lévesque Ouest avec trois amis. Dans le lot, deux fumeurs, un non-fumeur et Amélie, qui, se qualifiant candidement de «fumeuse non assumée», se laisse parfois tenter à «quêter» une cigarette à ses colocs. Une vraie microsociété.

«Personnellement, vivre avec des fumeurs ne m'a jamais dérangée, dit-elle. Ce serait ridicule de leur dire d'aller fumer dehors à -30 ° C. C'est une question de respect et ça fait partie de la game quand on accepte de vivre avec des fumeurs.»

Et que pense le Dr Turcotte de cette notion de respect? L'argument trouve peu d'estime à ses yeux. «Personne n'accepterait que quelqu'un revendique le droit de contaminer son logement avec la tuberculose! Eh bien c'est essentiellement la même revendication que de leur faire accepter sa fumée.»

Assurances

Fait non négligeable de la consommation de tabac à domicile, la cigarette demeure encore une cause significative des incendies de résidence, selon Alexandre Royer, du Bureau d'assurance du Canada (BAC).

Pour la période 1998-2002, les pertes matérielles découlant d'incendies attribuables à un article de fumeur se chiffraient à 77 millions $ et ont mené à 76 décès, selon des chiffres provenant du ministère de la Sécurité publique et fournis par le BAC. Dans le cas d'incendies mortels impliquant un article de fumeur, les pertes matérielles se sont élevées à 4 millions $.

De plus, l'absence ou le non-fonctionnement d'un détecteur de fumée a été constatée dans deux incendies mortels sur cinq. Une proportion qui augmente à plus de 55 % lorsque la source de chaleur est reliée au tabac.

Enfin, toujours selon le BAC, tous les assureurs ne posent pas systématiquement la question à savoir si les occupants des lieux assurés fument ou non, d'où l'importance, dit-on, de mentionner ce fait lors d'une demande de soumission ou d'informer son assureur lorsque l'on cesse de fumer.

Conseils pour une maison sans fumée

Agir - Il n'y a qu'une façon d'obtenir une maison sans fumée: envoyer les fumeurs dehors.

Se montrer ouvert - Acceptez le fait que les enfants ont le droit de vivre dans une maison sans fumée et soyez ouverts à discuter de comment, en tant que famille, il est possible d'y arriver.

Penser à bébé - Si vous êtes enceinte, demandez aux fumeurs que vous connaissez de ne pas fumer autour de vous. Dites aux gens que votre maison restera une maison sans fumée après la naissance du bébé.

Collaborer dans la fermeté - Si vous habitez avec un fumeur, appuyez ses efforts en vue d'arrêter, mais soyez fermes quant à votre droit de vivre dans un environnement sans fumée.

Accompagner vos visiteurs - N'hésitez pas à accompagner les fumeurs à l'extérieur pour leur prouver que ce ne sont pas eux que vous rejetez, mais bien la cigarette.

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Source: www.smokefreehomes.upei.ca