Les saisons influencent l'espace qu'on a envie d'occuper. Il s'agit d'un processus évolutif. L'hiver, on aime se blottir au coin du feu. Au printemps, on se tourne vers l'extérieur. Avec le temps plus clément, on a besoin de respirer, de prendre plus d'espace. Les pièces extérieures peuvent agréablement démultiplier l'aire à habiter.

Les saisons influencent l'espace qu'on a envie d'occuper. Il s'agit d'un processus évolutif. L'hiver, on aime se blottir au coin du feu. Au printemps, on se tourne vers l'extérieur. Avec le temps plus clément, on a besoin de respirer, de prendre plus d'espace. Les pièces extérieures peuvent agréablement démultiplier l'aire à habiter.

Les maisons ancestrales répondaient à ce besoin. Il y avait un poêle à bois au centre de la maison pour chauffer son ensemble. Puis, il y avait la cuisine d'été, les galeries couvertes ou non, selon l'orientation, pour aller s'y bercer et discuter. On ne mangeait pas à l'extérieur comme aujourd'hui.

Il faut prendre le temps de réfléchir à ce que l'on souhaite faire le plus souvent dehors. (Photo: APPQ)

J'ai passé quelques semaines dans une maison du sud de la France il y a quelques années. Ce qui m'a surpris de prime abord, c'est le nombre de tables et de chaises disposées autour de la maison en différents lieux. J'adorais pouvoir profiter de chacune d'elles tout au long de la journée. Une petite galerie pour le café du matin, une terrasse pour le repas du midi, un balcon pour l'apéro... chaque endroit avait ses qualités particulières qui nous faisait «goûter» la longue journée d'été.

Au Québec, après un hiver rigoureux, on veut donc passer plus de temps dehors. Première considération avant d'aménager une terrace ou une galerie: l'orientation. Il est impératif d'en tenir compte si l'on veut prolonger la belle saison, soit avoir le soleil pour nous réchauffer tôt au printemps jusqu'à tard à l'automne. Je privilégie le sud ou l'ouest.

Ensuite, il faut étudier le lien à établir entre les espaces intérieurs et extérieurs. Préfère-t-on rentrer directement dans la cuisine ou dans la salle à manger pour faciliter l'organisation des repas? Veut-on plutôt aménager un séjour extérieur pour y lire ou prendre l'apéro? Quel type d'ouverture permettra de circuler: une porte à battants, une porte-fenêtre coulissante, une porte qui se replie...? Il faut prendre le temps de réfléchir à ce que l'on souhaite faire le plus souvent dehors.

(Photo: Pierre Thibault, architecte)

Ce que j'aime particulièrement, c'est d'avoir l'impression que la galerie est le prolongement de l'intérieur, une pièce supplémentaire agréable à contempler de dedans. La fenestration doit alors être de bonne dimension et s'étendre jusqu'au sol. Les matériaux choisis sont aussi déterminants pour créer une atmosphère. Si la structure extérieure (terrasse, balcon...) s'élève à une certaine hauteur du sol, on peut utiliser le bois, sinon, on l'aménage directement au sol avec des pierres, des briques ou de l'interbloc.

Idéalement, j'opte pour un espace en bois car il est davantage associé à la maison qu'au jardin. On a ainsi le sentiment d'être dans une pièce extérieure. Je préfère les essences de bois qui résistent au passage du temps, soit le mélèze ou le cèdre. On le laisse alors grisonner et on n'a plus d'entretien à faire, sinon d'appliquer des teintures dans les tons de gris pour limiter le travail.

Les dimensions de la pièce extérieure, couverte ou non, sont cruciales. Elles doivent être déterminées en fonction de plusieurs facteurs. D'abord, cette annexe doit être bien proportionnée par rapport à la maison, ne pas être trop importante pour ne pas donner l'effet «d'écraser» la demeure. Aussi doit-elle poursuivre les lignes directrices de la maison. Elle sert de fenêtre sur un environnement.

La relation avec le jardin devient importante. L'aménagement paysager doit d'ailleurs être pensé pour qu'on puisse le contempler depuis la pièce plutôt que depuis la cour. Enfin, la galerie ne doit pas trop empiéter sur le jardin. La nature a intérêt à respirer.

Selon moi, le mieux est d'avoir une section non couverte pour capter le soleil et une autre couverte, pour profiter des journées de pluie tout en gardant contact avec l'extérieur. L'odeur de l'herbe mouillée après l'orage...

Et si on se trouve à la campagne, il faut opter pour la pièce moustiquaire. C'est pour moi la pièce extérieure par excellence, surtout avec un foyer. Dans les maisons que j'ai conçues hors de la ville, mes clients en ont fait leur pièce favorite pendant l'été.

Quoi de mieux qu'une sieste l'après-midi au grand air pour récupérer ! Cet endroit devient le séjour et la salle à manger. On peut y prévoir un mobilier confortable aux lignes sobres. Il faut toutefois faire attention d'éviter toute surenchère à la diversité des matériaux. Pour être agréable, cherchez une unité de matériaux et de couleurs, mobilier inclus. L'ensemble devrait rester aéré pour que le regard soit porté au-delà, vers le jardin, les arbres, le paysage.

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Pierre Thibault est architecte à Québec depuis plus de 20 ans. Diplômé de l'Université Laval, il partage sa vision de l'architecture et son expérience du milieu de l'habitation.