C'est le cas de Mélanie Beaulieu et Simon Pelletier, qui sont partis, l'an dernier, de Verchères pour acquérir une maison neuve à Sorel-Tracy. Évidemment, c'est principalement le prix qui a dicté leur choix. «Notre grand terrain à Sorel nous a coûté seulement 3 $ le pied carré, alors qu'à Verchères, il nous en aurait coûté facilement le triple», dit Mélanie Beaulieu.

C'est le cas de Mélanie Beaulieu et Simon Pelletier, qui sont partis, l'an dernier, de Verchères pour acquérir une maison neuve à Sorel-Tracy. Évidemment, c'est principalement le prix qui a dicté leur choix. «Notre grand terrain à Sorel nous a coûté seulement 3 $ le pied carré, alors qu'à Verchères, il nous en aurait coûté facilement le triple», dit Mélanie Beaulieu.

Sorel-Tracy a lancé deux campagnes promotionnelles pour stimuler la construction résidentielle, avec trois ans de congé de taxes.

Mais le prix n'était pas l'unique raison de leur déménagement. Pour eux, il n'y a pas de meilleur endroit pour élever leurs trois enfants. «Sorel n'est pas une ville-dortoir comme une autre. On y retrouve un vaste choix d'activités, des bords de l'eau et un centre-ville animé. C'est aussi très sécuritaire», explique cette Soreloise d'origine, qui fait un retour dans sa ville natale après plus de 10 ans d'exil.

À l'image de la Rive-Nord, l'explosion du prix des propriétés dans la première couronne force les ménages à revenus plus modestes à s'éloigner de plus en plus de Montréal. Alors que Laval déborde jusqu'à Saint-Jérôme, la Rive-Sud s'étire jusque dans la ville des frères Simard, située à 55 minutes du pont-tunnel Louis-Hippolyte Lafontaine.

L'attrait pour Sorel se fait fortement ressentir dans le marché de la revente. «Il y a quatre ou cinq ans, le marché était très tranquille. Puis, tout à coup, le téléphone s'est mis à sonner, comme si tous les gens s'étaient donné le mot. C'était la folie!» explique Serge Cournoyer, agent immobilier au bureau de La Capitale centre de Sorel-Tracy.

Selon ce dernier, la région profite au maximum de l'engouement pour le magasinage en ligne. «Les consommateurs découvrent notre région en naviguant sur le site du Service inter-agences (sia.ca). Sans cet outil, les gens n'auraient jamais su que nos propriétés étaient aussi peu chères.»

Depuis mai 2003, Sorel s'est enrichi de 520 nouveaux résidants, alors que de 1996 à 2001, la population avait chuté de 5,1 %, en raison du climat économique morose régnant dans la région. «On est passé en l'espace de 10 ans de fleuron de l'économie québécoise à champion de la décroissance. Les grandes usines licenciaient du personnel ou fermaient leurs portes», se rappelle Marcel Robert, maire de Sorel-Tracy depuis la fusion volontaire des deux municipalités en 2000. L'image de la ville a pâli.

Afin de redorer son blason, Sorel-Tracy a lancé plusieurs projets majeurs, comme la revitalisation du Vieux-Sorel et du Marché Richelieu, l'un des plus vieux marchés publics du Québec (Le Survenant de Germaine Guèvremont y faisait ses courses), et a entrepris la tâche de transformer le littoral du fleuve en espace public.

Comme les bas prix, ce dynamisme a donné un coup de pouce au marché immobilier, selon les agents joints par La Presse. «Les nouveaux résidants sont essentiels pour maintenir en vie nos institutions, telles que le cégep et l'hôpital, qui sont actuellement menacés par le vieillissement de la population, qui nous touche d'une manière aiguë», explique le maire.

La Ville a aussi lancé deux campagnes promotionnelles pour stimuler la construction résidentielle, avec trois ans de congé de taxes. Force est d'admettre que cette stratégie conventionnelle rapporte des dividendes. En 2005, la SCHL a enregistré 231 mises en chantier à Sorel-Tracy, en hausse de 76 % par rapport à 2004, déjà une année exceptionnelle. «Dans le neuf, la moitié des acheteurs sont des gens de l'extérieur», constate Denis Allard, d'Habitations Qualitech.

Signe des temps, on ne mise plus sur les aciéries et les chantiers maritimes pour attirer de nouveaux résidants, mais sur les îles de Sorel, porte d'entrée du lac Saint-Pierre, réserve mondiale de la biosphère. Faire le trajet Sorel-Montréal deux fois par jour, ça ne semble pas embêter les nouveaux Sorelois. «Ce n'est pas stressant parce que sur la 30, il n'y a jamais d'embouteillage», dit Mme Beaulieu. Et la CIT Sorel-Varennes vient d'ajouter deux autobus en partance pour Longueuil pour desservir la clientèle en heure de pointe du matin.

Malgré une forte augmentation de la demande, la valeur des maisons à Sorel-Tracy demeure nettement en dessous de la moyenne. En 2005, le prix moyen n'était que de 112 000 $ à Sorel-Tracy, comparativement à 187 000 $ à Verchères, 200 000 $ à Varennes, 207 000 $ à Longueuil et 210 000 $ à Sainte-Julie, indique la Chambre immobilière du Grand Montréal. «La course aux aubaines n'est pas terminée», conclut M. Cournoyer.

Statistiques pour Sorel-Tracy

2001 / 2002 / 2003 / 2004 / 2005

Nombre de ventes:

221 /270 /348 /421 / 366

Prix moyen de l'unifamilial:

73 000 / 74 000 / 87 000 / 99 000 / 112 000

Source : Chambre immobilière du Grand Montréal

Mises en chantier:

2000: 55

2001: 50

2002: 77

2003: 116

2004: 131

2005: 231

Source : SCHL