Ce printemps, l'immobilier revient sur terre. Tout doucement. Dans certains secteurs et pour certains types de maison, le marché est de retour au point d'équilibre, après avoir été radicalement à l'avantage des vendeurs.

Ce printemps, l'immobilier revient sur terre. Tout doucement. Dans certains secteurs et pour certains types de maison, le marché est de retour au point d'équilibre, après avoir été radicalement à l'avantage des vendeurs.

«Ceux qui pensent encore pouvoir demander la lune sont obligés de s'ajuster», dit Paul Cardinal, analyste principal à la Société canadienne d'hypothèques et de logement.

La demande est encore très forte. Mais il y a beaucoup plus de maisons sur le marché de la revente. Sans compter les unités neuves qui ont poussé comme des champignons, avec le boom de la construction.

«Les acheteurs ont plus de choix. Les maisons se vendent moins rapidement», constate Frances Martin, agent immobilier pour La Capitale, dans l'ouest de l'île de Montréal, un secteur où l'on voit justement de plus en plus de pancartes indiquant «prix révisé».

Il n'y a pas si longtemps, les maisons bien situées ne restaient pas en vente plus d'une semaine. Maintenant, ça peut prendre plusieurs mois, rapporte Mme Martin. Elle voit même des maisons non vendues après l'expiration du contrat avec l'agent (au moins trois mois, mais souvent six).

En 2002 et 2003, des années particulièrement endiablées, les vendeurs n'hésitaient pas à demander 5 à 10 % de plus que le prix du marché. S'ils ne vendaient pas immédiatement, ils n'avaient qu'à attendre. Le marché grimpait tellement vite qu'il rattrapait leur prix de vente en six mois.

«Maintenant, les gens qui demandent 25 000 $ de plus que la valeur marchande sont obligés d'enlever l'excédent après 60 jours», dit Serge Brousseau, propriétaire de Re/Max du Cartier qui dessert Outremont, Mont-Royal, Westmount et le Plateau.

Dans le condo, il commence à voir des prix révisés. Il sent aussi un essoufflement du côté des maisons haut de gamme. Selon lui, les acheteurs sont plus modérés car ils n'ont plus l'impression qu'ils pourront revendre à gros profit dès les années suivantes.

«Les ventes ont considérablement baissé dans le créneau des maisons de prestige», observe aussi Jean-François Voyer, président de Construction Voyer, un promoteur qui se spécialise dans la maison unifamiliale, surtout dans la couronne Nord.

Mais il signale que le marché est encore très actif pour des projets plus terre-à-terre (environ 300 000 $). Toutefois, les ventes ne sont pas gagnées d'avance.

Il y a deux ans, quand ses clients signaient une offre d'achat conditionnelle à la vente de leur maison, c'était dans la poche. Une question de semaines, tout au plus. «Maintenant, il faut espérer que ça se vende», dit M. Voyer. Parfois, la transaction traîne pendant des mois et le client fini par abandonner l'achat et reprendre son dépôt.