«En 10 ans, (la pratique) a tellement évolué ! En 1992, quand j'ai commencé, tous les bureaux travaillaient à la main. Aujourd'hui, il n'y a pas beaucoup de firmes qui fonctionnent encore comme ça», indique Éric Pelletier, architecte.

«En 10 ans, (la pratique) a tellement évolué ! En 1992, quand j'ai commencé, tous les bureaux travaillaient à la main. Aujourd'hui, il n'y a pas beaucoup de firmes qui fonctionnent encore comme ça», indique Éric Pelletier, architecte.

C'est que, au fil des ans, les logiciels d'aménagement intérieur et d'architecture ont connu un boom extraordinaire. Il est désormais possible de transposer sur ordinateur les designs les plus audacieux et de tester leur faisabilité.

Pierre Bouvier, architecte, travaille avec le logiciel 3D Studio depuis une dizaine d'années. «C'est incroyable la différence que ça peut faire», exprime-t-il. Auparavant, à l'époque du travail à la main, il fallait une journée complète pour le dessin technique et une autre pour le rendu de présentation, c'est-à-dire l'ajout des couleurs, des ombrages, des matériaux, etc. Maintenant, le projet complet d'une résidence, par exemple, peut se retrouver sur le bureau du client en un jour à peine, souligne Éric Pelletier, qui travaille avec Autodesk Viz.

Les possibilités sont presque infinies, s'enthousiasme Pierre Bouvier. Puisque ces logiciels sont aussi utilisés dans l'animation et au cinéma, ils servent bien les besoins des architectes et designers d'intérieur, dont le travail consiste à montrer sous plusieurs angles une pièce ou un bâtiment. «On peut choisir le meilleur point de vue pour présenter une pièce, déterminer l'angle de caméra approprié, positionner l'éclairage et même appliquer les matériaux sur le plan», énumère M. Bouvier.

Les applications ne s'arrêtent pas là. Le logiciel permet de calculer l'absorption ou la réflexion de la lumière, d'apprécier l'éclairage de nuit ou de jour, de projeter des ombrages, d'ajouter des textures et même de mesurer la pénétration de la lumière dans un bâtiment selon la position du soleil à différentes heures de la journée et à diverses périodes de l'année.

Les designers Catherine Tremblay et Dennis Plante travaillent quant à eux depuis plusieurs années avec le logiciel AutoCAD, que plusieurs architectes utilisent aussi pour leurs dessins techniques. Selon Mme Tremblay, les avantages sont nombreux: «Pour le client, le résultat est beaucoup plus précis et plus rapide. De plus, cela facilite les corrections. Avant, nous devions reprendre le dessin, effacer, faire des photocopies pour que rien ne paraisse. Maintenant, ça se fait en quelques clics de souris.»

Autre point positif, la gestion des dossiers, ajoute M. Plante. «La gestion par client est plus efficace. Nous gérons tout à partir de l'informatique: les devis, les photos, etc. C'est une économie de temps.»

Avec le logiciel 3D Studio, le produit fini est surprenant, renchérit Pierre Bouvier. Les plans en 3D ainsi créés sont aussi clairs qu'une photo. «Il y a une plus grande satisfaction chez les clients. Quand ils voient le résultat, c'est très impressionnant. On ne peut pas cacher la vérité. On dessine en grandeur réelle. Ce qui élimine les défauts de conception.»

Éric Pelletier abonde dans le même sens. C'est tellement plus facile, dit-il, de transiger avec les clients, même ceux qui sont loin. Pour le contrat à Vancouver, il suffit de faire une copie PDF des plans 3D et de les envoyer par courriel. «Les clients comprennent mieux le projet et apprécient davantage la conception. Il ne faut pas se le cacher, ce n'est pas tout le monde qui comprend un plan d'architecte traditionnel.»

Évidemment, de tels logiciels ne sont pas accessibles aux néophytes. D'abord parce que leur prix est astronomique, tout comme l'équipement requis pour les utiliser. Le logiciel 3D Studio à lui seul allège le portefeuille de quelque 4500 $. Il faut aussi débourser pour une carte graphique «qui coûte pratiquement le prix d'un ordinateur«, au dire de Pierre Bouvier.

Ensuite, il faut énormément de temps pour en maîtriser tous les paramètres. «Cela m'a pris trois ou quatre ans», dit M. Bouvier, qui a dû apprendre en autodidacte, les cours étant plutôt rares et le mode d'emploi du logiciel, assez nébuleux.

Malgré tout, les professionnels que Le Soleil a contactés ont intégré ces précieux outils à leur routine quotidienne. «Ce sont des aides à la technique. Ils ne sont pas créatifs, ils ne pensent pas. Mais on ne s'en passerait plus !» s'exclame le designer Dennis Plante.

En architecture et en design, l'avenir passe décidément par l'informatique. Pendant son passage à l'université, Éric Pelletier se rappelle que tout était dessiné à la main. Aujourd'hui, à l'École d'architecture de l'Université Laval, les étudiants apprennent à travailler sur le logiciel Form Z. «Ce qui fait que les étudiants savent moins dessiner, ils transmettent moins leurs idées par dessin. Mais les croquis sont toujours aussi importante», insiste M. Pelletier.

Logiciels grand public

Pour les novices et les mordus d'architecture et de design, des logiciels grand public sont aussi offerts sur le marché. Pour 170 $, Architecte Studio Expert 2006 s'adresse aux architectes en herbe. Il aide à créer des rendus en trois dimensions. Bien que les plans ne puissent pas être utilisés pour une véritable construction, cet outil permet de s'amuser à décorer avec un choix de 50 000 objets, meubles et textures. Un peu plus dispendieux, SketchUp, est aussi un logiciel intéressant, selon Pierre Bouvier. «Il coûte entre 400 et 500 $ et est très convivial et simple.» Et, pour les amateurs de décoration, il existe toujours des décorateurs virtuels comme celui de la compagnie Sico, qui se trouve dans Internet. Il permet de visualiser l'effet d'un choix de couleurs dans une pièce. Très simple d'utilisation, il est accessible à tous.