«Dans le marché actuel, je ne lancerais pas un projet luxueux à Montréal, lance sans hésiter Terry Pomerantz, directeur général de Gestion immobilière Trams, l'entreprise qui orchestre les chantiers de l'Héritage du Vieux-Port et du Luxor à Montréal. Depuis six mois, on sent une nette baisse de l'intérêt pour les appartements haut de gamme.»

«Dans le marché actuel, je ne lancerais pas un projet luxueux à Montréal, lance sans hésiter Terry Pomerantz, directeur général de Gestion immobilière Trams, l'entreprise qui orchestre les chantiers de l'Héritage du Vieux-Port et du Luxor à Montréal. Depuis six mois, on sent une nette baisse de l'intérêt pour les appartements haut de gamme.»

D'après Paul Cardinal, analyste à la Société canadienne d'hypothèque et de logement, cette situation a ceci de positif: les acheteurs de copropriétés à plus de 500 000 $ ont l'embarras du choix. Même si le marché reste légèrement favorable aux vendeurs et aux promoteurs, ces derniers doivent se montrer plus souples.

«Les appartements neufs ne se vendent plus comme des petits pains chauds, remarque-t-il. Il y a sur le marché trois fois plus de condos neufs invendus qu'il y a deux ans: c'est beaucoup.»

Devant ce ralentissement, les promoteurs du 333 Sherbrooke ont décidé d'ajuster leur offre d'appartements pour la deuxième phase du complexe, dont la construction doit être lancée d'ici un an. La plupart des appartements en copropriété seront légèrement plus petits afin de réduire leur prix de vente.

«Certains acheteurs continuent d'acquérir de très grandes surfaces, mais nous devons respecter les signes que nous envoie le marché immobilier, croit Nanette de Gaspé Beaubien, présidente de l'entreprise. Nous offrirons aussi d'autres niveaux de finition intérieure pour ceux qui aiment l'emplacement de notre projet, mais qui ne peuvent pas se permettre tel comptoir et telle robinetterie. Nous serons plus ouverts.»

Les 113 appartements de la première phase du 333 Sherbrooke coûtent entre 309 000 $ et plus d'un million de dollars. Situé à quelques mètres de la rue Saint-Denis, au coeur du Quartier latin, l'immeuble compte encore une vingtaine de copropriétés invendues.

«Je ne suis pas inquiète, car l'immeuble est bien situé, ajoute Mme de Gaspé Beaubien. Quand le marché va moins bien, il faut miser sur l'emplacement.»

Voilà le pari que tient aussi Château Drummond, le promoteur du projet Roc Fleuri, situé à l'angle du boulevard de Maisonneuve et de la rue Drummond. «Le ralentissement a touché tout le monde depuis un an, affirme Bill Reim, gérant de l'immeuble de 22 étages. Nos clients craignent un ralentissement économique. Quelques-uns n'osent pas faire le saut et acheter un appartement à un demi-million de dollars.»

L'homme d'affaires ajoute que l'emplacement du projet lui permettra sûrement de tirer son épingle du jeu. Depuis un peu plus de deux ans, il a vendu 104 des 140 appartements de la tour d'habitation.

«J'ai revu mes prévisions à la baisse, ajoute M. Reim. Nous avons vendu une dizaine d'appartements en mars 2005 et je m'attends à n'en vendre que cinq ou six cette année. Il faut définitivement être plus patient.»