Dans un quartier résidentiel à proximité du boulevard Kennedy à Lévis, la taille de la demeure des Lemieux-Malenfant ne détonne pas. Pourtant, ses généreuses entrailles abritent ce que son propriétaire appelle un «petit village». Maire et mairesse de l'endroit, Clément Lemieux et Élise Malenfant voient évoluer sous leur toit cette microsociété avec un bonheur contagieux. Les citoyens? Leurs 12 enfants âgés de 22 mois à 21 ans!

Dans un quartier résidentiel à proximité du boulevard Kennedy à Lévis, la taille de la demeure des Lemieux-Malenfant ne détonne pas. Pourtant, ses généreuses entrailles abritent ce que son propriétaire appelle un «petit village». Maire et mairesse de l'endroit, Clément Lemieux et Élise Malenfant voient évoluer sous leur toit cette microsociété avec un bonheur contagieux. Les citoyens? Leurs 12 enfants âgés de 22 mois à 21 ans!

«Quand quelqu'un veut avoir un enfant, je lui propose de passer à la maison. En une journée, il pourra le voir à tous les stades, de bébé à l'âge adulte», raconte le paternel avec une étincelle dans le regard. Pendant ce temps, les sept garçons et les cinq filles de la maisonnée, jamais espacés de plus de deux ans, se dispersent et regagnent leurs quartiers après la session photo du Soleil.

Maison en évolution

Sculpteur de talent dont la réputation dépasse nos frontières, Clément Lemieux en profite alors pour en dire plus sur la cité qui abrite les siens. C'est que depuis qu'il l'a fait construire en 1983, sa maison a bien changé. En trois étapes distinctes, il a dû ajouter un étage, aménager le sous-sol et construire une rallonge. Désormais à son goût et fonctionnelle, la résidence qui en résulte est harmonieuse et lumineuse.

D'un dojo destiné à dispenser des cours de judo, le sous-sol a ainsi fait place à une série de chambres, à un atelier tranquille pour l'artiste et à un vaste séjour. Pièce achalandée s'il en est une, la cuisine est elle aussi aux dimensions de la famille. Profitant de la récente rallonge, deux très longs comptoirs segmentent l'immense aire destinée à la préparation des repas. On s'y regroupe, on y joue, on y grimpe, toujours dans la même bonne humeur.

Centres d'attraction, deux réfrigérateurs préservent les précieuses victuailles du clan. Dans la pièce d'à côté, deux congélateurs pleine grandeur complètent le rangement des aliments périssables, tandis qu'un garde-manger «XXL» s'occupe du reste. Clés de la ville à la ceinture, Élise précise que les serrures qu'on retrouve sur ces armoires lui permettent d'assurer le contrôle de l'approvisionnement. «Sinon, je ne saurais jamais ce qu'il me reste quand vient le temps de faire les lunchs!»

Grâce à l'étage supplémentaire qui a «poussé» au fil des ans... et des enfants, les chambres ne manquent pas. Visiblement, le défi de la cohabitation harmonieuse est ici relevé avec brio. Mais ne cherchez pas de dortoirs à six! Au contraire, les enfants ont leur espace respectif, si ce n'est les plus jeunes, qui cohabitent parfois à deux. Lors du passage du Soleil, Jérémie, 16 ans, pouvait donc étudier en toute tranquillité au deuxième, pendant que Laurence, Aurélie, et Eugénie, 10, 12 et 14 ans, commentaient avec une énergie débordante la tournée du propriétaire, en compagnie de maman Élise, 45 ans.

Bien de son époque malgré sa taille qui se fait passablement rare par les temps qui courent (14), la famille Lemieux-Malenfant forment un clan bien uni.

Famille branchée

Au-delà de ses dimensions hors-normes, la maison des Lemieux-Malenfant possède quelques caractéristiques intéressantes. On y retrouve deux bains, une douche, quatre toilettes, deux micro-ondes et des grille-pain pour faire huit toasts à la fois! Internet fait également partie du quotidien. Pour promouvoir la vente de ses sculptures sur bois peintes à l'acrylique et vernies à l'uréthane, Clément Lemieux a d'ailleurs son propre site.

Élise assure que la gestion de l'utilisation du Web n'est pas un problème avec les enfants. Dans un éclat de rire, elle souligne cependant la collaboration de Gabriel, 21 ans, l'informaticien de la maison. Au besoin, en bon gestionnaire du réseau, celui-ci arrive à limiter discrètement l'usage des quatre ordinateurs du domicile, en «débranchant» à distance les utilisateurs qui abusent. Et à voir son sourire en coin lorsqu'on aborde le sujet, il semble y prendre un malin plaisir!

Statistiques bousculées

Courante à une certaine époque, les familles nombreuses sont une espèce rare aujourd'hui pourrait-on croire. Et l'on aurait raison! En moyenne, une famille dans la Belle Province a 1,7 rejeton. Selon les données analysées par l'Institut de la statistique du Québec à partir du recensement de 2001, seulement 0,7 % de l'ensemble de toutes les familles d'ici auraient cinq enfants ou plus.

Du côté de L'Ancienne-Lorette, la famille Richard bouscule allègrement ces statistiques. Eux aussi parents de 12 enfants (cinq gars et sept filles de presque trois ans... à presque 22!), Claudine et Louis-André savent bien que leur situation est plutôt rare, mais ne s'en formalisent pas. Bien au contraire. Et à voir la joyeuse atmosphère qui anime le dîner du samedi à la longue table de la cuisine, ils ne sont pas seuls.

Ce véritable choix de vie a cependant nécessité des compromis qu'ils ont fait sans regarder en arrière. Comme celui de se résoudre à devoir abandonner Montcalm, un quartier que le couple affectionnait particulièrement, pour aller en périphérie acquérir une demeure plus adaptée.

Une série de déménagements plus tard, la famille a fini par trouver à son goût. «On était comme un escargot. On cherchait notre coquille», illustre le professeur de philosophie de 46 ans, qui enseigne au Cégep de Sainte-Foy et à l'Université Laval. Une coquille qu'il aura tout de même fallu modifier. Devant le dilemme de faire construire ou de rénover une maison existante, le choix a été clair. Le potentiel de la maison trouvée près de l'aéroport, il y a 11 ans, était là. Abordable en plus.

Ici encore, une rallonge a été nécessaire. C'est l'ancien garage qui y est passé, il y a un peu plus de trois ans. S'ils n'envisagent pas de déménager, les Richard ont tout de même fait attention à ne pas dénaturer la résidence dans la démarche, au cas où ils finiraient par quitter. «La rallonge pourrait très bien faire un bureau», indique Louis-André.

Mais pour l'instant, celle-ci sert notamment de boudoir et surtout d'entrée grand format. «C'est une pièce qui a l'air de rien, mais elle est très importante», assure Claudine. Car on le devine, avec la multitude de bottes et de manteaux qui s'y mélangent au quotidien, on en comprend vite la nécessité.

Autres besoins, les meubles sont souvent difficiles à dénicher. Notamment la table de la cuisine. «Pour en trouver une de grande taille, il faut souvent aller dans le très haut de gamme», observe M. Richard. À défaut d'allonger les dollars généreusement, il faudra regarder pour du sur-mesure, fait de façon artisanale. Chanceux, les Richard ont justement déniché une table en érable unique qui appartenait à une autre grosse famille, par le passé. Quand à Clément Lemieux, mobilier à l'appui, son talent à travailler le bois s'avère fort utile.

Mais selon Louis-André Richard, sa majestueuse table commence à être petite. Non pas que Claudine soit de nouveau enceinte, mais plutôt que la famille est en train de s'agrandir... de l'extérieur! C'est qu'en ce temps des fêtes, le clan se prépare à un heureux événement. Le 28 décembre, Catherine, l'aînée de 21 ans, se marie. Une période de festivités qui prendra une dimension bien particulière et qui emplira la résidence d'une façon peu habituelle.

Malgré cette bonne nouvelle, on sent déjà une certaine nostalgie face à une époque qui se termine. Car la jeune femme quittera le domicile pour son premier appartement dans peu de temps. La boucle est bouclée quoi!

Mais à ne pas en douter, les couverts pour elle et son conjoint ne seront jamais rangés bien loin. Pas d'inquiétude à y avoir, les dîners rassembleurs du samedi semblent encore assurés pour longtemps!