À tel point que la direction de la santé publique de Montréal (DSP) recommande aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 6 ans habitant dans 4600 maisons ciblées de consommer de l'eau embouteillée ou d'utiliser un filtre. Il est aussi conseillé à ces propriétaires de laisser couler l'eau avant de la boire.

À tel point que la direction de la santé publique de Montréal (DSP) recommande aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 6 ans habitant dans 4600 maisons ciblées de consommer de l'eau embouteillée ou d'utiliser un filtre. Il est aussi conseillé à ces propriétaires de laisser couler l'eau avant de la boire.

Sans vouloir appuyer sur le bouton de panique, la Ville explique que le problème est causé par des tuyaux de plomb raccordant certaines résidences au réseau municipal. Les maisons «d'après-guerre» de Montréal, construites entre 1940 et 1950, sont visées par cet avis.

Dans l'arrondissement de Saint-Laurent, l'eau de 35 maisons d'après-guerre a été analysée, et dans 69 % des cas, elle a une teneur en plomb supérieure à la norme maximale fixée par Québec, qui est de 0,01 milligramme par litre. Jusqu'à maintenant, la DSP a analysé l'eau du robinet d'environ 1000 résidences. À ce jour, la Ville ne connaît pas le nombre exact de maisons touchées.

«Mais aucun cas d'intoxication au plomb causé par l'eau du robinet n'a jamais été rapporté à Montréal», a souligné en point de presse le directeur de la Vigie-Protection de la DSP, John Carsley.

Les gens qui ont reçu un premier avis sont surtout concentrés dans un secteur de Saint-Laurent, dans les rues Oxford, Cambridge, Stanislas, Patricia, Sorbonne, et dans une dizaine d'autres petites artères. Les autres maisons d'après-guerre se trouveraient près des usines, notamment dans Villeray, Saint-Michel ou Hochelaga-Maisonneuve.

La Ville de Montréal a expliqué mercredi en point de presse que c'est une femme de l'arrondissement de Saint-Laurent qui a sonné l'alarme en juin 2004, après avoir fait analyser son eau par un laboratoire privé. Sa maison de type militaire a été construite en 1943. À partir de 1967, les tuyaux de plomb ont été interdits dans les nouvelles constructions.

Pour remédier au problème, la Ville vient de mandater une firme d'experts pour déterminer si un ajout d'inhibiteurs à l'eau (traitement chimique) pourrait régler le problème en diluant le plomb. Entre-temps, elle demande aux Montréalais de vérifier leur tuyau de raccordement et d'appeler en cas de doute.

«Nous ne disons pas pour l'instant qu'il faut changer les tuyaux de plomb. Si ça devenait nécessaire, il faudrait évaluer comment les coûts peuvent être partagés entre la Ville et les résidences», a expliqué le responsable du développement durable du comité exécutif de la Ville, Alan DeSousa.

Ailleurs au Québec, des problèmes de plomb dans l'eau ont déjà été observés à Sainte-Agathe-des-Monts, Shawinigan et Saint-Georges de Beauce. Le directeur général du centre de contrôle du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Bob Vanoyen, affirme cependant que c'est la première fois que la corrosion des tuyaux cause un problème.

«Nous en sommes à finaliser un protocole d'évaluation de la corrosion dans les tuyaux qui sera prêt en janvier. On va aider la Ville de Montréal à déterminer l'ampleur du problème, et l'accompagner au niveau technique», a expliqué M. Vanoyen.

Le directeur de la Vigie-Protection de la DSP, Dr John Carsley, a pour sa part rassuré la population hier en soulignant que les risques pour la santé associés au plomb dans l'eau sont très minimes.

«Il faudrait une concentration 200 fois plus élevée que la norme maximale de 0,01 mg/litre pour affecter un adulte», a-t-il expliqué.

Il ajoute que les principaux cas d'intoxication au plomb observés chez les enfants sont souvent causés par de la vieille peinture au plomb qui s'écaille (appuis de fenêtres, berceaux, etc.) et certains maquillages traditionnels importés d'Asie (khôl).

La Ville, qui ajoute que l'eau de Montréal est de grande qualité et respecte la réglementation du gouvernement du Québec, précise que la quantité de plomb maximale acceptable dans l'eau est passée de 0,05 mg/litre en 2001 à 0,01 mg/litre. C'est cinq fois plus sévère.

Dépistage

Pour déterminer si le tuyau de votre maison est en plomb:

Trouvez la vanne d'entrée d'eau de votre résidence et observez le tuyau: le plomb est de couleur grise, n'a aucune résonance si on le frappe et laisse des marques métalliques lorsqu'on le gratte. De plus, il n'attire pas un aimant.

Les intoxications

Un adulte élimine environ 90% du plomb qu'il ingère, alors qu'un enfant n'en élimine que 50%. Une intoxication grave peut entraîner une maladie du sang, comme l'anémie, des problèmes de reins ou des troubles gastro-intestinaux et, dans certains cas, des dommages neurologiques.

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Ligne Info-Eau de la Ville de Montréal: (514) 868-4483 ou sur Internet: www.ville.montreal.qc.ca/eaupotable