«L'imposition de normes architecturales donne une garantie aux consommateurs que Villas-sur-Rive conservera le même style du début à la fin. C'est une façon de rassurer les clients», explique Anne Marcil, du Groupe LSR, le promoteur de ce projet.

«L'imposition de normes architecturales donne une garantie aux consommateurs que Villas-sur-Rive conservera le même style du début à la fin. C'est une façon de rassurer les clients», explique Anne Marcil, du Groupe LSR, le promoteur de ce projet.

Le Groupe LSR n'est pas le seul à imposer des contraintes architecturales. L'époque où l'on pouvait construire à sa guise semble révolue. Volume minimum, interdiction de revêtements vinyliques, choix de couleurs, superficie des terrasses, alouette! les contraintes architecturales envahissent de plus en plus les secteurs haut de gamme en développement.

«Les gens qui investissent 400 000 $ et plus dans une résidence exigent des garanties quant à l'apparence du quartier. Les constructeurs comme les municipalités doivent composer avec cette nouvelle réalité», affirme Denis Proulx, professeur au département d'études urbaines et touristiques à l'UQAM.

Auparavant, la notion de contrôle architectural concernait les quartiers historiques, comme le Vieux-Montréal et le Vieux-Terrebonne. Mais en 1989, les choses ont changé. Le gouvernement du Québec a adopté le règlement des PIIA (plans d'implantation et d'intégration architecturale), ce qui a permis aux municipalités de donner une direction architecturale à des secteurs à l'aide de critères et d'objectifs.

Dans un secteur réglementé par un PIIA, tous les projets de construction passent sous la loupe d'un comité consultatif d'urbanisme (CCU). Le CCU soumet ensuite sa recommandation au conseil municipal, qui donne ou non le feu vert. Cette réglementation est inspirée de l'expérience américaine. Beaucoup de villes de la côte Est possèdent des comités jugeant de la qualité architecturale des projets.

Les municipalités québécoises utilisent de plus en plus cette réglementation pour créer des quartiers thématiques, avec une implantation originale et une façon différente d'encadrer les rues. C'est notamment le cas à Terrebonne, dans la couronne nord où les PIIA jouent un rôle déterminant dans la planification urbaine.

«Ça nous permet de créer des quartiers distincts où les gens développent un sentiment d'appartenance. Aujourd'hui, les consommateurs accordent autant d'importance au quartier où ils déménageront qu'à leur maison. D'où la nécessité de créer des milieux de vie intéressants», explique Claude Sauriol, directeur de l'aménagement.

L'implantation d'un PIIA n'est pas l'unique moyen d'imposer des contraintes architecturales. À Blainville, le prestigieux secteur Fontainebleau, où foisonnent les maisons à plus de 500 000 $, n'est pas encadré par un PIIA. C'est le promoteur, le Groupe immobilier Grilli, qui impose ses normes directement aux consommateurs lors de la vente de terrains.

«Les gens s'engagent à respecter les règles architecturales dans un contrat notarié. Par contre, si un résidant voit son voisin déroger aux règles, la municipalité ne peut intervenir, car il s'agit de droit civil», explique Gervais Beaulieu, directeur du service d'urbanisme de Blainville.

Cette municipalité a choisi de soustraire Fontainebleau d'un PIIA pour ne pas ralentir la construction. «Avec un PIIA, l'étude d'un permis de construction devant le CCU prend au minimum un mois, ce qui aurait retardé l'ensemble des travaux», explique M. Beaulieu.

Villas-sur-Rive ne fait pas non plus l'objet d'un PIIA. «Cependant, les normes soumises aux consommateurs équivalent à un PIIA», soutient Lucie Laliberté, chargée de projet à Villas-sur-Rive.

Sans être la solution miracle contre les horreurs architecturales, l'imposition de servitudes architecturales et de PIIA s'avère positive, selon l'architecte Denis Proulx. «Ça permet d'éviter le pire», juge-t-il. Cependant, cette façon de faire comporte des effets pervers. «En imposant des styles connus, ça brime la créativité des architectes. On impose tellement de contraintes dans les nouveaux quartiers qu'en fait, on ne peut y construire que des manoirs!», constate-t-il.

Résultat: l'architecture contemporaine en fait les frais. Aucun secteur en ville ou en banlieue n'est consacré actuellement à des maisons résolument modernes. C'est que les municipalités et les promoteurs appliquent toujours la même recette. Tout le monde veut rééditer l'exploit de Tremblant, Bois-Franc ou Fontainebleau, qui deviennent les exemples à suivre. Oubliez alors l'innovation!

Toujours selon ce professeur, nous n'en sommes qu'aux balbutiements en la matière, et éventuellement, les projets intégrés incluront les composantes du développement durable, comme les économies d'énergies, et intégreront les services dans leur planification urbaine, ce qui est rarement le cas actuellement. Loin d'être un effet de mode, les PIIA et les contraintes architecturales seraient promis à un bel avenir! Le laisser-faire n'a plus la cote.