C'est actuellement l'été là-bas, les températures avoisinent les 35 degrés. Quel contraste avec les beaux flocons qui continuent de tomber lentement à l'extérieur! Dans l'avion, après une longue nuit de vol, on découvre au matin Sao Paulo. Inimaginable, 18 millions de personnes qui vivent en dessous. C'est une forêt de gratte-ciel à perte de vue. Plus de deux fois la population du Québec se retrouve dans la ville et son agglomération. On imagine la façon de vivre et de se loger...

C'est actuellement l'été là-bas, les températures avoisinent les 35 degrés. Quel contraste avec les beaux flocons qui continuent de tomber lentement à l'extérieur! Dans l'avion, après une longue nuit de vol, on découvre au matin Sao Paulo. Inimaginable, 18 millions de personnes qui vivent en dessous. C'est une forêt de gratte-ciel à perte de vue. Plus de deux fois la population du Québec se retrouve dans la ville et son agglomération. On imagine la façon de vivre et de se loger...

Arrivé sur place, on est enveloppé par la chaleur et par une population métissée. On oublie facilement l'immensité vue des airs. Dans le taxi qui m'amène au centre de la ville défilent sous mes yeux champs, terrains vagues, zones industrielles, secteurs boisés et graduellement des immeubles, dont la hauteur augmente proportionnellement avec la proximité du centre. Très peu de quartiers résidentiels avec des maisons interminables comme on les connaît chez nous. Cela s'explique très bien: imaginez l'étalement s'il fallait loger tout le monde sur un ou deux étages. Le Brésil est un immense pays avec 180 millions d'habitants.

Me voilà à l'hôtel, un immeuble des années 70, construit autour d'un immense atrium ouvert sur les 22 étages de l'hôtel. Par un balcon, je gagne ma chambre, pour une bonne douche, déjà «imprégné» d'un nouveau monde.

Pour un architecte, le Brésil est intimement associé à Oscar Niemeyer. L'architecte presque centenaire est le symbole de la modernisation de son pays. Il a conçu Brasilia, qui a été inaugurée le 21 avril 1960. C'était la création d'une nouvelle capitale à l'intérieur du Brésil. Il est aujourd'hui une légende vivante, à 98 ans. Il continue de travailler et il fait preuve d'une étonnante créativité, comme en témoigne son projet pour la Serpentine Gallery à Londres, construit en 2003.

J'ai vu récemment une entrevue de Niemeyer. On le voit dessiner et expliquer ses projets avec une ferveur incroyable. Les formes courbes semblent flotter dans le paysage. Niemeyer a récemment élaboré un projet pour 2008, un grand complexe touristique baptisé «chemin Niemeyer» à Niteroi, ville située de l'autre côté de la baie de Rio, où il a déjà construit le musée d'Art moderne.

Au menu de mon séjour, la visite de la Casa de Vidro, la maison de verre de Lina Bo Bardi, avec mon collègue Klaus Mayer. Cette résidence se retrouve sur le point le plus élevé de la banlieue de Sao Paulo, Morumbi. La route pour s'y rendre est longue. Notre chauffeur de taxi ne comprend pas un mot de français ni d'anglais. Mais nous y arrivons après de multiples détours qui nous font découvrir les banlieues résidentielles des années 50.

Malheureusement, la plupart des maisons sont dissimulées derrière de hauts murs.

Enfin, on franchit un portail pour entrer dans la jungle. On distingue, au-dessus des murs, une forme blanche dissimulée dans la végétation. La maison nous donne maintenant l'illusion de flotter à travers les arbres. Elle fait corps avec le site. Construite autour d'une cour intérieure, elle profite de l'ombre que lui procurent les immenses arbres.

Un escalier délicat nous permet d'accéder au rez-de-chaussée, où nous attend notre hôte de l'Institut Lina Bo Bardi, architecte décédé il y a quelques années. On a l'impression que les propriétaires sont simplement partis en voyage. Tout est en place, des livres sur les tables, un jeu d'échecs. En entrant, on retrouve, par les larges fenêtres, les arbres. On se sent véritablement enveloppé. Des tables, des fauteuils, des chaises semblent associés au rituel de la journée : écouter de la musique, lire près du foyer, manger avec les amis. C'est une maison pour déambuler au fil de la journée pour profiter de la lumière du matin ou se protéger de celle de l'après-midi.

Le plancher est une mosaïque d'un bleu qui nous rappelle la mer. Les rideaux écrus permettent de tamiser l'espace en offrant une texture agréable. Ce projet date des années 50. Il était avant-gardiste pour l'époque et demeure une référence aujourd'hui.

Après cette visite prolongée par les déplacements, nous faisons une pause au café Santo Grao, rue Oscar Freire, dans un quartier tout vert. Les tours d'habitation délicates y sont déposées dans des jardins colorés et parfumés. Sur la terrasse, j'observe les Brésiliens, qui dégagent une joie de vivre belle à voir. Le rythme est agréable. Ce soir, nous sommes invités à souper chez l'éditeur d'un quotidien de Sao Paulo qui vient tout juste d'emménager dans sa nouvelle maison à Aldeia da Serra, à une heure du centre- ville Demain, départ en avion pour Rio de Janeiro et la mer, ce serapour une autre fois.

Construire au Brésil, c'est un autre monde. La plupart du temps, les murs n'existent pas. Ici, on doit se protégerdu soleil et parfois de la pluie. Le défi est tout autre qu'au Québec, où la neige continue à tomber paisiblement. Il faut penser au chauffage, à l'isolation, au gel, à la neige. Chaque climat conditionne notre façon de vivre et de construire. Joyeuses Fêtes à tous. Dans la chronique du mois prochain, retour à la réalisation d'une maison et aux premières esquisses.

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Pierre Thibault est architecte diplômé de l'Université Laval. Il partage dans nos pages sa vision de l'habitation. M. Thibault a reçu récemment un prix d'excellence de la revue Canadian Architect pour la conception du nouveau monastère à Saint-Jean-de-Matha.