Les promoteurs, Paul Brassard et Jean-Marie Lavoie, tous deux architectes, savent bien que c'est très peu, mais ils refusent de prendre le blâme. Ils montrent du doigt l'administration de l'ancienne ville de Saint-Nicolas - désormais fusionnée à Lévis - qui, à l'époque, a formé une muraille d'embûches et s'inquiètent de ce que la Ville de Lévis ne se décide enfin à corriger les choses.

Les promoteurs, Paul Brassard et Jean-Marie Lavoie, tous deux architectes, savent bien que c'est très peu, mais ils refusent de prendre le blâme. Ils montrent du doigt l'administration de l'ancienne ville de Saint-Nicolas - désormais fusionnée à Lévis - qui, à l'époque, a formé une muraille d'embûches et s'inquiètent de ce que la Ville de Lévis ne se décide enfin à corriger les choses.

Pour connaître les intentions de la municipalité, Le Soleil a tenté de joindre la mairesse, Danielle Roy-Marinelli. En l'absence de celle-ci, les questions du journal ont dû être adressées à son porte-parole, Alain Blanchette. Or, au moment de mettre sous presse, aucune réponse ne nous avait encore été communiquée.

Poursuite

À l'automne 2001, rappelle-t-on, les promoteurs, après des années de vicissitudes selon eux, ont intenté une poursuite en dommages-intérêts de 14,7 millions $ contre la Ville de Saint-Nicolas - poursuite dont la Ville de Lévis est à présent répondante - pour lenteurs administratives, exigences exorbitantes, erreurs inexplicables et inexcusables, et mauvaise foi. La cause n'a pas encore été entendue.

En mai dernier, la société de consultants en habitation et en développement socio-urbain Daniel Arbour & Associés de Montréal déclarait, dans un rapport d'expertise déposé en preuve, que «si la ville et ses agents avaient sciemment voulu "tuer" le projet Forêt Marie-Victorin, ils n'auraient pas agi autrement.»

Hospitalité

Néanmoins, la forêt réunit actuellement trois maisons évolutives et transgénérationnelles fondées sur le modèle de celles de l'architecte de renommée mondiale et professeur à l'Université McGill de Montréal, Avi Friedman.

Dans la forêt Marie-Victorin, rue Léon-Provancher qui n'est en fait qu'une impasse où cinq des huit terrains jusqu'à présent admissibles restent à développer, chacune paraît surgir au milieu des arbres. Leur emprise au sol est minimale. Mais ce qu'elles perdent à terre, elles le gagnent en hauteur.

Elles n'ont ni gouttières, ni drain de fondation. Les eaux pluviales ruissellent jusqu'à la nappe phréatique. Elles ne sont pas détournées par des égouts pluviaux.

Dans ce projet, la dynamite et les bulldozers sont défendus. Aussi bien que le gazon. Les chemins s'accordent à la topographie. Les fils de téléphone et d'électricité sont enfouis. Encore qu'Hydro-Québec se laisse prier pour brancher les trois maisons à partir de câbles souterrains.

Irréductibles

Mais qui, dans ces conditions, ose s'installer dans le lotissement? demande Le Soleil aux deux architectes. «Des irréductibles», répond aussitôt l'un. «Des gens épris de la forêt, de l'environnement et du développement durable», enchaîne l'autre.

Ariane Montminy et son compagnon Dany Blackburn sont du nombre. L'un et l'autre ont 26 ans. Ariane est enseignante au primaire. Dany est bachelier en architecture et se présentera bientôt aux examens de l'Ordre des architectes. Il est stagiaire au sein d'un cabinet de Québec, spécialisé en développement durable et en architectura verte.

Ils ont beaucoup voyagé. La pollution, leur semble-t-il, met partout et sans crier gare la planète en péril. Et le gaspillage les exaspère.

Ils sont souvent passés à la hauteur de la rue Léon-Provancher et du projet immobilier de la Forêt Marie-Victorin avant qu'ils y achètent leur terrain en mars dernier.

«Nous nous sommes aperçus que c'est ce que nous voulions. Nous souhaitons passer toute notre vie dans ce milieu de choix et dans cette maison évolutive que nous avons construite. Nous y élèverons nos enfants, nous modifierons notre résidence selon nos besoins et l'âge que nous aurons», se promettent-ils.

Réjean Dubé est ébéniste. Natif de Saint-Ferdinand, il a 50 ans. Il a construit un peu plus loin une maison semblable, mais à quatre niveaux. Le rez-de-chaussée et le premier étage seront habités par une artiste de sa connaissance. Lui-même occupera les deux autres.

Il jure que le bâtiment est d'une incroyable solidité alors que les murs extérieurs comprennent un grand nombre de retailles récupérées correspondant aux ouvertures de fenêtres pratiquées dans des portes d'acier isolées. Avec l'ajout d'autres éléments isolants, la barrière thermique des murs serait d'au moins R30.

M. Dubé est en pâmoison devant la forêt Marie-Victorin et se félicite à l'idée qu'il l'habitera bientôt.

Demande

Nicole Castonguay est agente immobilière sous la bannière Sutton. Elle a spécialement pour mission de vendre les terrains. Pour cette première phase de huit, il en reste un.

«Il y a une demande pour ce genre de projet. Certains acheteurs attendent que les difficultés avec la municipalité soient aplanies, d'autres préféreraient s'installer plus profondément dans la forêt», détaille-t-elle.