L'une d'entre elles, située au 5460, boulevard Gouin Est, à Montréal-Nord, vient de recevoir le Prix émérite du patrimoine architectural 2005 pour l'arrondissement de Montréal-Nord.

L'une d'entre elles, située au 5460, boulevard Gouin Est, à Montréal-Nord, vient de recevoir le Prix émérite du patrimoine architectural 2005 pour l'arrondissement de Montréal-Nord.

La maison a été construite en 1741 par le maître maçon Pierre Allé pour Pierre Andegrave, qui avait acquis une terre de trois arpents de largeur et 40 de profondeur l'année précédente, dans la partie est de l'ancienne municipalité de Sault-au-Récollet.

C'est la passion du patrimoine qui a amené Lise Drouin et le médecin John B. Xénos, à acheter en 69 la vieille maison de Pierre Scott, un entraîneur de dauphins à l'aquarium de l'île Sainte-Hélène. Le couple, qui avait fait l'acquisition d'un terrain dans les environs pour ériger un bungalow, a vite abandonné cette idée.

Une fois l'achat complété, les nouveaux propriétaires s'empressèrent de faire classer «monument historique» le bâtiment afin d'obtenir l'expertise du ministère des Affaires culturelles dans les travaux de restauration, ce qui fut fait en juillet 70. Ils ont pu bénéficier des conseils de l'architecte Vianney Guindon, du ministère, qui a guidé l'architecte retenu par les nouveaux propriétaires, Claude G. Leclerc. Les travaux de restauration ont été réalisés en deux temps, en 1970 et en 1974.

«Lors de l'acquisition, l'extérieur avait sensiblement l'apparence que l'on connaît aujourd'hui, sauf qu'il y avait deux portes à l'entrée, dont l'une a été transformée en fenêtre comme à l'origine. La façade est orientée vers le sud, c'est-à-dire vers l'intérieur des terres, ce qui laisse entendre que le boulevard Gouin n'existait pas à l'époque de sa construction et qu'un autre chemin plus au sud desservait la communauté», souligne Lise Drouin.

Les premiers travaux de restauration ont été réalisés à l'intérieur. «Nous avons fait cureter les murs du rez-de-chaussée au complet. Puis après avoir appliqué un isolant jaune giclé, nous avons fait replâtrer les murs. Le plancher a été refait avec des planches de pin neuf, mais nous avons conservé les anciennes planches qui ont été utilisées pour le sous-sol qui était en terre battue. L'escalier, qui se trouvait vers le centre de la pièce principale, a été déplacé vers la partie ouest afin de dégager l'espace et nous permettre d'aménager une cuisine plus moderne», dit M. Xénos.

Toutes les fenêtres, dont certaines étaient à guillotine, ont été changées pour des modèles français à carreaux. Les propriétaires ont poussé le souci de l'authenticité jusqu'à faire confectionner des espagnolettes et des clenches en fer forgé par un artisan de Saint-Césaire, Marcel Juneau. Toutefois, l'étripe-chats (aussi vieux que la maison) protège une fenêtre du sous-sol contre les effractions.

À l'étage, jadis utilisé comme grenier, les propriétaires ont fait aménager une grande chambre et une salle de bains contemporaine dissimulée derrière des cloisons provenant du rez-de-chaussée. La charpente du toit est toujours en évidence comme aux premiers jours de sa construction.

La maison, qui mesure 30 sur 27 pieds, comporte deux cheminées en chicane et deux foyers, l'un bouchardé au rez-de-chaussée et un autre dans le sous-sol, jumelé avec un ancien four à pain. Le docteur Xénos a dû courir les antiquaires avant de trouver des portes en fer forgé pour le four à pain.

À l'extérieur, l'ancienne galerie, qui faisait autrefois la largeur du bâtiment, a été réduite aux trois quarts et le toit, anciennement en tôle à baguette, a été refait en bardeaux de cèdre fendus à la main. M. Xénos n'a qu'un seul regret, celui de ne pas avoir refait le toit comme il était au moment de l'achat, soit avec un larmier pour éviter le déversement de la neige sur la galerie.

Dans la cour, une ancienne laiterie de Maniwaki vieille de 150 ans et fabriquée en pièces sur pièces a été remontée pour servir de remise.

Les Xénos-Drouin ont ainsi poussé leur passion du patrimoine à ses limites. Sans compter les acquisitions au fil du temps comme ce poêle à deux ponts du XIXe siècle, un poêle démontable (XVIIIe siècle) fabriqué aux Forges de Saint-Maurice et un buffet à deux corps vitrés datant de 1771.

Pour avoir su conserver un témoin du patrimoine du régime français, les Xénos-Drouin ont obtenu le Prix émérite du patrimoine architectural de Montréal, récompense qui vient couronner leurs efforts.