Cette précaution, qui coûte environ 3000 $, permet de vérifier la capacité du sol à supporter un bâtiment. Entrepreneurs, ingénieurs et architectes analysent les résultats et s'ajustent. Ils peuvent ainsi construire une maison plus légère, avec des fondations en béton armé ou encore avec une semelle très large qui lui assure une grande solidité.

Cette précaution, qui coûte environ 3000 $, permet de vérifier la capacité du sol à supporter un bâtiment. Entrepreneurs, ingénieurs et architectes analysent les résultats et s'ajustent. Ils peuvent ainsi construire une maison plus légère, avec des fondations en béton armé ou encore avec une semelle très large qui lui assure une grande solidité.

Autant de moyens pour prévenir des fissures et des infiltrations d'eau parfaitement évitables, et désastreuses dans certains cas. «Une maison, c'est l'investissement d'une vie, avance M. Bourassa. Je ne veux pas dramatiser, car ce ne sont pas toutes les régions du Québec qui sont touchées, mais on ne peut pas se mettre la tête dans le sable. Il y a de véritables drames humains qui se vivent là où les précautions de base ne sont pas prises.»

Parmi ces drames, il y a celui d'Alain Laperrière et de sa femme, Marie-Claude Langlois. En 2003, le couple a acheté une maison à Saint-Amable, au sud de Montréal, et croyait y vivre plusieurs années avec leurs trois enfants.

Six mois plus tard, après avoir constaté que leur propriété s'enfonçait lentement dans le sol, les nouveaux propriétaires auraient donné n'importe quoi pour en sortir.

Une maison flottante

Au moment d'acheter, le couple avait remarqué quatre petites fissures sur les murs de béton du sous-sol. M. Laperrière a alors fait appel à un ingénieur pour inspecter la maison. Le professionnel les a rassurés et ils ont simplement demandé au vendeur de payer le coût des réparations de ces fissures dites normales. La facture s'élevait à 1200 $.

Trois mois après avoir emménagé, M. Laperrière discute toutefois avec des employés d'Hydro-Québec qui peinent à planter un poteau à la limite de son terrain. «Il doit y avoir beaucoup de fissures chez toi, le sol est comme du mélange à gâteau ici!» lance un des techniciens. Une fois dans son sous-sol, le propriétaire blêmit: il remarque que les murs ont craqué à deux autres endroits.

«C'est à ce moment que j'ai compris qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas avec le sol sous ma maison, raconte M. Laperrière. Mais j'étais bien loin de me douter du cauchemar qui m'attendait.»

Une firme d'analyse de sol confirme ses craintes. Sous une mince couche de terre, de sable et d'argile, la maison repose sur la nappe phréatique, un mélange d'eau et de sédiments.

Le sol ne peut supporter que la moitié du poids de la maison, et elle s'enfoncera de presque un pied dans le sol si elle n'est pas supportée par 36 pieux. Coût des travaux: 100 000 $.

La municipalité de Saint-Amable a suggéré à l'ancien propriétaire de faire des tests de sol avant de construire lui-même sa maison, mais il avait passé outre à cet avis. Aujourd'hui, le couple Laperrière-Langlois le poursuit, ainsi que l'ingénieur qui n'a pas décelé la gravité de la situation, et demande l'annulation de la vente. En attendant le procès en Cour supérieure, le couple accumule les dettes. Jusqu'à présent, il a dépensé 6000 $ en tests de sol et évaluations d'experts, et 8000 $ en frais d'avocats.

«On a mis 10 ans d'économies dans cette maison, raconte M. Laperrière. C'est comme si on avait tout perdu.» Afin d'éviter que d'autres propriétaires vivent les mêmes ennuis, le couple demande au gouvernement du Québec d'imposer des tests de sol obligatoires dans certaines régions, dont la leur.

«Ils ont soulevé un point d'intérêt public. Même au niveau de la santé, la population est interpellée», dit André Bourassa, en faisant référence aux moisissures qui suivent une infiltration d'eau dans un sous-sol.

L'attachée de presse de la ministre des Affaires municipales, Nathalie Normandeau, n'a pas rappelé La Presse.

Une solution

Pas question toutefois, soutient le président de l'Ordre des architectes, de provoquer un mouvement de panique. Seulement de s'assurer que des propriétaires ne puissent plus construire sans test de sol, là où des cas de maisons lézardées ont été signalés.

«Au Québec, il y a une carte des zones inondables, rappelle M. Bourassa. Il me semble qu'il pourrait aussi y avoir une carte des zones à risque pour les fondations des maisons.» L'architecte va jusqu'à suggérer qu'à certains endroits où la nappe phréatique est trop près de la surface, il soit totalement interdit de creuser des sous-sols.

«Évidemment, faire une telle carte peut prendre du temps, mais ce n'est pas une raison pour ne pas le faire, poursuit-il. Les professionnels connaissent les régions à risque. Commençons par celles-là et évitons de construire des maisons qui sont, en fait, de véritables bateaux.»