Alors que les terrains rapetissent, les maisons, elles, s'agrandissent. Et hop, on construit la piscine, le cabanon, le garage pour deux ou trois voitures, avec entrée asphaltée, bien sûr. Ce qu'on oublie, c'est que ces développements grugent la capacité de rétention de nos terrains. «Il n'y a plus de terre pour absorber l'eau qui coule», a observé Suzanne Michaud, directrice du marketing et des communications pour l'Industrielle Alliance, Assurance auto et habitation.

Alors que les terrains rapetissent, les maisons, elles, s'agrandissent. Et hop, on construit la piscine, le cabanon, le garage pour deux ou trois voitures, avec entrée asphaltée, bien sûr. Ce qu'on oublie, c'est que ces développements grugent la capacité de rétention de nos terrains. «Il n'y a plus de terre pour absorber l'eau qui coule», a observé Suzanne Michaud, directrice du marketing et des communications pour l'Industrielle Alliance, Assurance auto et habitation.

Mme Michaud pense qu'il faudrait peut-être que l'on s'interroge sur ce que chacun peut faire pour mieux évacuer les eaux de ruissellement. «Les gens ne se rendent pas toujours compte qu'on est tous connectés sur le même réseau», lance-t-elle.

On imperméabilise le terrain, image de son côté le professeur titulaire au département de génie civil et expert en hydraulique, Jean-Loup Robert. Il explique qu'un terrain naturel absorbe 70 % de l'eau, alors que 30 % ruisselle. Mais en zone urbaine, les proportions s'inversent. «On change la texture du sol en construisant des routes, des stationnements, des bâtiments. Ce processus fait qu'il y a beaucoup plus de ruissellement, parce que l'eau n'a pas le temps de s'infiltrer», note-t-il. L'eau s'évacue dans les égouts très rapidement, précise Wendy Pollard, de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL). Comme la situation se répète pour chacune des maisons de la communauté, les risques de débordement croissent.

«C'est sûr que la quantité d'eau va finir par se retrouver à la rivière. Ce qu'on veut, c'est qu'elle prenne du temps pour s'y rendre, et non qu'elle arrive à toute vitesse. C'est ça qui cause du dommage», indique M. Robert. Et une rivière dont le débit s'accélère risque de changer de morphologie, ce qui se révèle problématique en zone habitée.

Mme Pollard explique que les ingénieurs ont conçu les égouts pour un certain débit, en considérant la densité des habitations. Mais lorsque les résidants font des ajouts, le pourcentage d'espaces en surface dure de chaque lot devient plus important, et la rétention diminue. La quantité d'eau canalisée excède celle qui avait été planifiée et elle surcharge le système.

La Ville de Québec a d'ailleurs demandé il y a quelques années à son service d'ingénierie de faire un portrait complet des territoires en fonction de la capacité des réseaux (aqueduc, égouts, ruissellement). Question d'orienter le développement là où les coûts publics qui y sont rattachés seraient moins élevés. «Les analyses ont permis de mettre en lumière qu'il y avait un retard considérable accumulé par les anciennes villes dans la construction de bassins de rétention», indique Odile Roy, conseillère du Vieux-Limoilou et responsable de l'aménagement du territoire.

Un retard estimé à 25 bassins, soit l'équivalent de 10 millions $. Depuis 2003, huit bassins ont été érigés et un autre est en construction. La Ville étudie de plus cinq projets additionnels.

Avant d'autoriser des développements dans les zones identifiées comme «à problème en matière de ruissellement, les investissements de rattrapage doivent avoir été faits», précise Mme Roy.

Faut-il limiter le développement sur les terrains déjà construits? «Il y a une problématique de respect du droit de propriété. Les gens ont acheté de bonne foi (leur terrain), souvent à une époque où il n'y avait pas de règles», fait valoir Francis Roy, professeur au département des sciences géomatiques. Il s'interroge sur le pouvoir des municipalités de gérer et d'interdire certaines activités.

Actuellement, la Ville n'exige pas qu'un pourcentage d'un terrain reste à l'état naturel. «Quand on construit, il y a une zone d'aires libres qui doit être gardée. Mais dans ces zones, les gens peuvent quand même construire des terrasses, des patios ou des piscines», décrit François Moisan, conseiller en communication à la Ville de Québec.

Mais la Ville examine actuellement une façon d'introduire ces préoccupations dans les normes de développement et de construction de rues, fait valoir Mme Roy.

Le ruissellement a aussi un impact direct sur la quantité d'eau acheminée dans les usines de traitement d'eaux usées. En effet, environ 20 % du réseau d'égout est combiné, c'est-à-dire que les eaux sanitaires et pluviales voyagent ensemble.

Lorsqu'elle effectue des travaux, la Ville divise les deux réseaux lorsque c'est possible. Sinon, elle grossit la taille des conduites.

Le ruissellement et les questionnements qu'il soulève sont là pour rester. «C'est une question fondamentale de sécurité publique, d'économie, de finances, (... et) de prise en compte des coûts réels des développements», considère Mme Roy.

Lutter contre le ruissellement

- Installez un jardin pluvial ou un jardin d'eau. Ces aménagements permettent de recueillir l'eau au point le plus bas de votre terrain. Un ruisseau sec peut aussi faire l'affaire.

- Aménagez vos plates-bandes en forme de butte. La terre meuble qu'elles contiennent absorbe beaucoup d'eau, sans noyer les plantes.

- Placez un tonneau à la base de la gouttière pour recueillir l'eau. S'en servir pour arroser les plantes ou remplir la piscine.

- Ajoutez de l'eau dans la piscine seulement si c'est nécessaire. La pluie qui y tombera n'aura pas à être absorbée par votre sol.

- L'eau devrait passer par votre terrain avant de s'écouler dans la rue.

- Si vous êtes prêts à vous lancer dans les rénovations de plus grande envergure, choisissez un drain à débit contrôlé ou optez pour une toiture verte.