Quand la famille s'agrandit et qu'on manque d'espace, doit-on nécessairement déménager? Le consultant en architecture François Lespérance et la designer Catherine Tremblay ont plutôt choisi de «creuser» un étage supplémentaire au sous-sol. Un étage complet, entouré d'un jardin qui monte en pente douce vers la ruelle.

Quand la famille s'agrandit et qu'on manque d'espace, doit-on nécessairement déménager? Le consultant en architecture François Lespérance et la designer Catherine Tremblay ont plutôt choisi de «creuser» un étage supplémentaire au sous-sol. Un étage complet, entouré d'un jardin qui monte en pente douce vers la ruelle.

La fameuse porte-fenêtre donnant sur le jardin en escalier qui monte en pente douce vers la ruelle. Nous sommes ici dans une des deux chambres à coucher. Le plancher est en bambou verni, un bois écologiquement «acceptable».

En 2000, le couple a acheté un petit duplex, façade en bloc de béton à la jonction d'Outremont et du Mile End, possédant seulement un vide sanitaire. «Pour des raisons économiques, nous avons décidé de vendre l'étage supérieur et de creuser le sous-sol.»

«Au départ ici, on faisait ici notre atelier de dessin. En haut, les deux enfants (9 et 10 ans) couchaient dans la même chambre. Maintenant, ils ont cette grande pièce centrale avec le piano, la télé et le coin bureau pour les devoirs. En plus de deux chambres fermées et d'une salle de douche», souligne la maman en souriant.

À nous la lumière

Un grand escalier descend par palier entre le salon (en haut à l'arrière) et le sous-sol. Remarquez au fond les portes-fenêtres et les grandes ouvertures sous l'escalier. Sur la gauche, le jardin offre un grand dégagement.

Faute de pouvoir éclairer tous azimuts à l'avant à cause des règlements municipaux qui interdisent les trop grandes ouvertures, ils ont tout misé sur l'arrière. On a creusé le fameux vide sanitaire à cinq pieds, non seulement à l'intérieur mais aussi à l'extérieur de manière à créer un grand espace dans la cour arrière et deux margelles en façade.

D'abaisser ainsi le niveau du terrain leur a permis d'ajouter de nombreuses ouvertures, fenêtres et portes-fenêtres, afin de profiter pleinement de cette nouvelle lumière. L'architecte a aussi imaginé le salon à l'arrière du rez-de-chaussée, en palier, entre la cuisine et le sous-sol. Il a doté cette pièce de deux immenses portes-fenêtres donnant sur le jardin. Toute cette lumière pénètre facilement au sous-sol grâce à un escalier d'allure contemporaine aux marches ajourées. À noter que ce sont les vieilles solives - d'abord destinées à la poubelle - qui servent maintenant de marches.

À l'avant, les fenêtres ont également été agrandies. Celle de la chambre du garçon, de 3 pieds sur 4, donne sur, ou plutôt sous, la rue. Comme le mur est très épais, on se retrouve avec des fenêtres à l'ancienne, profondes de deux pieds. Elles sont tapissées de petits carreaux de céramique blanche.

La fillette dort dans la chambre arrière qui bénéficie d'une grande porte-fenêtre qui ouvre sur le jardin. Les propriétaires se sont servis des pierres des fondations pour la volée de marches qui grimpe vers le niveau de la ruelle et comme mur de séparation d'avec le voisin. Ces pierres en calcaire donnent un accent campagnard à l'îlot de verdure.

Catherine Tremblay a dessiné tous les meubles et les a dotés de roulettes, «pour donner l'impression qu'on peut les changer de place». Avec environ 1000 pieds carrés par étage, le couple a choisi des couleurs pâles, du bois clair et du verre poli. Une combinaison qui prend toute sa valeur au sous-sol. Le plancher de bambou naturel verni fait respirer tout l'étage. Au plafond, les solives apparentes donnent l'illusion d'un peu plus de hauteur. Elles sont peintes en blanc. Les portes des chambres et de la salle de bains sont en verre poli.

En plus de laisser pénétrer la lumière naturelle, le couple a soigné l'éclairage. Au lieu de se contenter de quelques petites lampes dans les coins, il a opté pour une rampe d'éclairage. Au-dessus de la longue table de travail, elle éclaire aussi la pierre bleutée des fondations.

Jouer avec les imprévus

En creusant, on trouve des surprises comme de la tuyauterie dans une pièce ou un coude de drain un peu trop visible. Dans une chambre, les conduits découverts tout le long du mur ont été cachés par une boîte de gypse sur laquelle on a déposé une tablette en bois. L'endroit sert à ranger livres et jouets.

La clarté engendrée par les ouvertures du salon balaie le parquet, illuminant ainsi le sous-sol grâce à un escalier métal et bois dont les marches sont ajourées.

François Lespérance aurait souhaité creuser plus profondément. «J'aurais voulu avoir une hauteur de huit pieds au lieu de sept. Mais le roc était trop dur. On a laissé les solives apparentes: on a l'impression que le plafond est plus haut», indique M. Lespérance.

De l'imprévu, il y en a eu aussi dans l'espace salle de bains. On avait creusé un peu plus bas que le drain d'évacuation des eaux vers la rue. Il a donc fallu surélever la cuvette sur un podium en céramique afin de ne pas toucher au tuyau. Par contre, pour la douche et le lavabo, on n'a pas eu le choix, il a fallu installer une pompe.

Certaines découvertes inattendues se masquent rapidement mais il en est d'autres qu'on expose à la curiosité. En creusant, les propriétaires sont tombés sur de petits flacons en verre et des bouteilles en grès made in England. Était-ce une ancienne cave d'apothicaire? Toujours est-il que les trouvailles ont pris place sur une étagère qui court le long de l'escalier de devant. Sur les vieilles pierres, c'est du plus bel effet.

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