C'est la Corporation des entreprises de traitement de l'air et du froid (CETAF) qui a formulé cette proposition en mai dernier, lors des audiences de la Régie de l'énergie du Québec visant à évaluer la pertinence de la centrale au gaz du Suroît. La CETAF regroupe environ 80 % des entrepreneurs et fournisseurs d'équipements en climatisation, ventilation et chauffage de la province.

C'est la Corporation des entreprises de traitement de l'air et du froid (CETAF) qui a formulé cette proposition en mai dernier, lors des audiences de la Régie de l'énergie du Québec visant à évaluer la pertinence de la centrale au gaz du Suroît. La CETAF regroupe environ 80 % des entrepreneurs et fournisseurs d'équipements en climatisation, ventilation et chauffage de la province.

«La technologie de la thermopompe géothermique est bien établie avec plus de 700 000 unités installées dans le monde. Son utilisation dans les secteurs résidentiels, institutionnels, commerciaux et industriels est devenue, au plan international, un outil d'économies financières et énergétiques tout en limitant la production des gaz à effets de serre. Son utilisation a donc dépassé le stade de la recherche dans tous les secteurs», peut-on lire dans le mémoire de l'organisme.

D'après la CETAF, Hydro-Québec doit contribuer à l'implantation de cette technologie qui permet de puiser dans le sol une part de l'énergie requise pour nous chauffer et nous climatiser. Ressources naturelles Canada estime que, là où les conditions s'y prêtent bien, le chauffage d'un bâtiment doté d'un système à énergie du sol coûte trois fois moins qu'un mode de chauffage par plinthes électriques ou à l'aide du seul générateur électrique à air pulsé.

Payer pour économiser

Ayant compris cela, Hydro-Manitoba aurait entrepris d'accorder des prêts à 6,6 % d'intérêt, jusqu'à un maximum de 15 000 $, à ses usagers qui optent pour la géothermie en tenant compte du fait qu'ils doivent débourser au moins10 000 $ de plus, selon Bruno Hébert, pour relier leur système de chauffage à ces installations.

Ces prêts ne figureraient pas aux bilans bancaires individuels et seraient mensuellement remboursés à Hydro-Québec à même les économies réalisées: si on consomme un kilowatt d'hydro-électricité pour faire fonctionner une installation géothermique, on en tire par contre trois gratuitement du sol. Tous en disposant à demeure d'installations plus vertes, nous contribuerions à endiguer la nécessité de construire de nouveaux barrages et des lignes d'alimentation à haute tension pour satisfaire nos besoins. Voilà en gros pour la théorie. Il appartient maintenant à Hydro-Québec de jongler avec cette proposition et d'en évaluer la teneur.

Agent de transfert technologique au Centre de technologie de l'énergie de Ressources naturelles Canada, Marius Lavoie estime que la géothermie est maintenant au point de maturité et observe que le Québec travaille en ce moment à contresens. «Ailleurs dans le monde, on cherche de plus en plus à disposer de centres de production d'énergie à proximité des grandes villes alors que nous songeons à les installer de plus en plus loin malgré les risques de bris dans les lignes de transport.» Si nous payons encore peu pour notre kilowatt d'électricité en fonctionnant avec de vieilles centrales dont les coûts sont relativement amortis, nos grilles tarifaires devraient faire des bonds lorsque s'imposera la nécessité d'en édifier de nouvelles. Ceux qui auront été prévoyants en investissant dans leur propre installation géothermique seraient donc moins vulnérables aux augmentations.

Si tel est leur intérêt, n'appartient-il pas aux consommateurs d'agir sans qu'Hydro-Québec assume le rôle de bailleurs de fonds? Ces technologies étant peu familières aux institutions financières, ces dernières seraient encore trop frileuses, selon Bruno Hébert. Un signal en provenance d'Hydro-Québec contribuerait à les réchauffer.