Les maisons présentées visent l'acheteur friand de design actuel, de larges fenêtres, d'espaces ouverts et de beaux matériaux, souvent écolo. Bref, des modèles qui enterrent à jamais les (vieux) clichés de maisons mobiles et de petits bungalows.

Les maisons présentées visent l'acheteur friand de design actuel, de larges fenêtres, d'espaces ouverts et de beaux matériaux, souvent écolo. Bref, des modèles qui enterrent à jamais les (vieux) clichés de maisons mobiles et de petits bungalows.

Superbe, ce modèle usiné a été dessiné par le bureau new-yorkais. (Resolution: 4 Architecture

C'est d'ailleurs pour démontrer qu'il pouvait réaliser tous les modèles, même une maison au style dépouillé, que le fabricant Les industries Bonneville érigera la Poitras Casa au Salon maison et tendances, qui se tiendra à la Place Bonaventure, dès mercredi. Cette maison usinée a été conçue par Jean-Claude Poitras, un designer de mode bien connu qui s'avère très polyvalent. «Le design, j'en mange», s'amuse-t-il d'ailleurs à écrire sur des assiettes. Après les vêtements, les cuisines et les accessoires pour la table, le créateur de 56 ans réalise un vieux rêve.

L'an dernier, au même Salon, il avait dévoilé la maquette d'une résidence qu'il avait imaginée il y a quelques années. Le designer et son collègue Marcel Dénommé ont alors découvert que la maquette suscitait beaucoup d'intérêt. «Plusieurs personnes veulent autre chose que des manoirs à tourelles», dit Jean-Claude Poitras. Constat: l'image de la maison usinée demande à être renouvelée.

Cette Poitras Casa de Bonneville est signée Jean-Claude Poitras. (Photo: Industries Bonneville

Les dirigeants de l'événement ont donc mis le designer en relation avec Dany Bonneville des Industries Bonneville. La chimie a opéré. Le modèle de la Poitras Casa, offerte en cinq versions, sera proposé à partir de 225 000$, excluant les fondations et la décoration intérieure.

«Nous croyons qu'il existe un marché dans le milieu de la maison usinée pour ceux qui sont friands d'architecture. Ça va faire fureur!» pressent Dany Bonneville, vice-président, ventes et marketing.

Des panneaux de fibro-ciment (qui imite la pierre) couvriront le bâtiment. Les murs seront isolés avec de la fibre de cellulose faite de bois recyclé non traité. Le toit sera végétalisé et une terrasse pourra y être aménagée. Au Salon, la Casa fera 48 pieds de largeur sur 56 pieds de profondeur. Sur un miniterrain urbain, la maison pourrait, dans ce cas, être transformée en cottage. «La flexibilité de cette maison m'enchante. Elle s'adapte aux besoins du client et peut tout aussi bien s'implanter en ville ou en banlieue. Je l'imagine également toute en bois sur le bord d'un lac ou d'une rivière, à la campagne», dit Jean-Claude Poitras. La contrainte de construction? «En raison du transport, j'ai dû respecter la largeur de 16 pieds des modules», admet-il.

Cette Casa aux lignes nettes est largement fenêtrée. Elle est composée d'un module consacré au cocooning, c'est-à-dire un espace comportant deux chambres et deux salles de bains. L'autre module dédié au hiving (ou cocooning actif) contient la cuisine, la salle à manger, le salon, un grand cellier vitré et une salle d'eau. Un garage et un bureau peuvent être aménagés dans l'entresol. Un corridor unit les deux modules et comprend le vestibule. Une terrasse arrière est accessible grâce à la porte-fenêtre de la chambre principale ou à celle du salon. En primeur, les luminaires Poitras fabriqués par Vertex seront dévoilés.

Totalement tendance

Aux États-Unis, la maison usinée est la tocade du moment. Allison Arieff, rédactrice en chef de Dwell, un magazine de San Francisco spécialisé en architecture résidentielle moderne, est l'une des instigatrices du mouvement. Son livre Prefab, présenté dans La Presse quelques jours avant son lancement, en septembre 2002, foisonne d'exemples de maisons usinées au style très contemporain.

Maison usinée Dwell. (Photo: Resolution:4 Architecture)

Une tendance est née. Dwell lance ensuite un concours d'architecture de maisons préfabriquées. La firme new-yorkaise Resolution: 4 Architecture remporte le premier prix. «Nous allons vendre cette maison dès l'automne», confie Allison Arieff, jointe à San Francisco. Dans la foulée, la rédactrice en chef prépare la sortie d'un deuxième ouvrage sur les maisons usinées.

De son côté, Joseph Tanney de Resolution: 4 Architecture assure que ses collègues explorent les possibilités d'exporter la Dwell Home en Europe et au Canada. Reconnu pour la conception de lofts haut de gamme, ce bureau d'architectes a créé, depuis le concours, plusieurs modèles de maisons préfabriquées. «La demande a littéralement explosé», confirme un des architectes de l'entreprise, Jérôme Engelking.

Reste à savoir si cet engouement contaminera le Canada. Le fabricant ontarien Royal Homes y croit. «Suffit d'offrir des maisons usinées au design moderne, à prix raisonnable et dessinées par de bons architectes», explique le directeur du bureau torontois, Lloyd Alter. Le fabricant propose d'ailleurs la maison usinée Glidehouse aux acheteurs de Gatineau et des environs de Montréal.

Maison usinée Glidehouse (Photo: Michelle Kaufmann Designs)

Épurée, efficace d'un point de vue énergétique, écologique et généreusement vitrée, cette résidence a été conçue par Michelle Kaufmann. Cette architecte, qui a déjà travaillé auprès de Frank O. Gehry, le célèbre concepteur du musée Guggenheim à Bilbao, avoue qu'il n'a pas été facile de convaincre les industriels. «Le plus difficile fut de leur démontrer qu'il y avait une demande pour ce genre de maisons usinées», admet Michelle Kaufmann.

La résidence Glidehouse coûte, selon la finition et les dimensions, entre 200 000$ et 300 000$. Ce prix inclut les fondations et l'installation.

Cette maison a obtenu un grand succès. Madame Kaufmann en a donc créé une autre: la Sunset Breezehouse. Cette grande maison usinée est une alternative aux McMansions, dit-elle. Mais il faudra attendre encore un peu avant de s'en offrir une. Royal Homes ne la propose pas encore aux adeptes d'architecture d'ici.