Tout juste de l'autre côté du pont Jacques-Cartier, traversé par une rue commerciale très fréquentée, et bordé par le fleuve Saint-Laurent, le secteur du Vieux-Longueuil a la cote chez les acheteurs. «C'est l'endroit le plus populaire sur la Rive-Sud de Montréal. La demande est très, très forte», affirme Michel Gilbert, courtier immobilier chez Century 21.

Tout juste de l'autre côté du pont Jacques-Cartier, traversé par une rue commerciale très fréquentée, et bordé par le fleuve Saint-Laurent, le secteur du Vieux-Longueuil a la cote chez les acheteurs. «C'est l'endroit le plus populaire sur la Rive-Sud de Montréal. La demande est très, très forte», affirme Michel Gilbert, courtier immobilier chez Century 21.

Les promoteurs tentent d'ailleurs d'en tirer parti. À l'heure actuelle, quatre projets sont en cours dans le Vieux-Longueuil: le Paul de Maricourt (24 appartements de luxe, au 495, rue Saint-Charles), le Château Lemoyne (70 appartements, au 72, rue Saint-Sylvestre) et les Moulins de la Seigneurie (projet en cours d'élaboration, à l'angle des rues Saint-Charles et Saint-Antoine) et le Saint-Antoine (11 appartements, au 410, chemin Chambly).

Pas de doute, croit M. Gilbert, le secteur peut absorber tous ces nouveaux appartements. «Les agents du quartier ont des listes d'acheteurs qui ne demandent qu'à venir habiter dans le Vieux-Longueuil, soutient-il. Dès qu'on voit quelque chose qui pourrait leur plaire, il faut les appeler rapidement, parce que ça part vite! Ce n'est pas rare de voir une maison se vendre en une semaine.»

En restaurant le parc Saint-Marc, au coeur du quartier, l'Association des gens d'affaires du Vieux-Longueuil y a ramené les familles.

Annette Laramée, résidante du Vieux-Longueuil depuis une quarantaine d'années, en sait quelque chose. Elle habite une imposante maison de briques rouges qui fait l'envie des passants. «Régulièrement, des personnes cognent à notre porte, et nous offrent d'acheter notre maison. Presque chaque semaine! Oui, on sent vraiment la demande», raconte-t-elle.

La ville en banlieue

«Le Vieux-Longueuil, c'est un mini Plateau Mont-Royal!» s'exclame Gisèle Massé, promotrice du projet Château Lemoyne. Avec son mari, Joachim Labbé, elle a exploité pendant 25 ans le bar L'Intime, une véritable institution sur la rue Saint-Charles. Las de leur boulot, et conscients de la valeur de leur terrain sur le marché immobilier, ils ont décidé d'y construire des appartements.

«C'est très in comme endroit. La rue Saint-Charles a rajeuni au cours des dernières années, constate Mme Massé. Il y a 25 ans, on voyait surtout des personnes d'un certain âge faire leurs achats ici. Aujourd'hui, ce sont des jeunes dans la vingtaine.»

Ils ne se contentent pas d'aller y acheter fruits et légumes: ils y achètent aussi les nouveaux appartements. La majorité des futurs locataires du Château Lemoyne ont entre 25 et 40 ans. «Ce sont de jeunes professionnels qui veulent vivre avec les avantages de la ville, sans en avoir les côtés négatifs, comme les problèmes d'espace, par exemple», affirme Joachim Labbé.

Les comparaisons avec les quartiers branchés de Montréal ne manquent d'ailleurs pas. «Moi, je trouve qu'à certains égards, ça ressemble à des coins de Westmount, avec les restaurants les uns à côté des autres», croit pour sa part Michel Zunenshine, président du groupe Belcourt, qui pilote la construction des Moulins de la Seigneurie. C'est surtout la vitalité du quartier qui l'a poussé à acheter un terrain.

Avec sa pâtisserie-chocolaterie, ses restaurants branchés et ses cafés-terrasses, le coeur du Vieux-Longueuil n'est donc pas un endroit où l'on passe rapidement avant de se réfugier dans sa maison de banlieue. À l'instar des rues commerçantes de Montréal, il est devenu un endroit pour flâner.

Le quartier a cependant connu des jours moins heureux. «Dans les années 80, la rue Saint-Charles était carrément en train de mourir, affirme Michel Pratt, président de la Société historique du Marigot. Il n'y avait plus rien qui marchait, et les commerces qui étaient là n'attiraient pas grand monde. Heureusement, la Ville et les commerçants l'ont améliorée. Les restos se sont installés et les passants sont revenus.»

L'Association des gens d'affaires du Vieux-Longueuil, présidée par Michel Gilbert, a notamment mis la main à la pâte en participant à la revitalisation du parc Saint-Marc. L'espace vert qui donne sur la rue Saint-Charles est aujourd'hui doté d'un immense kiosque où des musiciens jouent régulièrement, égayant du même coup l'atmosphère du quartier.

Des maisons protégées

Même pendant la période plus sombre de son artère principale, le Vieux-Longueuil a tout de même séduit les acheteurs de maison. «C'est sûr que depuis 10 ans, la demande est forte, mais les belles maisons du secteur se sont toujours bien vendues», explique Michel Gilbert.

Grandes maisons d'inspiration victorienne ou urbaine, briques rouges et lattes de bois, plusieurs résidences du quartier sont plus que centenaires. La majorité des propriétaires en prennent d'ailleurs un soin jaloux.

La Ville a tout de même décidé d'encadrer l'entretien de cet héritage patrimonial. «Dans le Vieux-Longueuil, 440 maisons sont assujetties à un règlement municipal qui protège les anciennes constructions. On ne peut pas faire la moindre modification à l'extérieur de ces bâtiments sans avoir l'accord d'un comité spécial», explique Michel Pratt. La Société d'histoire du Marigot a d'ailleurs répertorié chacune de ces maisons sur son site Internet (www.marigot.ca).

Les nouvelles constructions n'ont pas à se plier à ces règles strictes, mais chacun des promoteurs a fait l'effort d'harmoniser son projet au style du secteur. Après tout, s'ils courtisent surtout les citadins qui rêvent d'espaces verts, ils s'adressent à une clientèle qui s'intéresse aussi à la valeur patrimoniale du quartier.