Depuis quelques années déjà chez nos voisins, la maison modulaire se réinvente et est devenue source des plus belles créations. Elle s'affiche sans gêne désormais, sous l'inspiration des architectes les plus imaginatifs. Elle en arrive même à symboliser le style de vie jeune et branché. Tout ça, bien loin de l'ennuyante «roulotte de chantier», qui vient encore trop souvent en tête des consommateurs lorsqu'il est question de ce type d'habitation.

Depuis quelques années déjà chez nos voisins, la maison modulaire se réinvente et est devenue source des plus belles créations. Elle s'affiche sans gêne désormais, sous l'inspiration des architectes les plus imaginatifs. Elle en arrive même à symboliser le style de vie jeune et branché. Tout ça, bien loin de l'ennuyante «roulotte de chantier», qui vient encore trop souvent en tête des consommateurs lorsqu'il est question de ce type d'habitation.

Preuve de toute cette passion modulaire, il faut noter l'aventure entreprise par le magazine d'architecture californien Dwell, il y a environ deux ans. S'interrogeant sur ce qui pourrait résulter d'un remue-méninges avec les créateurs sur le terrain, les éditeurs ont lancé le concours de la maison Dwell (www.thedwellhouse.com).

Résultats? La présentation de plus d'une quinzaine de projets qui allaient aboutir à la construction en Caroline du Nord du concept gagnant de la firme new-yorkaise Resolution : 4 Architecture. Leurs plans de la série Modern Modular se voulaient une façon de profiter de l'expertise de la préfabrication en usine pour obtenir des habitations en série, mais personnalisables, le tout à bon prix.

Un exercice novateur qui n'est pas passé inaperçu pour l'architecte de Québec Jonathan Bisson. Une façon de repenser le préfabriqué qui prend tout son sens, croit-il. «Ça a de l'avenir!» Un type de construction qui répond notamment aux attentes de la génération des nouvelles technologies et aux amoureux de design, observe-t-il.

À son grand dam, il fait remarquer que l'enthousiasme américain n'est cependant pas encore très marqué ici. «Ce n'est pas une tendance très forte.» N'empêche, l'exercice se poursuit néanmoins chez quelques créateurs. «C'est l'outil des architectes pour faire passer des idées», raconte M. Bisson. Comme l'ont imaginé les gens de Resolution : 4 Architecture, il a bon espoir de voir émerger de tout ça de nouveaux moyens de produire des habitations stimulantes, qui profiteront de l'expertise accumulée par les entrepreneurs en préfabriqué.

«Malheureusement, il va encore falloir attendre», lance le jeune spécialiste de chez Bisson et Associés qui explique que, tant que la masse critique ne sera pas atteinte, l'économie espérée (et l'engouement qui va avec elle) restera difficile à concrétiser. M. Bisson demeure tout de même optimiste pour l'avenir du «nouveau préfab». «Il s'agit d'une tendance qui bouge sur une longue période.» Quoi qu'il en soit, la maison du futur est peut-être là, résume-t-il. Ce dernier s'impatiente déjà de voir cette habitation «moderne, à prix intelligent», prendre sa place.

Croissance

Chose certaine, la fabrication de maisons préfabriquées en tout genre gagne du terrain. D'après les relevés de l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ), le nombre grimperait rapidement. «Un phénomène qui n'existe pas juste ici, mais partout au Canada», précise Gilbert Poirier, directeur des projets spéciaux et enregistrements à la division des garanties de l'APCHQ.

Et pour cause, ce type de construction en «modules» serait gage de qualité et de productivité accrue. Comme le souligne M. Poirier, les techniques ont bien changé depuis l'époque où les maisons étaient transportées par camion en seulement deux grosses pièces. «Aujourd'hui, on peut construire selon les plans des consommateurs. Avant, il fallait se contenter des modèles dans le catalogue!»

Une liberté de choix de nos jours accessible, mais qui ne contente pas pour autant l'architecte Suzanne Bergeron, de la firme Amiot et Bergeron à Québec. Effectivement, la maison préfabriquée a pris une place de choix et est désormais bien connue sous toutes sortes de styles, note-t-elle. «Mais ce n'est pas moderne du tout», déplore la femme qui compte plus de 25 ans derrière la table à dessins.

Quant à ce vent nouveau qui souffle du sud, elle s'y dit favorable et trouve très intéressante l'idée de pousser plus loin le travail des créateurs et des entrepreneurs en usine.

Rapidité et qualité dans la confection sont autant de qualités qui font dire à Mme Bergeron que la préfabrication n'a pas de raison de ne pas être populaire. Il semble qu'il ne reste plus qu'à «jazzer» quelque peu le domaine pour voir apparaître de petits chefs-d'oeuvre.

«Malheureusement, la modernité traîne de la patte», insiste l'architecte. Car, présentement, c'est le style anglais qui domine. Bien souvent, ce style ne correspond pas nécessairement au lieu d'implantation, ni au style de vie des propriétaires, juge Mme Bergeron. Elle explique cependant cette situation par les contraintes actuelles de construction. «Le préfabriqué (comme on le connaît au Québec) se prête bien au style Nouvelle-Angleterre.»

Maisons Lego

Architecture allongée, forme rectangulaire, pièces ouvertes et lumineuses, utilisation à profusion de bois, d'acier et de pierre, fenestration judicieusement utilisée, toits plats : voilà en un clin d'oeil les caractéristiques qui décrivent bien les résidences modernes et modulaires qui font tant jaser. Elles sont à des kilomètres de la maison préfabriquée traditionnelle, mais elles lui empruntent en partie sa conception et son installation à la «blocs Lego». Resolution : 4 Architecture a ainsi poussé l'idée pour permettre plus de 35 configurations totalement différentes, à partir de son ingénieux module de base.

Chez Royal Homes Ltd., en Ontario, l'intérêt a été suffisamment grand pour que le fabricant ajoute à sa liste de modèles préfabriqués la série Royal Q. Imaginés par la firme d'architectes Kohn Shnier, les modules résidentiels (qui peuvent s'installer sur pilotis) sont actuellement en vente en Ontario et au Michigan.

Le côté abordable du projet était là aussi un critère de premier ordre, autant pour l'achat que pour l'entretien et l'utilisation de la demeure. Un logis en série, mais qui laisse toute la place au design et à la personnalisation. Et pour ceux qui en voudraient encore un peu plus, le constructeur rend également accessible le modèle éco-énergétique «Glidehouse», imaginé par la réputée designer californienne, Michelle Kaufmann. Une maison modulaire tout ce qu'il y a de plus moderne, complètement équipée pour 325 000 $.

De retour d'un récent passage en Europe, Laurier Dechêne, président et fondateur de Modulex, une entreprise spécialisée depuis 40 ans dans la confection de maisons pré-usinées, est lui aussi à même de constater l'intérêt pour le design en «boîtes». Là-bas également, l'idée plaît. Rien de totalement nouveau cependant, alors que l'entrepreneur québécois voyait déjà ce genre de concept en Californie dans le passé. «Mais il y a définitivement une tendance. Sauf qu'ici, il n'en mouille pas!»

Peut-on s'attendre néanmoins à voir bientôt de nouvelles créations, qui respectent cet esprit, dans le catalogue de Modulex? S'il ne se prépare pas à les proposer directement, M. Dechêne assure qu'il est possible pour son équipe, qui compte plus de 25 000 résidences complétées sous le marteau, de faire n'importe quoi. Du sur mesure, selon la demande et les plans du client. La technique en pièces composantes serait suffisamment versatile. Architectes et amoureux du design, le message est lancé!

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> www.re4a.com

> www.modulex-international.com

> www.royalhomes.com