«Nous plaidons le développement résidentiel et pourtant nous pelons les lots lors de la construction. Nous supprimons inconsidérément des arbres, nous en plantons de nouveaux et nous attendons 20 ans qu'ils soient matures. À ce moment hélas! on vend sa propriété», dit Benoît Jobidon du service des communications de la Ville.

«Nous plaidons le développement résidentiel et pourtant nous pelons les lots lors de la construction. Nous supprimons inconsidérément des arbres, nous en plantons de nouveaux et nous attendons 20 ans qu'ils soient matures. À ce moment hélas! on vend sa propriété», dit Benoît Jobidon du service des communications de la Ville.

Vingt ans durant lesquels, sans les arbres, la chaleur d'été nous aura accablés. Vingt ans encore à se climatiser davantage. Vingt ans ou presque à n'avoir pas profité de leur ombrage.

Sans compter que la collectivité aura été privée de grands capteurs de gaz carbonique la nuit, de grands producteurs d'oxygène le jour, d'extraordinaires filtres à poussière et à polluants.

Machinerie lourde

Jean Lamontagne est consultant en arboriculture, professeur en la matière au centre de formation professionnelle Le Fierbourg de la Commission scolaire des Premières Seigneuries. Il trouve que les entreprises de construction en général exagèrent. Leur machinerie lourde en prend plus large qu'elle ne devrait.

Elle abîme les arbres, assiège les troncs de terre et les étouffe, charcute leur système racinaire, écrasent en surface leurs racines nourricières.

«Car, pour un opérateur de machinerie, un arbre est une nuisance», dénonce-t-il.

Or l'opuscule Le développement domiciliaire en milieu boisé - Intervenir autrement pour mieux réussir dont M. Jobidon est l'auteur et la Ville de Québec l'éditeur montre le chemin afin que tout cela cesse.

D'autant que lorsqu'on s'emploie à protéger des arbres, on ne le fait pas toujours bien. La préservation est alors cosmétique. Deux ans après, on voit leur faîte se dessécher et alors s'amorce une longue agonie.

Le propriétaire

En revanche, il faut que le futur propriétaire s'occupe aussi de son affaire non seulement pour éviter le passage de la machinerie lourde près des arbres qu'il est matériellement possible de préserver, mais encore pour faire en sorte de déposer ailleurs les matériaux et les sols d'excavation. Là où sera élevé le cabanon ou l'entrée de garage, par exemple.

«Idéalement, il faut aussi prévoir l'enfouissement des fils sous la rue pour éviter un déboisement additionnel», peut-on lire dans l'ouvrage.

Puis, on se gardera d'élever ou d'abaisser le niveau du sol de plus de 20 cm. Autrement, il faudra mettre en place des puits d'aération, un talus ou des murs de soutènement pour leur survie.

Il faut savoir aussi que les arbres «survivants» sont stressés puisque privés de leur environnement végétal habituel.

Aussi, après le chantier, pour leur faciliter la vie, on les élaguera avec calcul, on les fertilisera, on leur administrera même quelque médicament. Plus tard, on enlèvera les branches desséchées, lesquelles correspondent aux parties racinaires tranchées ou ruinées

Priorité

«L'entrepreneur et ses employés doivent toujours garder en tête que la conservation d'un arbre est une priorité pour le promoteur et le futur propriétaire», allègue-t-on dans l'ouvrage.

Tout en soutenant que, malgré les dépenses immédiates qu'il faut encourir, cela donne lieu à des économies d'argent et de temps pour l'obtention d'un environnement de qualité, une source de nourriture pour les oiseaux et petits mammifères, un lieu de détente à nul autre pareil.

Avant tout, plaide M. Jobidon, le mal qu'on se donne au départ donne lieu à une «récupération immédiate du capital nature» au lieu de le détruire pour s'en «construire» patiemment un autre.

On peut obtenir un exemplaire de Développement domiciliaire en milieu boisé au Service de l'environnement de la Ville de Québec, soit au 1595, rue Monseigneur-Plessis près du centre commercial Fleur-de-Lys.

À moins de se le procurer par téléchargement à l'adresse Internet www.ville.quebec.qc.ca (module Affaires, section Lotissement résidentiel, onglet Construction en milieu boisé).