Le promoteur, Mont-Orford inc., ne pourra aller de l'avant avec son projet initial, qui prévoyait la construction de 1400 appartements et d'une académie de golf aux abords de son centre de ski situé dans le parc national. Cette proposition avait été rejetée en mars par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) parce que, selon l'organisme, elle porterait atteinte à l'intégrité écologique du parc national du Mont-Orford.

Le promoteur, Mont-Orford inc., ne pourra aller de l'avant avec son projet initial, qui prévoyait la construction de 1400 appartements et d'une académie de golf aux abords de son centre de ski situé dans le parc national. Cette proposition avait été rejetée en mars par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) parce que, selon l'organisme, elle porterait atteinte à l'intégrité écologique du parc national du Mont-Orford.

Le gouvernement Charest n'accepte pas plus le projet tel que présenté au départ. Mais le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Thomas Mulcair, annoncera en août les conditions que le gouvernement impose au promoteur pour que son projet de construction soit acceptable. Ces conditions s'inspirent des recommandations du BAPE.

Néanmoins, le promoteur pourra construire des condos sur une partie- moins grande que prévu- du parc national actuel. Québec est donc prêt à céder une partie d'une aire protégée au secteur privé, une première.

Selon ce qu'a appris La Presse de sources proches du dossier, des échanges entre le gouvernement Charest et Mont-Orford inc. ont mené à l'élaboration d'un tout nouveau projet, de moindre envergure, qui serait dévoilé à la suite de l'annonce du ministre Mulcair.

Le promoteur construirait 1000 condos et abandonnerait le projet de bâtir à l'intérieur de l'aire protégée une académie de golf, qui devait s'ajouter au terrain existant. La majeure partie des 1000 appartements seraient construits hors des limites du parc, donc à l'extérieur de l'aire protégée.

Cependant, des immeubles s'élèveraient bel et à bien à l'intérieur de cette aire d'une superficie totale de 58,4 km². Le gouvernement Charest permettrait donc à Mont-Orford inc. de mettre en oeuvre une partie de son projet de construction dans le parc national. Les sites sélectionnés entraîneraient tout de même les impacts les moins importants sur l'intégrité écologique du parc, a indiqué une source à La Presse.

Des zones convoitées par le promoteur seront, au contraire, totalement protégées. Il s'agit notamment des abords du ruisseau Castle. Une bande de protection autour de ce cours d'eau serait constituée comme prévu, mais elle serait élargie au-delà de 25 mètres. Des forêts exceptionnelles- notamment de chênes rouges- qui ont été identifiées par le BAPE seraient également préservées.

Les nouvelles places de stationnement envisagées se trouveraient en majeure partie à l'extérieur du parc national. Un service de navette serait créé pour faciliter le transport des visiteurs. De plus, Mont-Orford inc. serait tenu de respecter une altitude déterminée par le gouvernement pour construire ses installations afin d'éviter que le mont ne soit trop investi.

L'échange de terrains prévu au départ entre le promoteur et l'État serait revu car il n'était pas acceptable aux yeux du BAPE qui, dans son rapport, n'est pas réfractaire à tout projet de construction. Chose certaine, l'aire protégée gagnera en superficie même si une partie est cédée à Mont-Orford inc.

Avare de commentaires, le ministre Thomas Mulcair a affirmé que " tout le monde va mettre un peu d'eau dans son vin ", aussi bien le promoteur et le milieu des affaires que les environnementalistes. Il a d'ailleurs créé un comité de concertation régionale dès que le rapport du BAPE a été rendu public. Les échanges avec les groupes concernés se multiplieront au cours des prochaines semaines.

Lors d'une conférence de presse qui, ironiquement, portait sur la création de 18 aires protégées et l'agrandissement de quatre autres, M. Mulcair s'est contenté de dire que la solution retenue " va nous permettre d'avoir une meilleure protection des écosystèmes tout en permettant un certain développement et la création d'emplois dans une région qui a été rudement malmenée côté économique dernièrement ". Aucune décision officielle n'a encore été prise, a-t-il assuré.

Le ministre a noté que la situation du mont Orford est exceptionnelle puisque le centre de ski se trouve à l'intérieur du parc national et de l'aire protégée. " Le BAPE nous invite à composer avec cette réalité-là et à réaliser que le développement durable, cela peut être du développement, mais qu'il faut respecter davantage " certaines conditions, a-t-il ajouté.

Les recommandations du BAPE seront, selon lui, respectées. D'après la lecture du rapport qui est faite par le gouvernement, des condos peuvent très bien être construits à l'intérieur du parc à condition que certaines zones soient évitées et protégées.

Mont-Orford inc. justifie son projet par la nécessité de retrouver la rentabilité. La station touristique, qui comprend un centre de ski et un club de golf, connaît des difficultés financières. Les environnementalistes demandent quant à eux l'abandon pur et simple du projet.