Cette scène aurait pu se dérouler dans une résidence secondaire du début du siècle avec majordome et soubrette. Mais tous ces services VIP seront bientôt offerts aux propriétaires du premier Club de résidences privées d'Intrawest, au Québec. Érigées sous la marque Storied Places, 11 copropriétés indivises seront complétées en juillet. Un personnel attentionné, dont un concierge en résidence, leur sera dévoué.

Cette scène aurait pu se dérouler dans une résidence secondaire du début du siècle avec majordome et soubrette. Mais tous ces services VIP seront bientôt offerts aux propriétaires du premier Club de résidences privées d'Intrawest, au Québec. Érigées sous la marque Storied Places, 11 copropriétés indivises seront complétées en juillet. Un personnel attentionné, dont un concierge en résidence, leur sera dévoué.

Les copropriétaires de Tremblant pourront aussi multiplier les pied-à-terre grâce au programme Trading Stories. Ils peuvent passer quelques jours à Whistler, en Colombie-Britannique, ou à Lake Tahoe, en Californie. Intrawest aménagera un nouveau site Storied Places en Floride et compte en construire un à Lake Las Vegas, au Nevada, et à Mammoth, en Californie. Sans compter les multiples partenaires, comme les résidences du Club Snowmass à Aspen, au Colorado.

Cette villégiature de luxe est comparable à celle de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, fait remarquer Gérard Beaudet, directeur de l'Institut d'urbanisme de l'Université de Montréal. À l'époque, les riches Américains et Ontariens venaient passer leurs vacances à Charlevoix, North Hatley, Métis ou au lac Memphrémagog et les cultivateurs du coin assumaient une partie de la domesticité. «Lorsque les villégiateurs arrivaient en compagnie de leurs propres domestiques, leur résidence secondaire était prête!» dit-il.

Ce qui a changé aujourd'hui? Les moyens de communication actuels permettent aux personnes fortunées d'être très mobiles et de diversifier leurs expériences de vacances dans des environnements culturels et climatiques contrastés.

Le bourgeois jet-set multiplie donc les lieux de séjour. Il passe d'un appartement au centre-ville de Paris à la montagne à Tremblant. Tout est permis.

Ces propriétaires à multiples «résidences» ne sont pas nouveaux. «Au XIXe siècle, la gentry britannique avait les moyens de posséder une résidence à Londres, une autre à la campagne et une troisième sur la Côte d'Azur parce que les coûts d'accès à la propriété et du personnel domestique étaient moins élevés», ajoute M. Beaudet.

Mais grâce à de nouvelles formules, comme celle des clubs de résidences privées, les copropriétaires n'ont plus à supporter le plein prix de chacun des lieux de villégiature. Ainsi, à Tremblant, 10 copropriétaires se partagent une maison Storied Places de plus de 3000 pieds carrés. C'est la propriété fractionnée. L'acheteur d'un chapitre reçoit un titre de propriété qui équivaut au dixième de la maison. Le prix? 246 000$. Une mise de fonds de 25% est exigée. Ce titre peut être revendu comme n'importe quel autre titre immobilier. Sans compter que les propriétaires sont protégés contre les faillites des autres.

À Tremblant, «une quarantaine de chapitres ont été vendus jusqu'à maintenant», selon Nadine Campbell, coordinatrice du marketing pour Immobilier Playground, une division d'Intrawest. Environ 70% des acheteurs sont québécois. Les autres proviennent de l'Ontario et des États-Unis. Dans la première phase, prévue pour juillet, trois édifices seront construits. Deux seront composés de quatre maisons. L'autre contiendra trois maisons et un lodge des propriétaires (doté d'une piscine extérieure avec bordure à l'infini, donnant sur le lac Tremblant).

Total: l'ensemble comptera 110 copropriétaires. Ils pourront passer quatre semaines dans leur nid de luxe. Ils ont droit à deux semaines en été et en hiver, par année. Pendant les périodes de grande affluence, ces deux semaines allouées ne doivent pas se suivre. Un calendrier a été mis au point pour les acheteurs. S'ils désirent échanger une semaine dans un autre Storied Places, les propriétaires doivent payer 30$ US par nuitée. Surtout, aucune location n'est permise.

Contrairement aux propriétaires uniques, ceux qui investissent dans ce type de propriété profitent de leur résidence sans se soucier de l'entretien et du train-train quotidiens. Pas de tondeuse ni de ménage.

Mais l'absence de soucis a un prix. Les frais d'association annuels frisent les 9600$. Ils comprennent, entre autres, les salaires des employés, l'entretien, les rénovations, les assurances, l'impôt foncier, Internet et même une navette.

Ces pied-à-terre pour villégiateurs argentés sont entièrement meublés et câblés. L'aménagement intérieur est dans l'ère du temps : plan de travail en granit, électroménagers couverts d'inox et machine à café Miele encastrée. Chaque maison compte quatre chambres, un foyer, ainsi qu'une véranda.

Les domestiques du XXIe siècle

Grâce à une centrale téléphonique, les concierges en résidence et leur personnel préparent le séjour des propriétaires. Deux semaines avant leur arrivée, ils les contactent et tentent de décoder leurs besoins. Ainsi, ils se souviendront que leur poupon a besoin d'une chaise haute. Ils peuvent aussi les accueillir à l'aéroport ou leur réserver une séance avec un entraîneur de ski. Peu importe la résidence dans laquelle les propriétaires atterrissent (toutes les maisons Storied Places Tremblant sont identiques), leurs objets personnels, conservés dans un casier, seront disposés aux bons endroits.

La villégiature aux yeux des évaluateurs

«Il est difficile de tenir compte de la valeur des services rattachés à une propriété», fait remarquer Michel Colgan, président de l'Association du Québec de l'Institut canadien des évaluateurs. Certains copropriétaires peuvent parfois abandonner certains services, a déjà observé le spécialiste. Dans le cas des résidences de Tremblant, les services seront maintenus en raison d'un contrat de 25 ans avec Intrawest.

Ce type de propriété est-il un bon placement? «Outre la valeur incertaine rattachée aux services, le secteur de Tremblant et la réputation d'Intrawest sont des atouts de grande valeur», croit M. Colgan. Mais la nouveauté en immobilier est toujours difficile à évaluer.

Enfin, le financement d'une telle propriété peut être difficile à obtenir, souligne Pierre Champagne, avocat spécialisé en droit de la copropriété chez De Granpré Joli-Coeur.

La copropriété indivise est moins attrayante aux yeux des institutions financières. Pourquoi? Parce que l'institution n'a qu'un intérêt minoritaire dans la propriété. «Et la revente n'est pas facile», ajoute Sylvie Brunelle, directrice régionale du financement hypothécaire à la BMO.

«C'est une transaction moins courante, admet Nadine Campbell, mais nous avons des relations privilégiées avec certaines institutions.»